Évaluation de la prévention de la douleur postopératoire avec une anesthésie locale

  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire
Information dentaire

Le contrôle de la douleur postopératoire est de plus en plus et de mieux en mieux pris en compte après un acte de chirurgie orale effectué sous anesthésie locale ou locorégionale. Il est bien établi que cette douleur est maximale après 3 à 5 heures suivant l’avulsion de dents de sagesse mandibulaires incluses, juste après la résolution de l’anesthésie. Il est aussi démontré que la période postopératoire sans douleur est significativement augmentée si l’anesthésie locale a été complétée par l’injection d’un anesthésique local de longue durée d’action comme la bupivacaïne ou la ropivacaïne. Cependant, concernant cette dernière molécule, très peu d’informations sont disponibles dans le domaine de la chirurgie orale puisqu’il n’existait aucune indication réglementaire. Seuls quelques cas cliniques étaient renseignés. Le but de cette étude est d’investiguer l’effet analgésique postopératoire de la ropivacaïne, qu’elle soit utilisée en anesthésique principal ou en complément d’une anesthésie locorégionale dans le cadre de l’avulsion d’une troisième molaire mandibulaire incluse.
 
Cette étude en double aveugle, randomisée, comprenait 72 patients sains, âgés de 18 à 30 ans. Trois groupes de 24 patients étaient constitués. Tous ont eu deux infiltrations tronculaires en vue d’anesthésier le nerf alvéolaire inférieur avant et après le geste chirurgical. Le premier a reçu une infiltration préopératoire de lidocaïne à 2 % avec adrénaline à 1/80 000 et une infiltration postopératoire de ropivacaïne à 1 %, le deuxième une injection préopératoire identique au premier groupe et une infiltration postopératoire de chlorure de sodium (placebo) et le troisième groupe une infiltration préopératoire de ropivacaïne à 1 % et une infiltration postopératoire de chlorure de sodium. Les techniques d’infiltration et d’avulsion dentaire étaient standardisées et toutes réalisées par le même opérateur. Le niveau de douleur postopératoire a été enregistré pendant l’acte chirurgical à l’aide d’une échelle visuelle analogique de 100 mm puis au moment où une prise d’antalgique (400 mg d’ibuprofène) devenait nécessaire, et ce pendant 24 heures. Les tensions systoliques et diastoliques ont été enregistrées chez tous les patients juste avant la première infiltration d’anesthésique, pendant l’acte opératoire et jusqu’à 5 heures postopératoires. Les effets indésirables et les complications étaient enregistrés dès 24 heures pendant 7 jours. La cohésion des groupes a été vérifiée sur le plan statistique. 8 patients ont stoppé l’étude sans affecter la pertinence statistique des 3 groupes.
 
Le groupe ayant bénéficié d’une première infiltration de ropivacaïne à 1 % en tant qu’anesthésique principal a déclaré des douleurs peropératoires significativement plus élevées que dans les 2 autres groupes. La durée de l’analgésie postopératoire avant la première prise antalgique est très significativement plus longue dans le premier groupe et très significativement diminuée dans le deuxième groupe (comprenant l’injection postopératoire d’une solution placebo). Aucune différence statistique n’a été notée en termes d’intensité douloureuse, de tension artérielle, d’effet indésirable et de complications postopératoires.
Bien d’autres résultats sont détaillés dans cette étude. La conclusion est donc qu’une infiltration postopératoire immédiate d’une solution de ropivacaïne à 1 % améliore sensiblement les suites postopératoires douloureuses.
 
Sur le plan méthodologique, cette étude est bien sûr critiquable puisqu’un seul opérateur était impliqué dans un seul centre, que les patients perdus de vue sont sortis de l’étude et que la ropivacaïne utilisée comme anesthésique principal n’était pas couplé à un vasoconstricteur comme la lidocaïne. Néanmoins, elle souligne l’apport bénéfique d’une injection postopératoire de 2 ml de ropivacaïne à 1 % sur le niveau d’analgésie.
Cette pratique est d’ailleurs de plus en plus en vigueur dans certaines équipes de chirurgie orale françaises pour ce type d’intervention. Il est temps, semble-t-il, de l’intégrer pleinement dans notre enseignement et notre pratique clinique pour des interventions de chirurgie orale complexes et de monter une telle étude mais sur plusieurs sites et donc en impliquant différents praticiens de niveaux de compétence différents.

Thèmes abordés

Commentaires

Laisser un commentaire

Sur le même sujet

Revue de presse

Article réservé à nos abonnés Diagnostics, plans de traitement et ChatGPT

Cet été, comme chaque été, les étudiants en dentaire ayant validé leur 5e année vont pouvoir assurer leur premier remplacement,...
Revue de presse

Article réservé à nos abonnés Effets de l’exercice sur les patients souffrant d’apnée obstructive du sommeil : une revue systématique et méta-analyse

Introduction : L’activité physique et l’exercice sont depuis longtemps reconnus comme des déterminants clés de la santé et sont particulièrement utiles...
Revue de presse

Article réservé à nos abonnés Effets de la malocclusion sur la capacité aérobique maximale et la performance athlétique chez les jeunes athlètes de haut niveau

Introduction : Les maladies bucco-dentaires peuvent avoir un impact direct sur la santé générale des athlètes et les empêcher d’atteindre leur...
Revue de presse

Article réservé à nos abonnés Effets du port d’un appareil orthodontique fixe sur l’équilibre dynamique, le temps de réaction et la perception de la douleur chez les sportifs d’élite adolescents et jeunes adultes

Introduction : Des auteurs ont rapporté qu’un appareil orthodontique fixe pourrait perturber le système somatosensoriel et que l’occlusion dentaire avait une...
Revue de presse

Article réservé à nos abonnés Confort et facilité d’utilisation des protège-dents sur mesure et des protège-dents thermoformables chez les joueurs de basket-ball : un essai clinique randomisé à bras parallèles

Introduction : Depuis un siècle, les protège-dents (PD) thermoplastiques constituent un moyen fiable de protection contre les im­pacts et les chocs....
Revue de presse

Avantages de la coronectomie dans la chirurgie de la troisième molaire inférieure

La principale complication observée lors de l’avulsion des dents de sagesse mandibulaires (DDS) est l’atteinte du nerf alvéolaire inférieur (NAI)...