Etudes de santé : la Cour des comptes étrille une réforme « complexe et mal conçue »

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Information dentaire

Dans un rapport sur « L’accès aux études de santé » publié le 11 décembre, la Cour des comptes torpille la réforme de la première année des études de santé telle qu’elle a été appliquées en 2019 avec ses deux voies d’accès PASS et LASS et préconise de revenir à une voie unique. Tout comme le souhaitait d’ailleurs les fédérations étudiantes en santé en mai dernier.

Le Parcours avec accès spécifique santé (PASS), piloté par la composante santé de l’université, comprenant une majeure santé et une mineure hors santé tandis que la Licence avec option accès santé (LAS), pilotée par une composante hors santé, comprenant à l’inverse une majeure hors santé et une mineure santé.

Cette réforme poursuivait plusieurs objectifs : augmenter les effectifs de professionnels de santé pour répondre aux besoins des territoires et du système de soins après la fin du numerus clausus, améliorer la réussite et le bien-être des étudiants, favoriser la progression dans les parcours d’études (éviter que les étudiants ne se retrouvent sans diplôme après deux échecs au concours) et diversifier le profil des étudiants.

Pour les Sages de la rue Cambon, le bilan est plus que médiocre dans chacun de ces domaines.

« Il existe autant de déclinaisons de la réforme que d’universités, tant les options ouvertes par le cadre réglementaire sont nombreuses (le choix de la licence, ndlr) », tacle le rapport qui souligne également une « absence de coordination avec les dispositifs d’information et d’orientation ».

Si le nombre d’admis sur les trois premières années de la réforme a augmenté par rapport à l’année précédente pour les filières médecine (+ 18 %) et odontologie (+ 14 %), il a diminué pour les autres filières (- 6 % pour pharmacie, – 4 % pour maïeutique). « Si un effort de répartition territoriale a été accompli pour la filière odontologie, la réforme n’est pas parvenue à enrayer les difficultés d’attractivité propres à la pharmacie et à la maïeutique, rendues visibles par les places laissées vacantes dans de nombreuses universités », constate la Cour.

Départs à l’étranger
Et dans les faits, les deux voies d’accès aux études de santé sont très inégalitaires estime la Cour. « Les PASS constitue le choix premier des étudiants souhaitant accéder aux filières MMOP (médecine, maïeutique, odontologie, pharmacie) à 95 %, tandis que l’inscription en LAS est subie dans 53 % des cas » constate-t-elle à l’aune d’un sondage réalisé auprès de 3000 étudiants.

« Les étudiants ayant obtenu une mention très bien au baccalauréat en première année de LAS dans une université sans UFR en santé ont un taux d’accès en MMOP de 31 % contre 60 % pour les PASS ayant obtenu la même mention », indique-t-elle également.

Et « contrairement à l’esprit de la réforme, la possibilité de suivre des enseignements hors santé dans les PASS n’est pas vécue comme une opportunité de réorientation mais comme un obstacle à la réussite ». Ainsi, 79 % des étudiants ne poursuivant pas en MMOP se réorientent dans une autre discipline que celle suivie pendant la formation donnant accès aux études de santé…Quant aux étudiants en LAS qui ont été admis, ils redoublent plus souvent que les étudiants admis après un PASS.

S’agissant de la diversification attendue des profils d’étudiants (moins Parisiens, moins scientifiques et moins issus de milieux aisés), elle n’a pas vu le jour. « Ceux-ci conservant des profils similaires avant et après la réforme, avec même une légère tendance à l’homogénéisation », cingle la Cour.

Enfin, la réforme n’a pas permis non plus d’enrayer le départ d’étudiants français vers l’étranger pour se former aux études de santé. Toujours selon le sondage réalisé par la Cour, environ 10 % des étudiants n’ayant pas accédé aux formations MMOP poursuivent des études à l’étranger, principalement en Espagne, Roumanie, Belgique et au Portugal.

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