S’unir pour réussir. C’est ce qu’on retiendra de la matinée du colloque de santé publique de l’UFSBD organisé à Paris le 7 novembre sur le thème de la « Génération sans carie ».
Inscrit dans la convention dentaire, ce dispositif prévoit l’annualisation de l’examen bucco-dentaire (EBD) pour les 3-24 ans (contre un examen tous les 3 ans auparavant), la revalorisation de 30 %, pour cette génération, des soins conservateurs et la prise en charge de la pose d’un vernis fluoré jusqu’à 24 ans (au lieu de 9 ans précédemment). Ces revalorisations seront étendues, en 2025, aux jeunes enfants dès un an ainsi qu’aux jeunes de 25 ans, en 2026 à ceux de 26 ans et ainsi de suite jusqu’en 2028, date de fin d’application de la convention dentaire actuelle (signée pour la période 2023-2028). Il devient également possible de cumuler un détartrage avec la pose d’un vernis fluoré pendant l’examen.
Ces EBD sont entièrement pris en charge avec un tiers payant intégral (60 % pour l’assurance maladie et 40 % pour la part complémentaire). Le lancement de ce nouveau programme M’T Dents « XXL » doit débuter le 1er avril 2025 et non le 1er janvier comme prévu initialement. « Si ça marche, nous aurons réussi l’un des plus grands programmes de santé publique jamais accomplis, s’est enthousiasmée Marguerite Cazeneuve, directrice déléguée de l’assurance maladie. C’est ambitieux et pour réussir il faut qu’il soit porté par tous. » Et d’abord par les chirurgiens-dentistes qui doivent jouer le jeu.
« Il est du devoir de chaque professionnel de prendre en charge ces jeunes patients. Le Conseil national de l’Ordre y sera particulièrement vigilant, a indiqué son président Alain Durand. Il n’est pas déontologique de refuser de faire des EBD au prétexte que ce n’est pas assez lucratif. » Les deux présidents des syndicats signataires de la convention, Patrick Solera pour la FSDL et Olivier Donnat pour Les CDF, ont dit soutenir ce programme et ont appelé les praticiens à y adhérer pleinement tout en regrettant que les assistantes de niveau II, dont le dossier est enlisé pour cause de dissolution, ne soient pas au rendez-vous tant elles auraient pu être utiles pour prendre en charge ce nouveau flux de patients.
Feuille de route en santé orale
« Notre réussite passera aussi par la formation des consœurs et confrères, a estimé Benoît Perrier, président de l’UFSBD. Certains praticiens seniors incluent peu les actes préventifs dans leur pratique, tandis que les plus jeunes ont parfois peur de mal faire et/ou maîtrisent mal ces techniques. Nous avons tous une responsabilité professionnelle pour que ce programme soit un succès au service de la santé publique. »
Côté patients, pour convaincre les enfants, et surtout leurs parents, de franchir la porte d’un cabinet de dentaire, il va falloir être persuasif. Ce programme sera, en principe, accompagné d’une campagne de communication massive dans les médias et d’actions de proximité en milieu scolaire, a détaillé l’assurance maladie. Sur des secteurs prioritaires, les enfants de grande section de maternelle bénéficieront de séances de sensibilisation collectives complétées de dépistages individuels. Des actions complémentaires seront mises en place vers les publics les plus éloignés du système de santé.
« Le marketing social doit être massif, a souhaité Patrick Solera, estimant que les pouvoirs publics devaient mobiliser bien d’autres acteurs que l’éducation nationale : les associations, les clubs sportifs, les médecins, les pédiatres ou encore les infirmières. » Venu ouvrir le colloque, le directeur général de la santé, Grégory Emery, a placé de grands espoirs dans ce programme qui pourrait avoir des « effets favorables dans la prévention d’autres maladies non transmissibles comme le diabète, l’obésité, les maladies cardiovasculaires ». Il a annoncé par ailleurs la mise en place, dès 2025, d’une nouvelle et pour l’instant énigmatique « feuille de route en faveur de la santé orale » tout au long de la vie.
Commentaires