Continuum Sapo implant : deux jours consacrés à la chirurgie implantaire
Évolution ou révolution ?

  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire n°32 - 25 septembre 2024
Information dentaire
Les 30 et 31 janvier prochains à Paris, Sapo Implant organise son Continuum 2025 sous la responsabilité scientifique de Bernard Cannas, Nicolas Boutin et Nicolas Davido. Le thème générique : « Évolution ou révolution ? ». L’occasion de rencontrer Bernard Cannas, cofondateur de la structure qui va fêter ses 25 ans !

Quelles sont selon vous les évolutions majeures dans les traitements implantaires ?

L’implantologie, comme l’ensemble des disciplines médicales et odontologiques, connaît une évolution constante. Au cours des vingt dernières années, des progrès significatifs ont marqué les traitements implantaires. Tout d’abord, les innovations technologiques apportées aux implants eux-mêmes, grâce aux efforts de recherche et développement des industriels, ont joué un rôle crucial. L’apparition des implants autoperforants, l’amélioration des surfaces implantaires, l’introduction de la connexion conique et du concept de « switch platform » ont considérablement amélioré l’efficacité, la sécurité et la durabilité des traitements pour nos patients.

Par ailleurs, une approche biologique a permis de faire évoluer la conception des implants et de leurs connectiques pour favoriser une ostéointégration plus rapide et stable, ainsi qu’une meilleure muco-intégration, avec un maintien stable de l’espace biologique. L’intégration des CBCT (Cone Beam Computed Tomography) dans les cabinets, couplée à des logiciels de planification toujours plus performants et intégrant les données numériques issues des caméras optiques, constitue une autre avancée majeure. Ces technologies facilitent grandement l’élaboration et la prévisibilité des plans de traitement.
Ces innovations ont également permis de développer des protocoles de mise en charge immédiate, réduisant les délais de traitement tout en améliorant le confort des patients. Ces protocoles sont aujourd’hui reproductibles grâce à un cadre strict, garantissant des résultats optimaux. Une autre avancée importante réside dans le protocole d’extraction avec implantation immédiate, associée à une mise en charge ou esthétique immédiate, permettant de réduire considérablement les temps de traitement. Les patients ne se retrouvent ainsi jamais sans dents, tandis que la cicatrisation des tissus mous est optimisée par les prothèses provisoires, offrant une meilleure esthétique.

Un autre domaine ayant fortement évolué est la préparation des sites implantaires, tant sur le plan osseux, avec les techniques de régénération osseuse guidée, que sur le plan muqueux, avec la chirurgie pré-implantaire des tissus mous.
L’essor de la chaîne numérique en CFAO, comprenant des outils d’acquisition de haute précision, des logiciels de conception performants et des machines-outils à commande numérique, telles que les usineuses et imprimantes 3D, a révolutionné le domaine de la dentisterie. Grâce à ces technologies de pointe, nous avons pu atteindre un degré d’exactitude et de personnalisation autrefois inaccessible, rendant les traitements plus rapides, plus sûrs et plus confortables pour les patients. En intégrant ces innovations, de nouveaux protocoles ont vu le jour, optimisant la qualité des soins tout en améliorant l’efficacité clinique. Cette transformation numérique permet également une meilleure coordination entre les différentes phases du traitement, depuis le diagnostic jusqu’à la réalisation finale, tout en renforçant la satisfaction des patients et en ouvrant la voie à de futures avancées dans le secteur.

Durant le Continuum, vous aborderez l’apport du numérique dans les traitements implantaires. Peut-on aujourd’hui traiter un patient sans l’outil numérique, et notamment sans les guides chirurgicaux ?

L’un des principaux sujets de ce continuum sera le flux numérique, qui touche aussi bien la clinique que les laboratoires de prothèse. Il s’agit d’examiner comment l’intégrer dans notre pratique et de rester à jour avec ses évolutions les plus récentes. La chirurgie guidée s’intègre pleinement dans ce flux numérique, en tant qu’outil d’aide à la mise en place tridimensionnelle des implants dans l’os en relation avec le projet prothétique. Cependant, il est essentiel de préciser que la chirurgie guidée ne doit en aucun cas compenser un manque de formation chirurgicale. Une maîtrise des bases chirurgicales, telles que la réalisation de lambeaux, la connaissance et la protection des structures anatomiques, ainsi que la gestion des complications per-opératoires sont indispensables avant de se lancer dans la chirurgie guidée.

La conception d’un guide chirurgical doit résulter d’une réflexion clinique approfondie, tenant compte de l’indication précise. Il est impératif que le praticien conserve un contrôle total sur cette étape, et ne se contente pas de déléguer la réalisation du guide à un logiciel ou à une société externe. La stabilité, la résistance et la précision du guide, qu’il soit à appui osseux, muqueux, dentaire ou mixte, doivent être assurées. Ainsi, l’utilisation d’un guide chirurgical nécessite une solide formation préalable pour anticiper et gérer les complications éventuelles, garantissant la réussite de l’intervention.

Bien que la précision apportée par la chirurgie guidée soit indéniable, il est possible, pour un praticien expérimenté, de poser des implants à main levée en s’appuyant sur des repères. Dans certaines conditions, la main et l’œil du praticien peuvent alors être aussi efficaces qu’un guide, sous condition d’une planification rigoureuse.

Le flux numérique ne se limite pas à la chirurgie guidée. Il intervient à toutes les étapes du traitement, de l’examen clinique à la chirurgie, en passant par la prothèse. Chaque praticien peut intégrer ce flux à différents niveaux : empreinte optique, scanface, occlusion dynamique, etc. Il ne s’agit pas d’une approche « tout ou rien », mais d’adopter les outils qui s’adaptent à chaque contexte clinique. Parmi les différents types de guides chirurgicaux, le guide pilote semble être celui à généraliser, à condition d’avoir suivi une formation en planification numérique et en conception de guides, ainsi qu’une solide formation en chirurgie orale. .

Certains outils numériques sont aujourd’hui essentiels dans les protocoles de traitement implantaire, notamment le Cone Beam, les logiciels de planification, les caméras optiques, ainsi que les moyens de conception et de fabrication des prothèses provisoires (fraiseuse ou imprimante 3D) lors des mises en charge immédiates ou esthétiques. D’autres technologies, comme la navigation chirurgicale, l’enregistrement de l’occlusion dynamique, les scanners faciaux, les simulateurs de sourire ou la photogrammétrie, sont des outils complémentaires mais non indispensables. Il est crucial de choisir ces technologies en fonction des besoins spécifiques et du contexte économique de chaque cabinet.

Durant le Continuum des 30 et 31 janvier 2025, nous aborderons ces questions, notamment l’intégration des évolutions numériques. Le patient digital est désormais une réalité, mais est-ce indispensable à la réussite de nos traitements ? Qu’en est-il du scanface ou de l’occlusion dynamique, et quelles sont leurs réelles valeurs ajoutées ? Nous organiserons des tables rondes, des débats et des discussions autour de ces sujets, avec des experts comme Olivier Chabreron et Olivier Boujenah. Nous ouvrirons également le débat sur les outils de positionnement des implants : les guides chirurgicaux ont-ils toujours leur place ou sont-ils supplantés par la navigation chirurgicale ? La chirurgie à main levée est-elle dépassée ? Des experts comme Frédéric Philippart, Marc Baranes et Mai Lan Tran partageront leurs analyses pour apporter des clés à ces interrogations.

Les laboratoires de prothèse seront aussi à l’honneur avec la participation de Damien Gayet et Romain Barret, qui nous présenteront leur perspective sur le flux numérique du point de vue du laboratoire.

Enfin, nous aurons l’honneur d’accueillir le Dr Patrick Palacci, une sommité en implantologie, qui nous fera part de son immense expérience et de sa vision de l’avenir de l›implantologie en 2025, en abordant ces divers aspects.

L’implantologie, comme toute thérapeutique, génère parfois des problèmes, des échecs. Quels conseils majeurs pour les prévenir et que faire quand l’échec arrive ?

Il existe trois types principaux de problèmes : les complications chirurgicales peropératoires, les complications techniques précoces dues à l’accastillage, et les complications tardives liées au vieillissement.

Pour éviter les complications peropératoires, une formation rigoureuse et l’application de protocoles stricts sont indispensables. On ne peut espérer maîtriser ce domaine avec des formations de courte durée. La maîtrise de l’anatomie, des gestes chirurgicaux, des outils de planification, ainsi que de la prothèse sur implant, nécessite un apprentissage approfondi. Ce dernier doit être réalisé dans le cadre de programmes sérieux, proposés par des organismes privés ou universitaires de référence.

Les complications précoces sont principalement d’ordre technique, souvent liées à l’accastillage : dévissages répétés, fractures de vis, arrêt de production de pièces anciennes, ou encore fractures d’implants ou de cols implantaires. La solution réside dans le choix de travailler avec des entreprises reconnues et solides, qui possèdent un département de recherche et développement actif, garantissent leurs produits sur le long terme, et proposent des études cliniques indépendantes. Il est également essentiel que ces entreprises continuent à fabriquer des pièces compatibles avec des implants posés plusieurs décennies auparavant. Il est donc crucial d’éviter les systèmes récents à bas coût, souvent choisis pour des raisons économiques, mais qui manquent de validation scientifique. Les répercussions économiques de ces choix sur les cabinets dentaires sont considérables, sans parler de l’aspect éthique.

Le troisième type de complication concerne le vieillissement des implants au fil du temps. C’est un sujet majeur que nous abordons. Nos patients vieillissent, tout comme leur traitement. Il est donc important de leur expliquer qu’un traitement « à vie » est irréaliste. Nous devons les informer que leur traitement évoluera avec le temps : la biologie change, le métabolisme se modifie, les habitudes de vie varient, et les matériaux sont soumis à des contraintes mécaniques importantes, entraînant l’usure des vis, des prothèses, etc. Il arrive que des dents soient perdues autour des implants existants. Il est donc nécessaire de réfléchir à la manière d’adapter les prothèses, par exemple en passant d’une prothèse unitaire à une prothèse partielle, ou d’une prothèse partielle à une prothèse complète.

Il est également important de sensibiliser les jeunes praticiens, souvent très enthousiastes à l’égard de l’implantologie dès leur sortie de l’université. Ils seront rapidement confrontés à ces complications, car le nombre de patients traités augmente. Comment gérer les patients traités il y a dix ou vingt ans ? Nous devons être prêts à les prendre en charge.
La perte d’implants après de nombreuses années nécessite souvent des techniques de réhabilitation complexes. Ce point sera développé lors de notre présentation avec le Dr Mickael Samama.

En résumé, notre rôle est de retarder autant que possible ces réinterventions en préparant soigneusement les sites implantaires, tant au niveau osseux que muqueux, en plaçant les implants avec précision en fonction de la prothèse à venir, et en respectant les principes biomécaniques des reconstructions prothétiques. Nous devons également sensibiliser nos patients à l’importance de leur santé générale, du tabac, des contrôles réguliers, de l’hygiène et de la maintenance de leurs implants.

Propos recueillis par Michel Bartala

Pour échanger sur tous ces sujets, nous vous donnons rendez-vous les 30 et 31 janvier 2025 à Paris
www.sapoimplant.com

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