Près de 300 professionnels étaient présents au Palais des Congrès pour entendre les conférenciers partager leur savoir sur la dentisterie traditionnelle et le monde digital. Un va-et-vient subtilement dosé a permis une juste proportion de biologie et de techniques chirurgicales entre les conférences traitant du monde numérique.
L’implant V3, invention de N. Bichacho, E. Van Dooren et Y. Jacoby, reste toujours en tête d’affiche. Les conférenciers ont tous fait l’éloge de cet implant au design innovant. La partie apicale aux spires agressives permet un bon ancrage. En présence d’un os peu dense, c’est le col de l’implant avec son design original qui prend le relais. Il présente une forme triangulaire aux côtés légèrement convexes. Seuls les angles sont en contact avec la corticale. Ainsi, un espace libre entre les côtés du triangle et l’os est ménagé. Ce hiatus sera colonisé par le sang, évitant toute compression et laissant un os néoformé apparaître.
Deuxième star du congrès, le MGuide. C’est la solution de guide chirurgical statique proposée par MIS. Avec une allure tentaculaire, ce guide ajouré, issu d’une impression 3D, est constitué d’un réseau de tubes pleins. Les conférenciers ont montré de nombreux cas d’utilisation et exprimé leur satisfaction. Les forets s’insèrent dans les tubes de guidage et, selon la sensibilité de chacun, l’implant est posé à la main, se glissant dans le forage, ou avec le guide.
Des conférences de haut niveau
Après la présentation de ces deux produits, la parole a été donnée à des universitaires, des cliniciens expérimentés pour des conférences de très bon niveau scientifique et clinique.
Des présentations ont argumenté sur l’importance de la préservation du complexe fibro-épithélial dans la prévention du développement de la péri-implantite (P. Galindo). Et même si la biologie dirige (R. Monterroso), les conférenciers ont exprimé l’intérêt du numérique pour la biologie ! Ils ont montré l’importance du rôle des protéines dans cette adhésion. Des études illustrent aussi les faibles différences histologiques entre gingivite et mucosite. Parmi les facteurs de risques, P. Galindo a signalé l’importance de la hauteur du pilier, directement corrélée à la perte osseuse. Plus le pilier est long, moins la perte osseuse est importante…
A. Mammotto a été citée à de nombreuses reprises pour ses recherches sur l’intérêt de la non-compression tissulaire.
J. A. Cardoso a pour sa part proposé une très belle conférence concrète et à la croisée des chemins de la clinique, du biologique et du chirurgical avec un travail des tissus mous exceptionnel, du numérique et un travail de laboratoire de prothèse sublime… Des résultats époustouflants.
Venu du sud de l’Espagne (Séville), P. Pavón a pour sa part proposé une intervention sur la dentisterie numérique qui anticipe la provisoire avant la chirurgie… Les tissus mous gérés à la perfection.
Les Français étaient aussi mis à l’honneur avec des conférences d’un excellent niveau : S. Kouby a ainsi présenté de magnifiques réalisations de G. Ubassy. Grande maîtrise clinique avec des choix qui pourraient être débattus par certains parodontistes. B. Cortasse a pour sa part proposé une magnifique conférence, avec une iconographie irréprochable. La gestion des tissus mous permet une intégration prothétique parfaite. Thomas Fortin a posé un cadre argumenté des conditions biologiques et anatomiques pour remplir le cahier des charges de l’implantologie du secteur antérieur. V. Ronco, à l’occasion d’une conférence très argumentée et instructive, a fait l’éloge de la technique de tunnelisation, à la fois pour la chirurgie muco-gingivale et les greffes osseuses en bloc. Il a déployé un arbre décisionnel en chirurgie muco-gingivale permettant de choisir entre traction coronaire, exposition du greffon conjonctif et morcellement du greffon.
Au final, il restera le souvenir d’un très beau congrès, de nombreuses conférences qui pourraient se résumer en quelques mots : compétences, planifications et MGuide, provisoires usinées, céramiques stratifiées. Mais en complément du thème numérique du congrès, un saupoudrage judicieux de biologie redonnant de l’humanité au propos. Une seule frustration… la visite de la ville : on retournera visiter Lisbonne et rencontrer ses habitants.
Entretien avec V. Ronco
Vous êtes utilisateur MIS, que pensez-vous du design du col du V3 ?
Sa forme permet de réduire les contraintes au col de manière significative. Il permet donc d’éviter les ischémies, notamment dans les situations postgreffe.
Quelle est votre expérience du MGuide ?
J’ai une expérience large : cas unitaires, complets, à appui dentaire ou muqueux. Il offre un excellent compromis entre rapidité et confort. Dans les secteurs antérieurs, il permet de s’affranchir du problème de la corticale palatine qui fait glisser le foret. Dans les cas complets, l’utilisation du MGuide permet de réaliser les chirurgies en un temps très limité, ce qui est préférable pour le patient et pour la réponse biologique.
Votre conférence traitait de la technique de tunnelisation en chirurgie, votre spécialité échappe-t-elle à cette révolution numérique ?
La science progresse ; j’utilise des greffons osseux dont la forme est réalisée préalablement à la chirurgie grâce au monde numérique. Là aussi, le temps opératoire est limité par le numérique.
Entretien avec B. Cortasse
Vous utilisez le MGuide. Que pensez-vous de l’environnement numérique proposé ?
C’est une solution très aboutie et très « user friendly ». Le MGuide est très ajouré et permet d’avoir une vision du site implantaire à l’image des techniques chirurgicales traditionnelles. C’est aussi très favorable pour la gestion des tissus mous.
Comment se déroule le procédé ?
Le praticien adresse les données DICOM et STL (les STL sont réalisés par son laboratoire) au MCenter qui réalise et imprime le guide MGuide. Avant toute impression, le projet est validé par le chirurgien.
Cette technique vous semble-t-elle utilisable par tout le monde ?
C’est une technique qui s’adresse à des praticiens expérimentés. En chirurgie, tout peut arriver et il faut savoir retomber sur ses pieds.
Vous présentez des cas magnifiques ; la greffe de conjonctif enfoui est-elle systématique ?
Dans le secteur antérieur je réalise au moins 80 % de conjonctif enfoui. Pour les secteurs postérieurs, c’est moins fréquent, mais je n’hésite pas non plus. S’il y a un secret, c’est l’utilisation d’une chirurgie minimalement invasive.
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