Concrètement, comment ces avancées ont-elles été possibles ?
Elles sont la résultante de collaborations fructueuses entre :
– des chercheurs et des industriels prêts à développer de nouveaux matériaux ;
Le processus de développement d’un nouveau biomatériau suit toujours le même déroulé. Cela commence par la réalisation d’essais in vitro dans des laboratoires de recherche et se poursuit par des évaluations cliniques pouvant prendre la forme d’études observationnelles ou interventionnelles, rétrospectives ou prospectives. Ce sont ces données relevées en clinique qui constituent la preuve clinique, l’un des piliers de la dentisterie fondée sur les preuves, aussi appelée « Evidence-Based Dentistry » par les Anglo-Saxons [1].
Trois réseaux
• Le « Product Research and Evaluation by Practitioners (PREP) » est un groupe créé en 1993, rassemblant des praticiens exerçant au Royaume-Uni, très orienté sur l’évaluation des biomatériaux [4, 5]. En 2013, plus de 70 études avaient déjà été réalisées, répondant à la demande de différents industriels commercialisant des biomatériaux (tableaux 1 et 2). Parmi les travaux rapportés par ce groupe, il convient de distinguer ceux qui se rapportent au domaine commercial pour la documentation industrielle et ceux qui relèvent davantage de la recherche publiée dans des revues à comité de lecture.
• Il existe aux États-Unis un réseau encore plus important, fusion de plusieurs initiatives, qui s’intéresse à toutes les spécialités de la médecine bucco-dentaire [6, 7]. Les publications de ce groupe sont nombreuses et peuvent aller de l’évaluation des pratiques à la conduite d’essais cliniques randomisés.
Le dernier exemple choisi est une étude clinique randomisée sur les matériaux de coiffage pulpaire direct, publié en 2013. Cet essai conduit par 35 praticiens libéraux et portant sur 376 sujets, a démontré à 24 mois un risque d’échec nettement inférieur pour le MTA (19,7 %) versus l’hydroxyde de calcium (31,5 %) [10].
En France…
Revenons en France, et voyons comment ce nouveau type de recherche pourrait aussi s’organiser. Commençons par faire un petit tour d’horizon des études cliniques françaises publiées s’intéressant aux biomatériaux avec participation de praticiens libéraux. Même si, à ce jour, la recherche clinique en odontologie libérale n’est pas encore organisée au sein d’un véritable réseau, il y a déjà eu des initiatives sur lesquelles nous allons pouvoir nous appuyer. Au sein de la Société Francophone de Biomatériaux Dentaires, trois études cliniques ont déjà pu être conduites.
Les deux études suivantes sont des études longues dont seulement les protocoles ont pu être publiés à ce jour.
Le projet DECAT (« Deep DEep CAries Treatment ») réunit 48 investigateurs, dont 2 libéraux. L’objectif principal est de comparer le taux de succès d’une procédure d’éviction carieuse partielle et sélective à celle d’une éviction carieuse complète dans le cas de lésions carieuses profondes sur dents permanentes. L’intérêt scientifique de cette étude repose également sur les résultats attendus concernant le matériau de collage. L’une des innovations
en dentisterie adhésive est le développement d’un adhésif (ClearfilTM Protect Bond – Kuraray Dental) aux propriétés antibactériennes. L’activité antibactérienne est due en partie à l’acidité (adhésif auto-mordançant) et à l’incorporation du monomère MDPB (bromure de 12-méthacryloyloxydodécylpyridinium) [13]. Cependant, aucune étude clinique n’avait encore évalué la contribution de ce type d’adhésif au traitement conservateur des lésions carieuses profondes. Le protocole est disponible sur la base de données ClinicalTrials.gov (NCT02286388) et a été publié dans la revue Trials [14]. Les résultats à un an devraient être disponibles courant 2019.
En s’appuyant sur ces expériences réussies, un réseau de recherche clinique en odontologie libérale est en train de se mettre en place. Aussi, nous voudrions inviter chacun d’entre vous, lectrices et lecteurs de cette revue, à vous mobiliser pour apporter votre contribution. Nous espérons que vous êtes à présent plus que jamais convaincu(e)s que la participation à une étude clinique est utile à tous : aux patients comme aux praticiens. Par le haut niveau de preuve qu’elle permet d’apporter, elle peut ainsi permettre d’influencer la santé de nos patients. Elle est également gratifiante et très motivante pour le praticien et son équipe. Que vous exerciez en mode libéral ou salarié dans un cabinet privé, c’est tous ensemble qu’il nous appartient de faire évoluer nos pratiques professionnelles. Et comme toujours nous savons que nous pouvons compter sur la Société Francophone de Biomatériaux Dentaires pour nous soutenir dans cette nouvelle mission.
Que vous soyez un peu, beaucoup ou passionnément intéressé(e)s pour participer à ce réseau, n’hésitez pas à prendre contact avec nous par courriel (contact@recol.eu) ou en renseignant le sondage en suivant le lien https://goo.gl/forms/QeTWlRVCposEonYq2 ou en scannant le QR Code en page de droite.
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