une revue systématique et méta-analyse
La prévention des malocclusions peut concourir à réduire le besoin de traitement orthodontique, mais requiert une connaissance précise des facteurs de risque évitables. Depuis le XIXe siècle, la ventilation orale due à l’obstruction des voies aérifères supérieures est considérée comme un facteur de risque pouvant affecter le développement dentofacial. L’explication biologique semble plausible mais la question fait encore débat, notamment en raison de la possibilité d’un mode de ventilation mixte oro-nasal et de la rareté d’une obstruction nasale complète.
L’objectif de cette revue systématique et méta-analyse était d’évaluer les risques liés à une obstruction par des amygdales et/ou des végétations adénoïdes hypertrophiques, par l’étude des changements dentofaciaux observés après ablation.
Les auteurs ont interrogé de façon systématique les principales bases de données électroniques : le Registre central Cochrane des essais contrôlés, Medline via PubMed, Embase, TRIP, Google Scholar et le Registre spécialisé du groupe de santé bucco-dentaire de Cochrane. Ils ont examiné la littérature grise et parcouru les bibliographies des articles sélectionnés, à la recherche d’autres articles qui répondent à leurs critères d’éligibilité.
La recherche de la littérature, la sélection des études, l’extraction des données et l’évaluation des risques de biais avec l’outil Cochrane Risk of Bias de la Cochrane Collaboration, ont été menées de façon indépendante par deux des auteurs. Tout écart a été étudié avec un troisième examinateur pour aboutir à un consensus. Aucune restriction du langage de publication n’a été appliquée. Les études expérimentales de cohorte et cas-témoins, consacrées à la possibilité d’une association entre le traitement de l’hypertrophie des adénoïdes et/ou des amygdales et des déformations dentofaciales chez les sujets âgés de 3 à 18 ans, ont été incluses. Tous les sujets ont bénéficié d’une ablation, et les résultats ont été évalués avant et après la chirurgie.
La recherche initiale a identifié 1 196 études. Après application de tous les critères d’inclusion, les auteurs ont retenu seize études, toutes des études de cohorte prospectives contrôlées, portant sur un total de 461 patients et témoins (avec un âge moyen de 4,1-13,9 ans). Une synthèse descriptive et quantitative des changements dentofaciaux postopératoires a été conduite. Les résultats concordants montrent une normalisation de l’inclinaison des incisives maxillaires et mandibulaires en direction labiale et une évolution vers un modèle de croissance mandibulaire plus horizontal. Aucun changement dans la croissance maxillaire verticale ou sagittale n’a été rapporté après le traitement chirurgical. Une augmentation post-chirurgicale de la largeur de l’arcade maxillaire et une diminution de la prévalence de l’occlusion croisée postérieure ont été régulièrement observées. Les conclusions portant sur le surplomb, la supraclusion, l’angle SNB, la largeur de l’arcade mandibulaire et l’angle goniaque étaient contradictoires.
Les auteurs concluent que l’ablation de végétations adénoïdes et/ou d’amygdales hypertrophiques participe à la normalisation du développement dentofacial. Cette conclusion pourrait indiquer une relation entre l’obstruction nasopharyngée et le schéma de croissance dentofaciale. Cependant, le risque élevé de biais et l’hétérogénéité des études empêchent de tirer une conclusion tranchée.
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