Comme pour beaucoup d’entre nous, l’obligation de fermeture du cabinet fut un choc. Annuler tous les rendez-vous, mettre les assistantes et certains collaborateurs au chômage partiel a été extrêmement dur en termes psychologiques. C’était inimaginable.
J’étais déjà inquiète de la situation en Italie depuis quelque temps, car ma vie professionnelle et privée m’y conduit souvent.
J’avais compris qu’il fallait changer très vite notre quotidien au cabinet et j’avais préparé un document titré « Mesures obligatoires à adopter au sein du cabinet dues au Covid-19 ». En pensant, très naïvement, que nous pourrions continuer à travailler en faisant attention au respect de nouvelles règles de sécurité sanitaire.
Dans un premier temps, j’ai été portée par l’action, puis sous le choc lorsque le confinement a été décrété et que nous avons reçu, de la part de nos instances professionnelles, l’obligation de cesser toute activité au sein de nos cabinets.
Du jour au lendemain, la belle frénésie de la vie professionnelle s’est arrêtée et, tout d’un coup, je me suis retrouvée seule dans mon appartement, ne pouvant organiser et gérer que les urgences au cabinet sans aucune vision sur ce qui allait arriver par la suite.
Inquiète, triste, sans information scientifique suffisante sur ce virus. Malgré mon désarroi, j’essayais de me tenir au courant sur le plan scientifique. Mais le moment était particulier, si particulier que je commençais aussi à le devenir. J’ai réalisé très vite que je portais plus d’attention à ce qui était publié sur Facebook que sur PubMed. J’ai senti que mon énergie habituelle quittait mon corps et mon âme et qu’en même temps je perdais mes repères.
Plongée dans le drame quotidien des morts par Covid-19, le thème de la « dentisterie » me semblait bien éloigné de mes préoccupations. Je trouvais presque pathétique de penser à ma vie d’avant, lorsque je répondais « le recouvrement des récessions gingivales » à ceux qui m’interrogeaient sur mon acte préféré. Et pourtant, j’adore ce que je fais, mais plus que tout j’aime partager. C’est ma passion.
Les questions tournaient en boucle dans ma tête, car nous étions bombardés jour et nuit par des milliers d’informations ; impossible de trouver un sommeil réparateur.
Combien de temps ? Combien de malades ? Combien de morts ? Combien de rétablis ? Peut-on se débarrasser de la maladie à vie ? Qu’en est-il de l’immunité ? J’ai perdu le goût et l’odorat, vais-je les récupérer ? Quand vais-je revoir ceux que j’aime ? Quand pourrons-nous rouvrir le cabinet ? Quelles vont être les conséquences financières ?
Je rêvais du moment où ce cauchemar s’arrêterait.
La distanciation sociale qui m’avait obligée à rester seule dans mon appartement, éloignée de mes êtres aimés, était aussi en train de provoquer en moi une distanciation vis-à-vis de ma passion, à savoir ma profession.
J’ai, donc commencé à faire du yoga, de la gym, de l’hypnose, j’ai enchaîné les visionnages de webinars, je me suis même mise à la cuisine !
Malgré cela je n’étais pas au top, peu d’énergie, toujours pas le cœur à partager mon savoir-faire technique, et le devenir de notre profession me préoccupait. Nous échangions chaque jour avec mes associés sur les changements et nouvelles normes à adopter, mais l’inquiétude ne me quittait pas.
Après quelques jours, Christine BL m’a proposé un accompagnement en coaching trois fois par semaine.
Le coaching ne m’avait jamais attirée jusque-là. Mais comme j’avais déjà travaillé avec elle à plusieurs reprises, je connaissais ses compétences, notamment en termes de vision et d’organisation dont j’avais besoin pour avoir une vraie vision de ce à quoi nous serions confrontés.
Je lui ai fait confiance et j’ai accepté sa proposition.
Nos rendez-vous ont ponctué, et ponctuent encore, les semaines de confinement.
Des rendez-vous agréables, attendus, où nous avons échangé, débattu, travaillé à trouver des solutions sur mesure à chaque nouveau défi, un à un, en fonction de mes valeurs et priorités.
À chaque séance, nous avons aussi travaillé des exercices psychocorporels comme la respiration (Christine est aussi sophrologue). Ce qu’elle appelle les stratégies internes versus les stratégies externes.
On comprend alors que notre corps est une clé de notre bien-être, donc de la qualité de nos pensées.
Hippocrate ne disait-il pas que « l’homme doit harmoniser l’esprit et le corps » ? C’est tellement vrai. !
J’ai rencontré Christine voici vingt ans, lorsqu’elle était directrice d’un cabinet d’orthodontie avec lequel nous traitions des patients en commun. Elle connaît toutes les facettes de notre exercice, aussi bien ses contraintes physiques qu’administratives. Depuis nos postures jusqu’au management à la gestion, elle cherche les solutions sur mesure pour chacun.
C’est la reine de l’organisation, elle voit tout et me fait rire… Avec toujours en filigrane la recherche du bien-être, indépendamment des circonstances extérieures, et l’utilisation de toutes les ressources. J’aime cette vision globale et particulière de notre profession de chirurgien-dentiste qui respecte l’unicité de chacun.
Mettre l’humain au cœur du cabinet pour servir au mieux les patients, en toute sécurité pour tous.
À l’issue de quelques séances, j’ai retrouvé ma joie de vivre et mon énergie, ce qui me permet aujourd’hui d’être concentrée sur mes priorités et efficace dans mes actions.
J’ai ainsi accepté d’animer, avec un énorme plaisir, les webinars pour lesquels j’étais sollicitée et partager notre passion : soigner au mieux.
Tout est devenu plus fluide, plus facile, comme les réunions avec mes associés, pour envisager la reprise, régler les problèmes sereinement et efficacement, bien dormir, et même saisir une opportunité que je n’aurais sans doute pas vue auparavant.
Ce confinement doit être un point de départ. Je considère désormais ce virus comme une opportunité pour prendre du recul, repenser nos organisations – ce qui se révèle obligatoire – tout en tenant compte de nos valeurs, ressources, collaborations, équipe, car le « travailler autrement » nous oblige à avoir une nouvelle vision pour prendre en considération des réglementations encore plus lourdes.
En tant que docteur en chirurgie dentaire, nos domaines de compétences sont très spécifiques. Je pense ainsi qu’un œil et des compétences externes peuvent être utiles pour nous recentrer sur ce qui compte vraiment pour nous.
Pour ma part, le recours au coaching par une personne qui connaît notre monde professionnel si particulier a été une révélation, et il est évident que je vais poursuivre cette expérience pour mettre en place nos objectifs dans le respect du bien-être de chacun.
Je sais que ce n’est pas fini, que nous entrons dans un monde inconnu avec des défis énormes à tous les niveaux. Nous allons donc devoir nous adapter, faire preuve de beaucoup d’énergie, de détermination et de certitude, mais également énormément travailler.
Nous n’avons qu’une vie, c’est maintenant.
Je nous souhaite à tous le courage et l’énergie nécessaires pour relever ce défi et je vous conseille de ne pas avoir d’idées figées sur le coaching, comme moi j’en avais moi-même.
La bonne santé du chirurgien-dentiste est essentielle à la qualité de ses soins.
Pensez aussi à vous et prenez soin de vous !
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