Implants et prothèse amovible partielle : un mariage de raison ?

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  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire
Information dentaire
Cette séance avait pour objectif de définir les indications et les différentes étapes de conception et de réalisation d’une prothèse amovible partielle stabilisée.

Séance du jeudi 26 novembre
Responsable scientifique : Estelle Schittly
Modérateur : Patrick Tavitian
Conférenciers : Serge Borgis, Bernard Giumelli, Jean Schittly, Etienne Waltmann

En 1995, le mariage prothèse amovible partielle-implants n’était même pas pensable puisque « l’enthousiasme implantologique » de l’époque prévoyait la disparition imminente de la prothèse amovible. En 2000, les échecs à gérer commencent à prendre de l’ampleur et les solutions doivent faire appel à tous types de prothèses. Et en 2015… la prothèse amovible est toujours là !
D’imposé au départ pour trouver des compromis thérapeutiques acceptables mais sans recul clinique, le mariage est devenu « de raison » car le comportement satisfaisant de ces reconstructions a redonné un attrait à la prothèse amovible partielle.

Les indications ont évolué au fil des années :
– amélioration de la rétention par l’utilisation d’attachements axiaux (type boule ou Locator®) dans les grands édentements de toutes classes ;
– amélioration de l’esthétique par suppression des crochets antérieurs dans les classes III et IV ;
– amélioration de la stabilité par la mise en place d’implants postérieurs de sustentation (classes I et II).

Mais la décision d’avoir recours aux implants doit s’appuyer sur les fondamentaux de la prothèse amovible, sans lesquels la gestion de l’édentement ne peut qu’être aléatoire :
– un examen clinique rigoureux permettant de prendre la mesure des difficultés du traitement et la valeur intrinsèque des différentes structures d’appui ;
– une connaissance des difficultés propres à chaque classe d’édentement (équilibre tissulaire, mouvements déstabilisants…) ;
– une bonne utilisation des matériaux mis en œuvre ;
– une analyse occlusale des contraintes exercées dans les différents guidages et le choix d’un concept occlusal adapté au type et à l’étendue de l’édentement ;
– une conception pertinente de la prothèse avec un montage directeur sur articulateur associé à une analyse au paralléliseur, ainsi que le choix des bons attachements, aucun n’étant universel… ;
– la maîtrise des techniques d’empreinte.
Un ou plusieurs implants ne compenseront jamais une évaluation approximative du traitement ou une mauvaise conception prothétique, mais le mariage de raison évolue de plus en plus vers un mariage d’amour à condition que la prothèse amovible dirige le bal, que les règles biomécaniques soient respectées et que le praticien évalue bien quel bénéfice principal il attend de l’apport implantaire.

La temporisation est à la fois une étape importante et délicate dans les traitements de prothèse composite associée à des implants ; les prothèses qui sont transitoires dans ce cas doivent tout d’abord permettre au patient de vivre normalement pendant toute la durée du traitement. Elles doivent être conçues de façon à anticiper les étapes thérapeutiques intermédiaires (extractions, greffes, implantations) et à préfigurer le projet prothétique final (fixé et amovible) tout en reconditionnant l’occlusion si nécessaire (ce qui est fréquemment le cas). La prothèse transitoire ne doit pas être en conflit avec la cicatrisation ostéo-muqueuse, fondamentale dans la réussite du traitement, et ne doit jamais solliciter les implants pendant l’ostéointégration.

Des précautions simples sont à respecter au niveau des prothèses amovibles transitoires :
– maximiser la sustentation en utilisant des taquets occlusaux systématiquement sur base résine ;
– supprimer la fausse gencive dans les cas antérieurs pour préserver la table osseuse vestibulaire ;
– ne pas se laisser influencer par les malpositions dentaires pour le montage des dents et préparer soi-même les extractions sur le plâtre en fonction des conditions cliniques ;
– ne pas utiliser d’anciennes prothèses “bricolées” et savoir renoncer parfois à la temporisation dans des situations vraiment défavorables pour préserver la cicatrisation et/ou l’ostéointégration.

Enfin, l’apport de l’implantologie est déterminant en prothèse maxillo-faciale où les conditions cliniques sont extrêmes et les problèmes techniques très importants : les implants de rétention seront positionnés principalement dans les zones postérieures et leur objectif premier est de maintenir l’étanchéité de l’épithèse ce qui assure un meilleur confort de vie pour les patients.

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