Catherine Schubert

  • Publié le . Paru dans Profession Assistant(e) Dentaire
Information dentaire
Hygiéniste dentaire dans un cabinet de Zurich, elle exerce également dans des maisons de retraite à Genève.
Elle est aussi instructrice iTOP, programme d’apprentissage à la prophylaxie dentaire.
Elle est intervenue lors de la Journée nationale des assistantes dentaires, le jeudi 31 mars à Paris.

Vous êtes formatrice pour le programme iTOP. Qu’est-ce que c’est ?

C’est un programme développé par le Docteur Jiri Sedelmeyer et organisé par la société suisse Curaprox® pour former les équipes dentaires à la prophylaxie orale. Il existe en France depuis 2013. La philosophie de ce programme c’est que l’on ne peut pas conseiller ce que l’on ne connaît pas. En tant que professionnel dentaire, si vous n’arrivez pas, vous-même, à contrôler votre plaque dentaire, vous ne pouvez pas transmettre les bons gestes à vos patients.

Mais les chirurgiens-dentistes sont des spécialistes de l’hygiène dentaire ?

Détrompez-vous ! Sur les quelque 7 000 heures de formation d’un chirurgien-dentiste, une dizaine seulement est consacrée à l’hygiène bucco-dentaire et encore, de façon théorique ! Cela vous donne l’ampleur de la tâche.
iTOP est une formation en trois étapes.
Une journée d’introduction qui permet d’apprendre les bons gestes, de les pratiquer sur soi-même.
Un deuxième niveau, sur deux journées, après lesquelles tous les participants sont à l’aise pour transmettre leur savoir aux patients.
Enfin, un dernier niveau, plus poussé, sur une semaine, où nous assurons la formation de futurs formateurs du programme.

Comment, concrètement, formez-vous les équipes dentaires ?

Du nettoyage des espaces interdentaires avec une brossette à la technique du fil dentaire atraumatique, en passant par l’utilisation de la brosse à dents à soies souples et denses ou à l’apprentissage de la méthode « solo » avec la single brush, les participants intègrent, en pratique, les éléments incontournables d’une bonne prophylaxie : un nettoyage des dents acceptable pour le patient, efficace et atraumatique. Une grande partie du travail consiste à désapprendre les mauvaises habitudes.
Les équipes dentaires vont pouvoir individualiser les conseils d’hygiène qu’elles donnent aux patients parce que chaque bouche est différente. Un même type de brosses à dents ou de brossettes ne conviendra pas à tous les patients et, dans une même bouche, les espaces interdentaires varient. Nous apprenons, enfin, à tous les participants à prendre du recul, à réfléchir aux critères de choix des équipements qu’ils conseillent aux patients : l’acceptabilité, l’efficacité et l’aspect atraumatique. C’est capital. Ce que l’on enseigne aux patients leur servira toute leur vie.

Pourquoi, selon vous, si peu de cabinets dentaires français insistent auprès de leurs patients sur la prophylaxie orale ?

Parce qu’elle n’est pas valorisée dans votre système de santé. On en parle insuffisamment. Les autorités ne sont sans doute pas conscientes des bénéfices non seulement dentaires, mais de santé générale que cela représente. Si une consultation de prévention était prise en charge par la Sécurité sociale, les choses évolueraient sans doute. Mais je connais des praticiens français qui ont été très surpris de la réaction des patients dès qu’ils ont commencé à évoquer le contrôle de plaque avec eux. Ils sont très intéressés, demandeurs. Or, des patients avec une bouche et des dents saines n’ont plus d’appréhension à venir chez leur dentiste et ne se demandent plus quelle mauvaise nouvelle va leur tomber sur la tête. Exemptés du problème des soins courants, ils se tournent plus volontiers vers des demandes esthétiques, de blanchiment, d’implants, de gouttières orthodontiques… dont la valeur ajoutée est plus intéressante pour le cabinet. C’est en tout cas ce que nous constatons en Suisse et il n’y pas de raison que cela soit différent en France.

La Suisse, pays de cocagne pour futures hygiénistes

La confédération compte environ 2 300 hygiénistes, des femmes quasi exclusivement. Le métier y a été créé en 1975, et a son origine aux États-Unis. La formation (diplôme d’hygiéniste dentaire) s’effectue en 3 années postbac ou, pour les assistantes en activité, après avoir validé une formation complémentaire. Les hygiénistes travaillent principalement dans les cabinets privés où, le plus souvent, un fauteuil dentaire leur est dédié. Elles partagent généralement leur temps entre plusieurs cabinets (2 ou 3), situation parfois difficile à gérer (vacances, etc.), mais qui offre de la souplesse (la plupart travaillent à temps partiel). Les hygiénistes sont aussi appréciées dans les écoles, les hôpitaux, les entreprises parfois. Particularité de certains cantons : la possibilité de travailler dans un cabinet indépendant. Il existe environ 70 cabinets d’hygiénistes
où se côtoient leur propre patientèle et des patients référés par des chirurgiens-dentistes.

La liste des tâches que l’hygiéniste peut légalement effectuer paraît incroyable vue d’ici
– Elle informe ses patients sur la formation et les causes des affections dentaires et parodontales et leur apprend à lutter contre les affections dentaires et leur prévention (brossage, hygiène, nutrition, santé générale).
– Elle procède à l’examen clinique et radiologique. L’hygiéniste ne peut réaliser des radios que dans le cadre d’un cabinet dentaire. Elle ne peut pas posséder d’installation radiologique si elle travaille dans une structure indépendante. Elle demande à ses patients de réaliser leurs radios dans un cabinet de radiologie, ou d’amener les radiographies, faites par leur dentiste. Elle détecte les altérations de la gencive, de l’émail et de la dentine, établit la présence de plaque et de tartre, de caries, le degré d’inflammation gingivale et l’existence de poches parodontales (indices de saignement, relevé de poches parodontales, tests bactériologiques etc.).
– Elle élimine les dépôts de plaque et de tartre. Elle procède à des détartrages sub et sous-gingivaux.
– Elle polit les amalgames et enlève les débordements d’obturation.
– Elle applique diverses méthodes de fluoration.
– Elle participe aux campagnes pour la santé avec le concours de partenaires (chirurgiens-dentistes, personnel médical, institutions, entreprises, etc.).

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