Notre confrère, Jérôme Picard, fraîchement retraité, a pris la mer en septembre dernier sur son bateau « Picaso » pour aller soigner les plus démunis. Direction l’Afrique, les Antilles et l’Amérique du Sud. Nous l’avions rencontré pour évoquer son projet « Tooth Colibri » (lire ID du 9 mars 2022). Cinq mois après son départ, nous avons l’avons joint pour prendre de ces nouvelles.
Où êtes-vous actuellement ?
Je vous appelle de l’archipel des Bissagos dans l’océan Atlantique. Ce sont des ilots qui font partie de la Guinée-Bissau où j’ai accosté il y a quelques temps. Je viens de soigner le personnel d’un hôtel. Et demain, je pars en brousse pour soigner leurs familles qui vivent dans des villages isolés.
Dans quels pays avez-vous déjà prodigué des soins ?
J’ai commencé par le Cap-Vert, puis le Sénégal, et la Gambie. Et donc maintenant, la Guinée-Bissau. Entre deux escales, je reprends la mer avec « Picaso », mon voilier de quinze mètres de long et cinq mètres de large, très robuste, tout en aluminium.
Comment se déroulent vos soins, concrètement ?
Ca se passe de manière aléatoire. Je m’installe dans des dispensaires, des hôtels, ou des villages et je propose mes services. Qui le souhaite vient me consulter. J’ai à ma disposition deux mallettes Satelec qui contiennent tout l’équipement nécessaire. Je peux donc traiter des caries, poser des couronnes ou des prothèses. J’en profite également pour faire de la prévention, évidemment.
Comment réagissent les habitants ?
Ils sont ravis, l’accueil est chaleureux à chaque fois. Une scène m’a particulièrement marquée au Cap Vert. Dans une belle lumière de fin de journée, une petite fille de 5 ou 6 ans s’est allongée sur le fauteuil. Elle avait 8 caries. Il m’a fallu beaucoup de temps pour la soigner. Autour de moi, il y avait beaucoup d’adultes et d’enfants, en cercle, qui me regardaient travailler, silencieux, à la fois curieux et admiratifs. Ces conditions de travail très particulières, ce moment, comme suspendu, c’était très émouvant pour moi.
Quel est votre programme pour la suite ?
Après la Guinée-Bissau, je remonterai en Casamance au Sénégal. Ensuite, au mois d’avril, je traverserai l’Atlantique, direction les Antilles. J’envisage de laisser le bateau au sec en Martinique quelques semaines, le temps de rentrer en France pour voir la famille et les proches qui me manquent. L’aventure reprendra en fin d’année, en novembre probablement. En vérité, je n’ai pas de calendrier précis, pas de planning fixe. S’il faut rester trois jours de plus à un endroit par exemple, je le ferai.
Des propos recueillis par Alban Guilon
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