Un amendement au Projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) adopté par la Commission des affaires sociales de l’Assemblée Nationale propose « le concours de chirurgiens-dentistes d’exercice libéral au fonctionnement d’unités participant au service d’aide médicale urgente ».
Selon l’auteur de l’amendement Olivier Véran, député de l’Isère et médecin hospitalier (neurologue), « au Samu 38, les appels concernant un problème dentaire représenteraient plus de 3 000 dossiers depuis le début de l’année, soit environ une centaine d’appels le dimanche matin ». Cet amendement n’est pas le fruit du hasard. Il s’appuie sur une expérimentation grandeur nature.
En 2016, dans l’Isère, l’organisation de la permanence de soins ambulatoire (PDSA) est modifiée. Les urgences dentaires ne sont plus gérées par l’Ordre mais par le SAMU. Exit le numéro unique renvoyant à cinq répondeurs correspondant au cinq secteurs de garde. Tout passe désormais par le régulateur du Centre 15. Ce qui devait arriver, arriva : la surcharge puis la surchauffe.
Dans l’Isère, 41 % d’appels non suivis d’une consultation chez un dentiste de garde
« Nous ne savons toujours pas très bien comment cette décision absurde de mélanger les urgences vitales du Samu et les urgences dentaires a été prise, témoigne Nathalie Uzan la présidente du conseil départemental de l’Ordre de l’Isère. Nous avons donc réuni la CPAM, l’ARS et le SAMU autour de la table pour trouver une solution. Et nous avons décidé de placer un chirurgien-dentiste au sein du SAMU comme régulateur des urgences dentaires. »
L’expérimentation débute en avril 2016. Quatorze praticiens en activité, bénévoles, jouent le jeu les dimanches et jours fériés. « Les médecins ne sont pas aguerris aux urgences dentaires. Avoir un dentiste au bout du fil permet de diminuer le stress des appelants, de conseiller des soins généraux voire, ce qui nous était autorisé, de téléprescrire des médicaments, relate Nathalie Uzan. Cela a permis également de mieux répartir le flux des patients dans les secteurs de garde ».
Bilan très positif sur trois mois : sur 14 vacations dont 12 dimanches, les praticiens ont géré 518 appels dont 41 % non pas été suivis d’une consultation chez un dentistes de garde.
« Malheureusement l’expérimentation a pris fin en août 2016 et depuis nous sommes revenus à la seule régulation du SAMU. Certains confrères ont plus de 50 patients les jours de garde, ce n’est plus tenable. Cet amendement est le bienvenu, j’espère qu’il sera intégré dans la loi pour permettre aux départements qui le souhaitent de choisir cette solution. Ce poste de régulateur pourrait être tenu par un dentiste retraité ».
Aujourd’hui, la loi prévoit seulement la participation de médecins d’exercice libéral (rémunéré) à cette régulation. Le PLFSS est examiné en séance publique en première lecture du 22 au 29 octobre.
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