Quand endodontie et implantologie se rapprochent
Mettre en perspective l’endodontie avec l’implantologie peut sembler une gageure mais la démonstration pertinente du Docteur Cochet a relevé le défi. Souvent rattachée à un enjeu de conservation de l’organe dentaire, l’endodontie telle qu’il l’a présentée a rapproché deux disciplines qui, trop souvent, paraissent en concurrence.
Naturellement, l’indication de la conservation de la dent doit être clairement établie. Dans ce domaine, l’examen tomodensitométrique (scanner ou cone beam) constitue un outil diagnostique primordial et permet d’orienter la planification endo-chirurgicale guidée selon les principes de préservation osseuse. L’évaluation des risques de fractures dentaires liés à la dépose des éléments prothétiques intra-radiculaires permet parfois de privilégier une chirurgie endodontique en première intention.
Ce choix thérapeutique souvent considéré comme une intervention de dernier recours est aussi indiqué en cas d’échec à la reprise de traitement. Il convient d’effectuer un choix judicieux entre l’option du retraitement conventionnel et celle d’une chirurgie d’emblée.
La mise en place d’implant dentaire impose la suppression des foyers infectieux présents. Au maxillaire, cet impératif est renforcé par les risques infectieux encourus lors de comblements sinusiens. Le rapport entre les pathologies ORL et les infections diffuses d’origine dentaire est bien connu. L’endodontie permet l’assainissement préalable indispensable et assure une sécurité chirurgicale vis-à-vis de la phase implantaire.
Si son objectif principal vise l’élimination des facteurs bactériens, la discipline endodontique offre aussi des perspectives de réparation naturelle des tables osseuses atteintes par les infections.
Le Docteur Cochet a mis en évidence l’intérêt de l’endodontie dans la transformation des lésions intra-osseuses en volume osseux régénéré. Une fois le traitement endodontique repris et la « décompression » chirurgicale de la lésion kystique effectuée, les parois osseuses résiduelles jouent un rôle de chambre de régénération osseuse. La réparation tissulaire est progressive et doit être régulièrement réévaluée. Cette stratégie endodontique présente l’avantage de retrouver des parois osseuses au voisinage de dents compromises et donc de réduire les besoins de reconstruction pré-implantaires en cas d’avulsion ultérieure de ces dents.
L’approche chirurgicale endodontique du Docteur Cochet repose sur la réduction drastique du coefficient bactérien péri-apical en privilégiant des voies d’accès limitées (volets osseux réalisés à l’aide d’inserts de piézochirurgie, et repositionnés en fin d’intervention) et l’obturation a retro de la portion radiculaire réséquée. Une chirurgie peu invasive, conduite à l’aide d’un microscope opératoire et d’instruments adaptés, autorise ces interventions respectueuses des tissus environnants et favorise la cicatrisation et la régénération osseuse.
Du matériel innovant comme le laser Erbium semble offrir une nouvelle dimension dans l’approche du traitement endodontique. Des cas cliniques d’avulsions/réimplantations intentionnelles parfaitement maîtrisés dans leur protocole chirurgical et endodontique ont conclu de façon captivante l’échange entre le Docteur Cochet et les participants.
Cette échappée en territoire endodontique organisée par le CFLIP s’est révélée en parfaite adéquation avec les conditions recherchées en implantologie : intervenir sur un site assaini et régénéré pour limiter le risque infectieux et les besoins de reconstruction pré ou péri-implantaire. Enfin, l’approche du Docteur Cochet a permis à l’assistance de percevoir l’aspect stratégique de la thérapeutique endodontique aussi bien dans sa composante conventionnelle que chirurgicale, et de mieux cerner ses limites pour reconsidérer sous un éclairage indispensable la question « conserver ou extraire ? ».
Ce type d’échange et de partage des connaissances constitue la raison d’être du Cercle. Des intervenants renommés livrent les conclusions de leurs recherches et de leur expérience au cours des débats du CFLIP.
Si les thématiques sont originales, le sérieux scientifique étaye les argumentations.
Les échanges s’accompagnent de la convivialité qu’ont souhaitée les fondateurs et qui anime ses membres.
Dr Emmanuel Gouët
Membre du Bureau du CFLIP
Les trois prochaines soirées scientifiques du CFLIP se dérouleront à Paris, à l’Hôtel Napoléon
• Mercredi 15 juin, Docteur Benoît Philippe : « Gestion de l’espace prothétique
et du capital tissulaire à l’aide des greffes osseuses et des ostéotomies »
• Mercredi 12 octobre, Docteur Isabelle Kleinfinger : « Gestion des échecs esthétiques
en implantologie »
• Mercredi 14 décembre, Docteur Isabelle Juzanx : « L’orthodontie, un outil dans la prise en charge des maladies parodontales »
Programme complet et informations pratiques sur http://cflip.fr
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