De multiples études ont décrit les rapports anatomiques intimes existant entre les apex des dents maxillaires des secteurs postérieurs et le plancher sinusien. Du fait de cette proximité, tout processus inflammatoire péri-apical, qu’il soit associé ou non à une communication oro-antrale, sera susceptible d’altérer la muqueuse sinusienne. Ainsi, il n’est pas rare qu’une pathologie apicale évolue et se complique d’une sinusite maxillaire. Afin d’assurer une prise en charge thérapeutique efficace, il est essentiel d’identifier l’origine dentaire de ces pathologies. La variabilité des symptômes décrits par le patient, la possibilité de douleurs sinusiennes référées aux segments dentaires (innervation commune au sinus et aux dents maxillaires) en compliquent le diagnostic. L’utilisation du CBCT constitue une aide diagnostique certaine et permet désormais d’appréhender plus aisément cette pathologie. Cette étude rétrospective observationnelle se propose d’évaluer le lien entre les caractéristiques radiographiques (présence/taille/distance) de lésions péri-apicales de dents maxillaires postérieures et les altérations sinusiennes associées.
Entre janvier 2009 et juillet 2013, les CBCT de 200 patients ont été évalués par deux opérateurs experts en radiologie dentaire et calibrés pour ces évaluations. 143 sinus maxillaires de patients présentant au moins une molaire ou une prémolaire avec une lésion radioclaire péri-apicale et 178 sinus maxillaires sans pathologie péri-apicale identifiée ont été inclus et étudiés. La taille des lésions péri-apicales mises en évidence a été classée selon le CBCT PAI, indice élaboré par Estrela et al (2008), afin de décrire de manière objective ces lésions sur des images de cone beam. 55 % des clichés examinés présentent des signes radiographiques d’une sinusite maxillaire. Des trois paramètres évalués, à savoir : présence, distance et taille de la lésion péri-apicale, seuls les deux premiers (présence et distance) semblent être des facteurs associés au développement des pathologies sinusiennes. Jusqu’à 64 % des anomalies sinusiennes identifiées (n = 92/143) seraient associées à une dent du secteur postérieur présentant une lésion péri-apicale. De même, lorsque les lésions sont adjacentes au plancher sinusien, 45 % de cavités sinusiennes seraient atteintes. Aucune corrélation avec la taille de la lésion n’a pu être établie. Néanmoins, selon les résultats de cette étude, les lésions de grande taille (CBCT/PAI = 5) sont davantage associées à une altération radiographique de la muqueuse sinusienne, probablement du fait d’un rapport de proximité avec celle-ci (2e paramètre).
Les résultats de cette étude sont toutefois à interpréter avec prudence. De part la nature observationnelle de l’étude, les associations établies entre la présence d’une lésion et sa distance par rapport au plancher sinusien ne témoignent en aucun cas d’une relation de cause à effet et ne permettent d’imputer ces sinusites à la seule cause dentaire. Les renseignements cliniques font défaut : la symptomatologie du patient, l’anamnèse médicale, l’historique dentaire, l’état de la cavité buccale ou encore la présence d’un traitement endodontique sur la dent considérée ne sont pas renseignés.
Comme en attestent diverses études depuis presque sept décennies maintenant, toute lésion péri-apicale, quelle que soit sa taille, en proximité du plancher sinusien sera susceptible, via la diffusion de médiateurs inflammatoires et de toxines, d’altérer les tissus et structures des sinus maxillaires. Cette étude illustre très bien l’application du CBCT dans le diagnostic différentiel des sinusites odontogènes. La visibilité simultanée des tissus mous et durs, la possibilité d’examiner les rapports du sinus avec les structures dentaires avoisinantes, et ce dans tous les plans de l’espace, constituent une aide précieuse pour imputer une étiologie dentaire à la pathologie sinunienne ou au contraire l’écarter. Cette étude a permis de souligner la forte corrélation entre pathologie péri-apicale et pathologie sinusienne.
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