La nécessité ou pas d’une antibioprohylaxie pré-implantaire est une question récurrente dans la littérature médicale avec des résultats pas toujours concordants. D’où l’intérêt de générer des données plus solides que celles publiées à ce jour. C’est l’objet de cette revue systématique de la littérature et de cette méta-analyse dont l’objectif principal est de déterminer l’efficacité d’une telle antibioprophylaxie et, le cas échéant, le protocole le plus adapté, dans le cadre de la mise en place d’implants dentaires chez le patient sain, c’est-à-dire immunocompétent.
La recherche électronique couplée à une recherche manuelle n’a intéressé que les études contrôlées et randomisées en utilisant une méthodologie Cochrane. Le critère d’évaluation principal était la survenue (ou non) d’une infection postopératoire précoce ou tardive. Les critères secondaires étaient la survenue d’une déhiscence cicatricielle, d’une douleur ou d’évènements indésirables postopératoires. La revue systématique a été menée selon les recommandations PRISMA (Preferred Reporting Items for Systematic Reviews and Meta-Analyses). 1 737 articles ont été sélectionnés en première intention et, une fois les duplicatas éliminés, les résumés de 1 022 ont été lus. 22 articles ont été retenus selon les critères d’éligibilité appliqués. Après lecture complète, 10 articles remplissant complètement tous ces critères ont été sélectionnés pour la méta-analyse. Ces 10 études incluaient au total 1 934 patients.
Aucune différence significative n’a été trouvée sur le critère principal (la survenue d’une infection postopératoire) que ce soit à court terme (1 à 2 semaines postopératoires) ou à plus long terme (3 à 4 mois postopératoires) chez les patients chez qui avait été prescrite une antibioprophylaxie comparés aux patients sans antibioprophylaxie. Les auteurs ont même comparé différents protocoles antibiotiques (préopératoire exclusivement, pré- et postopératoire, postopératoire exclusivement et même le recours à un placebo) entre eux et versus l’absence d’antibioprophylaxie sans mettre en évidence de différence statistiquement significative. Ces mêmes analyses inter-groupes et intra-sous-groupes ont été menées sur les critères secondaires, sans, là non plus, trouver de différence significative. Les auteurs en concluent donc qu’une antibioprophylaxie chez le sujet immunocompétent n’est pas recommandée lors de la mise en place d’implants dentaires.
Commentaire
Cette revue systématique de la littérature couplée à une méta-analyse est rigoureusement construite et ses conclusions méritent bien entendu d’être prises en compte. Ces données prennent d’autant plus de consistance dans le concert international de la lutte contre l’antibiorésistance. Cependant, il est à remarquer qu’aucun critère relatif à la mise en place chirurgicale des implants n’a été retenu. Il serait probablement intéressant de faire ce type d’analyse en tenant compte d’une mise en place immédiatement après une avulsion dentaire ou d’une mise en fonction immédiate ou encore du type d’os concerné. Cela permettrait peut-être de dégager des sous-groupes de patients plus pertinents chez lesquels une antibioprophylaxie dans ce cadre serait efficiente.
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