La question : quel taux de succès attendre des procédures de revascularisation sur des dents immatures nécrosées ?
Auteur du résumé : Brice Riera (étudiant DUEEC 1re année) – briera@due-garanciere.fr
Article analysé : Bukhari S, Kohli MR, Setzer F, Karabucak B. Outcome of revascularization procedure : A retrospective case series. J Endod 2016 ; 42 (12) : 1752-1759.
Mots clés : Parodontie apicale, biocéramique, mineral trioxide aggregate, revascularisation, pronostic.
Type d’étude : étude rétrospective de séries de cas.
Niveau de preuve : 4.
La méthodologie : il s’agit d’une étude rétrospective concernant une série de 28 cas de revascularisation. Le protocole de traitement incluait (1) une irrigation avec de l’hypochlorite de sodium (NaOCl) à 3 % et de l’EDTA à 17 %, (2) une mise en place d’une pâte tri-antibiotiques pendant 21 jours, (3) la création de la formation d’un caillot sanguin, (4) l’obturation coronaire avec un matériau de la famille des biocéramiques (EndoSequence Bioceramic Putty ou du MTA). Les patients ont été suivis sur une période de 7 à 72 mois. Les résultats ont été considérés comme guérison complète, guérison incomplète, ou échec.
La réponse : les résultats ont montré que 75 % des cas de revascularisation de dents immatures nécrosées présentaient une guérison complète. Le succès était considéré par l’absence de symptômes cliniques, la résolution complète d’image radioclaire péri-radiculaire, l’augmentation de l’épaisseur et de la longueur de la racine, et une fermeture apicale.
D’où vient l’article ? Les auteurs sont-ils connus ? L’article provient de l’université de Pennsylvanie, aux États-Unis. Le Dr Karabucak a publié d’autres publications concernant la régénération endodontique, la chirurgie endodontique, ainsi que des résultats de différents traitements endodontiques.
Synthèse de l’article en 3 points :
– cet article étudie les résultats des procédures de revascularisation réalisées sur des dents immatures nécrosées ;
– les résultats ont montré que 75 % des cas de revascularisation de dents immatures nécrosées présentaient une guérison complète avec absence de signes cliniques, résolution complète d’image radioclaire péri-radiculaire, augmentation de l’épaisseur et de la longueur dentinaire radiculaire, et une fermeture apicale ;
– en cas de nécrose de dents immatures, la revascularisation peut donc être considérée comme un traitement alternatif aux traitements d’apexification. Ce traitement conduirait à une maturation radiculaire continue avec dépôt de tissu dur, renforçant la dent et la protégeant de la fracture.
Quelles sont les implications cliniques retenues ? La procédure de revascularisation (également nommée revitalisation) apparaît de plus comme un traitement alternatif fiable aux traitements d’apexification des dents immatures nécrosées. Elle permettrait notamment la poursuite de la croissance radiculaire (en longueur et épaisseur des parois). Ces traitements de régénération, jusqu’à récemment plutôt pratiqués par des spécialistes, pourraient bel et bien s’imposer dans l’arsenal thérapeutique quotidien de l’omnipraticien dans un futur proche.
La question : quel est le niveau d’information proposé aux patients dans les vidéos Youtube sur le traitement endodontique ? Ce niveau dépend-il de la nature et de la source de la vidéo ?
Auteur du résumé : Ghina Al Khourdaji (étudiante DUEEC 1re année) – galkhourdaji@due-garanciere.fr
Article analysé : Nason K, Donnelly A, Duncan HF. Youtube as a patient-information source for root canal treatment. Int Endod J 2016 ; 49 (12) : 1194-1200.
Mots clés : endodontie ; Internet, traitement endodontique, Youtube.
Type d’étude : étude Informationnelle.
Niveau de preuve : non applicable (le format de l’article ne peut pas s’intégrer dans les critères d’Oxford).
La méthodologie : une recherche a été menée sur Youtube, utilisant les termes « root canal », « root canal treatment » et « endodontics ». Pour chaque terme, 20 vidéos ont été sélectionnées par 2 investigateurs qui ont évalué leur contenu selon 5 critères : étiologie, anatomie, symptômes, procédure, suite postopératoire. L’exhaustivité du contenu a été notée de 0 à 2 (0 = incomplet ; 2 = très complet) pour chaque catégorie, ce qui a permis d’attribuer un score total à chaque fichier.
La réponse : le niveau d’information est fortement lié à la source de la vidéo. La majorité des vidéos proposent un contenu incomplet et souvent obsolète.
D’où vient l’article ? Les auteurs sont-ils connus ? Cette étude provient de l’université de Dublin, en Irlande. Henry Fergus Duncan est l’auteur de quelques publications, notamment sur la biologie pulpaire.
Synthèse de l’article en 3 points :
– Youtube est considéré comme une méthode pratique permettant aux patients d’obtenir des informations à propos des traitements qu’ils ont reçus ou qu’ils s’apprêtent à recevoir ;
– les vidéos sur le traitement endodontique peuvent souvent fournir une information incomplète aux patients ;
– les vidéos proposées par des professionnels dentaires sont plus précises et complètes que celles publiées par des non professionnels de la discipline.
Quelles sont les implications cliniques retenues ? Youtube est un moyen simple, gratuit et pratique permettant au grand public d’accéder à l’information médicale. Cependant, lorsqu’un patient est à la recherche d’une vidéo sur le traitement endodontique, il a un risque fort d’accéder à un contenu incomplet, pouvant même l’induire en erreur et créer un effet angoissant sur le patient se renseignant sur la procédure qu’il doit subir. Il est donc important que les professionnels discutent avec leurs patients et les informent de ces limitations, voire les orientent vers des sources d’informations plus fiables et de qualité.
La question : quelle est l’efficacité des AINS comparée à celle des autres antalgiques non opioïdes ou d’un placebo pour réduire la douleur postopératoire et l’apparition d’évènements indésirables après un traitement endodontique ?
Auteur du résumé : Valentin Marchi (étudiant DUEEC 2e année) – vmarchi@due-garanciere.fr
Article analysé : Smith EA, Marshall JG, Selph SS, Barker DR, Sedgley CM. Nonsteroidal anti-inflammatory drugs for managing postoperative endodontic pain in patients who present with preoperative pain : A systematic review and meta-analysis. J Endod 2017 ; 43 (1) : 7-15.
Mots clés : paracétamol, endodontie, ibuprofène, méta-analyse, anti-inflammatoires non stéroïdiens, revue systématique.
Niveau de preuve : 2b.
La méthodologie : les auteurs ont effectué une recherche exhaustive sur les principales bases de données scientifiques en ligne. Les articles ont été sélectionnés d’après des critères précis selon les médicaments testés, le design des études et les indications de prescription. Une méta-analyse a été conduite sur les articles de la revue qui le permettaient.
La réponse : une combinaison d’ibuprofène et de paracétamol est plus efficace qu’un placebo, mais n’est pas plus efficace que l’ibuprofène seul en ce qui concerne les douleurs postopératoires en endodontie.
D’où vient l’article ? Les auteurs sont-ils connus ? L’étude a été réalisée aux États-Unis, dans l’université de l’Oregon. Christine Sedgley est professeur et directrice du département d’endodontie de l’université. Ses sujets de prédilection sont la microbiologie, l’inflammation et l’immunologie. Elle a publié une cinquantaine d’articles dans des revues scientifiques et participé à l’écriture de chapitres dans des livres d’endodontie.
Synthèse de l’article en 3 points :
– la douleur postopératoire en endodontie est imprévisible et les AINS constituent la classe thérapeutique la mieux adaptée pour sa prise en charge ;
– cette étude compare principalement l’efficacité de l’ibuprofène seul ou associé à un autre antalgique, avec celle d’autres molécules non opioïdes pour la douleur après traitement endodontique ;
– il n’y a pas de forte preuve en faveur d’une prescription d’ibuprofène seul ou couplé avec du paracétamol.
Quelles sont les implications cliniques retenues ? Cette revue systématique montre que l’ibuprofène seul ou en association est la molécule la plus efficace pour gérer la douleur postopératoire en endodontie. Le fait qu’aucune différence entre les deux modes de prescription n’ait pu être mise en évidence démontre bien que la prescription d’ibuprofène seule est suffisante pour gérer la douleur pouvant survenir après un traitement endodontique. L’association systématique avec du paracétamol n’est donc pas justifiée pour cette indication. Cela ne veut pas dire que cette association est à proscrire mais devrait probablement être réservée à des situations douloureuses différentes (urgences douloureuses sans intervention possible par exemple).
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