Diagnostic précoce de l’hypominéralisation des incisives et molaires permanentes (MIH)

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Information dentaire

L’hypominéralisation molaire inci­sive, mieux connue dans la littérature par son acronyme anglophone MIH (molar incisor hypomineralization), représente l’un des principaux enjeux actuels en matière de prévention et de préservation des dents permanentes. Ce défaut de minéralisation de l’émail des molaires et des incisives permanentes est observable dès l’éruption des dents concernées chez l’enfant. L’émail moins dense présente une structure poreuse qui lui confère un aspect opaque, du blanc crayeux au brun, et conduit à des altérations précoces de ces dents, très vulnérables aux caries notamment. L’omnipraticien doit savoir diagnostiquer ces lésions le plus précocement possible afin de mettre en place toutes les mesures de protection et de prévention en faveur de la préservation des structures dentaires fragilisées.
 
Cette étude brésilienne a précisément pour objectif d’améliorer le diagnostic précoce des MIH en recherchant une corrélation de leur prévalence avec des défauts de minéralisation observables sur les 2es molaires et canines temporaires (nommés respectivement HSPM [hypomineralized second primary molar]
et HPC [hypomineralized primary canine]). Une étude épidémiologique a ainsi été menée sur des enfants âgés de six à onze ans issus de six écoles publiques d’un même bassin de population du Brésil.
 
Le premier objectif était de déterminer la prévalence des MIH chez ces enfants ainsi que celle des hypominéralisations des dents temporaires, puis d’établir, avec un outil statistique, l’existence d’une éventuelle corrélation entre ces deux défauts. Sur un échantillon de 858 enfants de neuf ans et demi de moyenne d’âge, les auteurs ont mis en évidence :
– une prévalence des MIH chez 14,69 % des enfants ;
– une prévalence d’hypominéralisation des dents temporaires chez 6,48 % des enfants pour la seconde molaire temporaire (HSPM) et chez 2,2 % des enfants pour la canine temporaire ;
– une relation statistiquement significative entre MIH et HSPM et entre MIH et HPC.
 
Cependant, certains enfants atteints de MIH ne présentaient pas d’hypominéralisations des dents temporaires et inversement, mais la prévalence des MIH est six fois plus importante chez les enfants atteints de HSPM ou HPC. En revanche, il n’y a pas de corrélation entre le nombre de dents temporaires affectées ou la sévérité de leur atteinte et la prévalence des MIH.
 
Les auteurs de cette étude appellent à une grande vigilance dans l’examen des dents temporaires où doivent être recherchés des signes d’opacité ou d’hypominéralisation lors d’examens préventifs afin d’appliquer les plus tôt possible des mesures adaptées pour préserver l’intégrité des dents.

Patrick Rouas
MCU-PH à l’Université de Bordeaux, chercheur au laboratoire PACEA (UMR5199, Université de Bordeaux) et membre du Comité Exécutif de la Société Française d’Odontologie Pédiatrique

 

 questions à…
 

Comment appréciez-vous le niveau de sensibilisation des chirurgiens-dentistes français vis-à-vis des MIH ?
Grâce aux articles des revues scientifiques et à la formation continue, entre autres, les connaissances des praticiens sur cette anomalie se sont nettement améliorées. Étant donné que les critères de diagnostic des MIH n’ont été établis que depuis 2003, si les jeunes praticiens sont au fait de cette problématique de par leur formation initiale, les plus anciens peuvent être moins bien informés.

Quelles mesures préventives recommanderiez-vous face aux premiers signes de MIH ?
Le diagnostic des MIH doit être précoce, permettant ainsi d’intervenir avant un éventuel délabrement tissulaire accéléré, les couronnes atteintes étant plus fragiles. Le diagnostic se réalise sur les premières molaires permanentes, et non pas sur les incisives permanentes. D’un point de vue préventif, la reminéralisation permet de renforcer les tissus et de lutter contre l’hypersensibilité caractéristique. Le scelle­ment prophylactique des sillons, puits et fissures doit être réalisé, et les mesures habituelles d’hygiène bucco-dentaire et ali­mentaire doivent être renforcées.

Quelles sont les principales difficultés liées à cette pathologie ?
Les principales difficultés à anticiper sont : l’hypersensibilité générant un contrôle de plaque déficient, les difficultés anesthésiques, une anxiété majorée des jeunes patients, et les difficultés liées au collage entraînant des échecs lors des restaurations.

Quelles attitudes thérapeutiques mettre en œuvre pour les dents atteintes ?
Lorsque les premières molaires atteintes sont délabrées, les options thérapeutiques sont les suivantes, en fonction du délabrement : restaurations directes (aux matériaux composites essentiellement), restaurations indirectes collées, couronnes pédiatriques. Pour les secteurs antérieurs, en cas de doléances esthétiques, l’érosion-infiltration en profondeur permet de répondre aux concepts actuels de dentisterie minimalement invasive.

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