« Clairement, la ministre a mis le dossier en bas de la pile. Il est au point mort », a lancé Serge Fournier, le président du Conseil National de l’Ordre des Chirurgiens-Dentistes (ONCD), lors d’une conférence de presse à Paris le 19 octobre, laissant penser que ce nouveau diplôme pourrait ne pas voir le jour (lire Id n° 38 du 6 novembre).
« Il y a en effet un flottement gouvernemental sur ce sujet. Nous n’avons pas les rendez-vous que nous souhaiterions au ministère, mais on ne peut pas dire que le dossier est abandonné, nous a précisé le 5 novembre Françoise Lepouchard, négociatrice de l’UNSA Cabinets dentaires et présidente de l’Association pour le paritarisme dans les cabinets dentaires libéraux (ACDL), qui organise le paritarisme de la branche. Nous travaillons régulièrement au sein de la Commission paritaire pour l’emploi et la formation professionnelle (CPNE-FP). Nous devrions aboutir au mieux fin 2020 ou début 2021. »
Pour mémoire, le niveau « Assistante dentaire qualifiée de niveau 2 » (ADQ 2), équivalent de l’hygiéniste dentaire, serait obtenu après trois ans passés dans un cabinet dentaire et après avoir suivi une formation de deux années et environ 800 heures au sein d’un organisme de formation agréé. Outre un renforcement de la formation à l’hygiène, à l’éducation thérapeutique et à la nutrition (pour permettre des missions en EHPAD ou en milieu scolaire), les ADQ 2 pourraient, sous la responsabilité et le contrôle effectif du chirurgien-dentiste, réaliser des actes non invasifs sur des organes définis comme sains par le praticien : détartrage supragingival, pose de sealants, prise d’empreintes d’études, application de fluor, éclaircissement, dépose de sutures, mais aussi réalisation de clichés radiographiques et de photographies…
Perspectives pour les assistantes en orthodontie
À l’occasion des Journées de l’Orthondontie (JO) 2019 à Paris le 8 novembre, Alain Bery, président de la Fédération Française d’Orthodontie (FFO), membre de l’ADF et qui siège lui aussi au sein de la CPNE-FP, a confirmé que les ministères de l’Éducation nationale et de la Santé avaient bien « d’autres préoccupations », qu’il ne fallait pas s’attendre à aboutir avant deux ans. Il a fait le point sur les nouvelles tâches qui pourraient être dévolues aux assistantes qualifiées mention orthodontie dans le cadre du nouveau diplôme.
En plus du corpus de compétences déjà acquis dans la loi, elles pourraient : recueillir des données cliniques (cario, paro, ODF) ; saisir des points céphalométriques sur logiciel ; contrôler l’hygiène bucco-dentaire, éduquer et motiver le patient aux techniques d’hygiène ; prendre des radios, des panoramiques ou cone-beam (les assistantes auraient le statut PCR) ; réaliser des photographies intra et extra-buccales ; déposer des ligatures ODF ou des clapets des boîtiers autoligaturants ; préparer l’émail au collage orthodontique ; gérer le site internet du cabinet ; coordonner la communication au sein du cabinet et avec les patients.
Autant de compétences que les praticiens délèguent déjà plus ou moins à leurs assistantes mais qui deviendraient « légalement » autorisées. Ce qui resterait proscrit : la pose de ligatures qui exige une mise en tension des arcs ; l’anesthésie ; les éclaircissements ; la dépose d’attaches orthodontiques (risques pour l’émail) ; le collage de fil de contention et la pose de gouttières ou de dispositifs amovibles de contention.
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