En avant, Mars !

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Alors que la fenêtre de tir d’ExoMars 2016 va s’ouvrir le 14 mars à Baïkounour, le Palais de la Découverte propose un voyage à sensations vers la planète rouge. Car on peut désormais, grâce à la masse de connaissances accumulées au fil des missions, anticiper les sensations qu’on éprouverait à sa surface : vent modéré, couleurs dorées, atmosphère saturée d’oxyde de fer et peut-être de méthane, faible gravité… L’objectif de cette exposition est de nous faire « amarsir » en douceur pour dresser un état des lieux à la fois spectaculaire et scientifique. La grande question reste bien sûr celle de l’eau, gage de vie. De l’eau liquide, car celle dont on voit des traces dans l’atmosphère apparaît sous forme de vapeur ou de glace. On en connaît par ailleurs la présence certaine dans le sol, mêlée à des sels minéraux, et dans les calottes polaires. Mais cette eau, si elle suinte lors d’éventuels « écoulements » de saumures, est aussitôt sublimée et donc ne ruisselle pas, ni ne s’accumule. Toutes les observations géologiques et climatiques confirment d’ailleurs que si Mars a bien connu un climat humide à un moment de son histoire, l’eau a disparu de sa surface depuis des millions d’années et n’existe dans ses profondeurs que sous deux formes seulement  : glace ou sels hydratés, probablement chlorates et perchlorates de magnésium. Autrement dit, pour de l’eau courant sur le sol comme un petit torrent dans la prairie, ce n’est pas gagné. Il reste toutefois une chance pour que des bactéries puissent vivre (ou avoir vécu) dans ces boues salées, ce qu’on trouve sur Terre. D’où l’excitation des chercheurs, qui trépignent en attendant qu’une mission envoie des rovers explorer les ravines… s’ils peuvent en grimper les pentes abruptes. Plus logiquement, les robots successifs chercheront dans les sédiments des vestiges de vie passée, car les scientifiques sont convenus de ne pas perturber des lieux où pourrait exister une vie actuelle – preuve qu’ils prennent au sérieux cette éventualité.
À quand des bouteilles d’Eau de Mars ? Après la disparition silencieuse de Beagle 2, premier atterrisseur européen à se poser sur Mars en 2003 (et retrouvé l’an dernier), on attend beaucoup de sa petite sœur, la capsule Schiaparelli, en termes de démonstration de compétences. Mais le gros morceau de la mission ExoMars 2016 pour l’Agence Spatiale Européenne, c’est la sonde orbitale TGO (Trace Gaz Orbiter) qui rejoindra Mars vers le 19 octobre, trois jours après avoir largué la capsule, et mettra un an à se placer en orbite définitive. Dès mai 2017 toutefois, TGO se mettra à l’œuvre, pour étudier durant cinq ans les champs électriques et l’atmosphère de la planète, et surtout ses espèces chimiques : si elle contient bien du méthane, celui-ci est-il d’origine géologique ou… biologique ? La question est importante, car le méthane se dissipant « vite », sa production biologique ne pourrait être que « récente » et signe de vie… Enfin, TGO a aussi pour mission de rechercher la présence de molécules OH/H2O à faible profondeur, relayé, si tout va bien, par le nouveau rover ExoMars suréquipé de l’ESA, qui sera lancé en 2018. En attendant, rien de tel qu’un saut en apesanteur au Palais de la Découverte pour revivre l’odyssée de la conquête martienne, entre les reproductions à taille réelle des rovers historiques, les images sidérantes et la météorite martienne tombée il y a 60 000 ans dans le Sahara, bien moins désertique alors sous sa mer. La coïncidence est frappante : derrière la soif de découvrir l’eau sur Mars, n’est-ce pas la crainte d’en manquer demain sur Terre qui sourd ?
Explorez Mars,
Palais de la Découverte, Paris 8e
www.palais-decouverte.fr
Jusqu’au 28 août

Discours sur l’art et langue au Chat. Partout chez lui, le Chat s’arroge sur tout un droit de regard à la fois placide et acide. Critique dans l’âme et dans l’art aujourd’hui, le voilà médiateur d’une exposition pas bête du tout : à côté d’œuvres représentatives de l’histoire de l’art, le Chat fait ses commentaires à l’humour décalé, favorisant une approche décomplexée du sujet – aux antipodes de la pâmoison compassée de certains vernissages. Musées, collectionneurs et galeries ont joué le jeu et prêté une trentaine de chefs-d’œuvre allant de l’Antiquité à nos jours. Large et éclectique, la sélection fait se croiser des talents aussi divers que Basquiat, Boudin, César, Fontana, Klein, Munch, Soulages, Vasarely ou Warhol, sans oublier Geluck bien sûr, dont les préférences ont guidé le choix. L’originalité et l’accessibilité de cette démarche sont fidèles au principe tout âge et tout public du Musée en Herbe, qui, dans ses nouveaux locaux, fait peu neuve avec un Chat quelque peu chattemite, mais si drôlement.
L’Art et Le Chat, Musée en Herbe, Paris 1er
http://museeenherbe.com
Jusqu’au 5 janvier 2017

« Diamonds are a girl’s best friend » proclame Marilyn, tandis qu’Audrey Hepburn, dans Diamants sur canapé, reprend pied chaque matin devant la vitrine de Tiffany. Contempler des bijoux est donc bon pour le moral, voire la santé, et Chaumet en est bien persuadé. Avec cette seconde exposition dans sa maison, composée de trésors de son patrimoine, le joaillier retrace plus de deux siècles de ces créations inspirées par l’envie spontanée de répondre à l’amour par le don de la beauté : bague de fiançailles, alliance, diadème, « cadeau du matin » après la nuit de noces, présent pour un anniversaire de mariage ou une naissance, médaille de baptême, collier de perles des dix-huit ans… Un rituel symbolique et initiatique venu de loin, qui célèbre chaque étape de la vie avec éclat. Bien sûr, il y a aussi la richesse intérieure et la beauté de l’ascèse. Mais entre les mortifications et la griffe Chaumet, on sait de quel côté s’épanouit l’art du savoir-vivre…
Une éducation sentimentale, Musée Chaumet, Place Vendôme, Paris 1er
Jusqu’au 24 septembre

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