En 2013, dans les grandes sections de maternelle, si 16 % des enfants de 5-6 ans présentent au moins une dent cariée (5,5 % une et 10,5 % deux ou plus), seuls 8 % des enfants de cadres sont dans ce cas contre 30 % des enfants d’ouvriers. « Si l’on constate une stabilisation depuis 2006, ces indicateurs restent néanmoins marqués par de fortes inégalités sociales, qui ne se résorbent pas », souligne une enquête de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) réalisée en 2012-2013 auprès de 18 793 enfants répartis sur tout le territoire. « Les enfants d’ouvriers sont 24 % à présenter des dents cariées non soignées, contre 4 % des enfants de cadres, proportions proches de ce qui était observé en 2005-2006 », note la DREES.
L’enquête montre une fois de plus le lien entre prévention bucco-dentaire et faible prévalence des caries. Ainsi, les enfants qui utilisent leur brosse à dents au moins une fois par jour ont deux fois moins de dents cariées que ceux qui se brossent rarement, voire jamais les dents. Selon les dires des parents, 55 % des enfants se brossent les dents plusieurs fois par jour, 37 % une fois par jour, 7 % quelques fois par semaine et 1 % jamais. Si 60 % des enfants de cadres se brossent les dents plusieurs fois par jour, ils ne sont que 47 % parmi les enfants d’ouvriers.
De la même manière, 56 % des enfants de cadres ont déjà consulté un chirurgien-dentiste en dehors du cadre scolaire et des consultations gratuites proposées par l’Assurance maladie (MT’Dents), contre 40 % pour les ouvriers et 47 % en moyenne. Les consultations préventives représentent 81 % des consultations des cadres, contre 48 % pour les enfants d’ouvriers. Ces derniers consultent majoritairement à titre curatif (52 % contre 19 % pour les cadres). De façon concomitante, le recours aux soins en cas de caries est aussi moins fréquent chez les enfants d’ouvriers : alors que, parmi les enfants ayant des caries, 45 % des enfants de cadres restent avec des dents non soignées, le pourcentage s’élève à 77 % chez les ouvriers. Quant aux habitudes alimentaires, « les enfants d’ouvriers sont 31 % à consommer quotidiennement des boissons sucrées contre 8 % des enfants de cadres, relèvent les auteurs. Ces derniers prennent plus souvent un petit-déjeuner chaque jour, passent moins de temps devant un écran d’ordinateur, de télévision ou de jeux vidéo, autant de facteurs connus pour leurs effets sur le poids ». Car l’étude montre aussi l’influence des inégalités sociales sur le poids. Ainsi, parmi les enfants de cadres, 7 % sont en surcharge pondérale et 1 % obèses, contre respectivement 16 % et 6 % chez les ouvriers.
Caries : les inégalités sociales plombent dès le plus jeune âge
- Publié le . Paru dans L'Information Dentaire
Commentaires