Diplôme Universitaire Européen d’Endodontologie Clinique

  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire
Information dentaire

Question : Est-il possible de détecter, au fauteuil et de façon immédiate, la présence de bactéries résiduelles dans un canal à l’aide d’une technique basée sur la fluorescence ?
Auteur du résumé : Brice Riera.
Article analysé : Herzog DB et al. Rapid bacterial detection during endodontic treatment. J Dent Res 2017 ; 96 (6) : 626-632.
Mots clés : biofilm, microscope, système diagnostic, endodontie, bactérie, fluorescence.
Type d’article : étude ex vivo.
Niveau de preuve : 5 (classification d’Oxford).

Provenance de l’article, auteurs : l’étude a été effectuée au sein du département d’ingénierie tissulaire et biophotonique de l’Institut Dentaire de Londres. Frédéric Ferty y est maître de conférences, et est l’auteur de plus de 8 références sur la biophotonique, l’imagerie tissulaire, la fluorescence, le diagnostic optique, etc.

Méthodologie : 53 dents présentant une radioclarté péri-apicale ont reçu un traitement endodontique. Des cônes de papier ont été utilisés pour prélever les bactéries au sein du canal. Ces mêmes cônes ont ensuite été immergés dans une solution de coloration fluorescente et observés au microscope à fluorescence et spectromètre. En guise de contrôle, une culture in vitro (bactéries non issues des dents incluses) et ex vivo (bactéries issues des dents incluses) de bactéries a permis d’établir un biofilm modélisé, lui-même observé par l’étude de la fluorescence et par comptage CFU (unité de formation des colonies).

Réponse : Cette méthode originale permet de détecter la présence de bactéries résiduelles au sein d’un canal après seulement 5 minutes d’incubation.

Synthèse en trois points :
– la présence de bactéries résiduelles dans les canaux peut être responsable d’infections persistantes, aboutissant à l’échec de nos traitements impliquant la réintervention ou l’extraction ;
– la présence de bactéries résiduelles au sein d’un canal peut être déterminée par l’utilisation d’un simple cône de papier observé au microscope à fluorescence et spectrophotométrie ;
– cette technique permet de détecter la présence de bactéries résiduelles après 5 minutes d’incubation ce qui est compatible avec un exercice au fauteuil.

Implications cliniques retenues : il n’est pas possible de rendre un canal radiculaire aseptique après la réalisation des traitements endodontiques, notamment en raison de la complexité anatomique du système endodontique. Il s’agit donc d’une désinfection canalaire, impliquant inévitablement la persistance de bactéries résiduelles. Ces bactéries résiduelles peuvent, si elles atteignent un seuil de charge critique, être à l’origine de pathologies péri-apicales. Jusqu’à ce jour, il est impossible de quantifier le nombre de bactéries résiduelles. Pourtant, la quantification est intéressante puisque nous savons que c’est au-delà d’un certain seuil que la pathologie péri-apicale se développe. Les auteurs démontrent ici qu’avec un simple cône de papier, le prélèvement peut être effectué et que la présence de bactéries peut être mise en évidence avec un test approprié à un exercice au fauteuil. La quantification n’est pour le moment pas encore possible.

Question : Quel est le risque de propulsion de fibres de cellulose au-delà de l’apex après utilisation de six marques de pointes de papier lors de la détermination de la longueur de travail ?
Auteur du résumé : Valentin Marchi.
Article analysé : Brown DWP. Paper points revisited : Risk of cellulose fibre shedding during canal length confirmation. Int Endod J 2017 ; 50 (6) : 620-626.
Mots clés : extrusion apicale, fibres de cellulose, réaction à cellules géantes à corps étranger, inflammation, détermination de la longueur de travail, pointes de papier.
Type d’article : scientifique/étude in vitro.
Niveau de preuve : 5 (classification d’Oxford).
Provenance de l’article, auteur : cet article provient de l’université de Chester, au Royaume-Uni. L’auteur, David Brown, n’a pas de poste académique à l’université et travail en cabinet privé à Winchester. Cet article semble être son unique publication dans un journal d’endodontie à comité de lecture.

Méthodologie :
des canaux artificiels dans des blocs de résine ont été préparés à 25/.08 et remplis de sérum physiologique. Des pointes de papier 20/.02 de 6 marques ont été testées de deux façons : insertion 1 mm au-delà du foramen pour étudier la perte « directe » (95 par marque) et insertion à la longueur suivie par l’insertion d’un cône de gutta ajusté pour la perte « indirecte » (70 par marque). L’observation s’est faite sous microscope en lumière polarisée pour visualiser les fibres.

Réponse : toutes les marques testées dans l’étude laissent des fibres dans le périapex de façon directe (détachement de fibres au-delà du foramen) ou indirecte (perte de fibres dans le canal qui sont extrudées secondairement, poussées par un cône de gutta-percha). L’une des marques testées perd significativement plus de fibres que les autres.

Synthèse en trois points :
– le risque de laisser des fibres de cellulose dans le système endodontique ou au-delà existe toujours lorsque l’on sèche les canaux avec des pointes de papier ;
– bien choisir ses pointes de papier permet de réduire le risque de perte directe ou indirecte de fibres en optant pour une marque ayant donné de bons résultats ;
– la sécurité de la technique de la détermination de la longueur de travail à l’aide de pointes de papier est remise en question, puisque toutes les pointes peuvent perdre des fibres de cellulose lors de leur utilisation.
Implications cliniques retenues : la présence de fibres de cellulose dans les tissus périapicaux pourrait être à l’origine de pathologies persistantes après un traitement endodontique. Il est donc légitime de vouloir minimiser le risque de laisser de tels corps étrangers dans le périapex. A la lecture de ces articles, il est légitime de s’interroger sur la pertinence de la technique des pointes de papier pour déterminer la longueur de travail. Les localisateurs d’apex électroniques sont particulièrement précis, même dans les canaux larges et la technique « de la pointe de papier » n’est plus justifiée.
Enfin, l’arrivée des biocéramiques dans le domaine de l’obturation pourrait permettre de s’affranchir un jour de l’utilisation des pointes de papier puisque le séchage « modéré » requis pour ces matériaux pourrait être obtenu par d’autres moyens à l’avenir.

Question : l’utilisation du laser Nd: YAG permet-elle de désinfecter les canaux aussi bien qu’avec un protocole classique d’irrigation associant hypochlorite de sodium à 1 % et EDTA à 15 % ?
Auteur du résumé : Al Khourdaji Ghina
Article analysé : Granevik Lindstrom M, Wolf E, Fransson H. The antibacterial effect of Nd:YAG Laser treatment of teeth with apical periodontitis : A randomized controlled trial. J Endod 2017 ; 43 : 857-863.
Mots clés : endodontie, traitement radiculaire, hypochlorite de sodium, lasers à l’état solide, résultat du traitement.
Type d’article : série de cas.
Niveau de preuve : 4 (classification d’Oxford).
Provenance de l’article, auteurs : l’étude a été réalisée au sein du Département d’endodontie clinique spécialisée Kaniken, à Uppsala, en Suède. Helena Fransson est « associate professor » à l’université de Malmö dans le département d’endodontie. Elle est l’auteur d’une vingtaine de manuscrits sur la lésion carieuse, le coiffage pulpaire, l’épidémiologie et l’ingénierie tissulaire

Méthodologie : 41 patients (45 dents) ont été répartis dans le groupe laser (n = 22) ou témoin (n = 23). Les dents du groupe laser ont été instrumentées, irriguées avec du sérum physiologique et irradiées à l’aide d’un laser Nd: YAG selon un protocole standard. Les dents du groupe témoin ont été instrumentées de manière similaire et désinfectées avec une solution d’hypochlorite de sodium à 1 % et d’EDTA à 15 %. Des échantillons bactériens ont été collectés avant et après le traitement, et immédiatement envoyés pour la culture et l’analyse.

Réponse : la désinfection avec le laser Nd: YAG associée à du sérum physiologoique est inférieure à celle obtenue par une technique d’irrigation conventionnelle.

Synthèse en trois points :

– les souches bactériennes pigmentées noires n’ont pas été éradiquées par l’irradiation au laser ;
– l’utilisation de l’irradiation au laser Nd: YAG combinée à la mise en forme mécanique ne permet pas d’obtenir une meilleure désinfection du système endodontique ;
– tous les échantillons microbiologiques ont été cultivés et évalués d’une manière anonyme.
Implications cliniques retenues : la présente étude indique que l’instrumentation mécanique, l’irrigation avec du sérum physiologique et l’irradiation Nd: YAG selon un protocole standardisé ne permettent pas de désinfecter le système endodontique. L’utilisation de l’association hypochlorite de sodium et EDTA demeure la solution de choix de désinfection en endodontie, en raison de son action antibactérienne, de sa capacité à dissoudre les débris et la boue dentinaire.

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