Calculer le seuil de rentabilité

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  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire (page 48-49)
Information dentaire
Parmi tous les indicateurs de gestion, s’il en est un à avoir à l’œil en quasi-permanence, c’est bien celui-ci ! En effet, le seuil de rentabilité permet de savoir à partir de quel moment et sous quelles conditions, le cabinet gagne de l’argent.

Françoise Sigot

Point mort ou seuil de rentabilité, peu importe l’appellation que l’on retient, ce qu’il faut avoir en tête c’est l’importance de cet indicateur comptable. « Il est essentiel de le calculer et de retenir plusieurs hypothèses en fonction des priorités pour le cabinet et pour le ou les chirurgiens-dentistes qui y exercent », résume Julien Fraysse, expert-comptable au sein du cabinet Oleane. Ainsi, en ayant bien en tête le seuil de rentabilité, c’est-à-dire le moment où le chiffre d’affaires réalisé va permettre au cabinet d’être rentable, il devient possible de piloter son activité en pleine conscience. « Sans connaître le seuil de rentabilité, on navigue à vue », estime Julien Fraysse.
 

Son intérêt

Et pour cause, le seuil de rentabilité représente le niveau minimum de chiffre d’affaires que le cabinet doit réaliser pour couvrir l’ensemble de ses charges. En deçà de ce seuil, le chirurgien-dentiste travaille à perte. Au-delà, il gagne de l’argent et pérennise son activité. En connaissant ce point mort, le chirurgien-dentiste peut donc adapter sa charge de travail ou ses tarifs pour que son cabinet ne perde pas d’argent. Cet indicateur variant en fonction du niveau de charges, il est bien évidemment fluctuant. C’est pourquoi il doit être calculé en prenant différentes hypothèses. « Il y a des moments où l’on aura besoin de réaliser des investissements dans le cabinet. D’autres où le praticien aura besoin de plus de liquidités pour son usage personnel. Ces situations doivent être anticipées, car elles ont des conséquences sur le seuil de rentabilité », prévient l’expert-comptable qui poursuit : « En tout état de cause, la notion de seuil de rentabilité est essentielle pour le praticien dentaire, car elle lui permet de déterminer le niveau de chiffre d’affaires à atteindre afin de couvrir les frais de fonctionnement de son cabinet ainsi que sa rémunération. » L’estimation du seuil de rentabilité peut se faire à partir d’éléments connus, mais une simulation à partir de prévisions peut également être effectuée pour anticiper différentes situations. En fondant le seuil de rentabilité sur des données prévisionnelles, il devient un indicateur essentiel pour avoir une approche réaliste d’un projet d’investissement dans du nouveau matériel par exemple.
 

Son calcul

Pour bien avoir cet indicateur en tête, un calcul simple est à réaliser. « Le seuil de rentabilité, dit SR, se détermine ainsi : SR = frais fixes/taux de marge sur coûts variables », explique Julien Fraysse. La marge sur coûts variables résulte de la différence entre les recettes dégagées et les coûts directs affectés, à savoir principalement les consommables et la prothèse, dans le cas d’un cabinet dentaire. Font aussi partie des frais variables, les frais de mission, de réception, les timbres, les factures de téléphone, les consommables et la papeterie et autres charges d’activité qui sont directement liées à la réalisation du chiffre d’affaires. Concernant les frais fixes, ils sont constitués par les charges qui ne varient pas en fonction du niveau de chiffre d’affaires, du moins pas avant de franchir certains paliers. Ainsi, ces frais fixes incluent notamment le loyer, les assurances, les crédits-bails, les charges de copropriété et les salaires et charges sociales sous réserve que ceux-ci ne prévoient pas une part calculée en fonction du chiffre d’affaires.
 

Son bon timing

Si la formule de calcul est simple et constante, le « bon moment » pour calculer ce seuil de rentabilité est très fluctuant. Il est toutefois indispensable lors de la création d’un cabinet ou d’une reprise, puisqu’il permet de savoir sous quelles conditions la structure sera viable. Plusieurs hypothèses de chiffre d’affaires et de niveau de charges doivent alors être prises en compte, afin de disposer d’une idée fiable de l’activité du cabinet en périodes fastes et à l’inverse en des temps plus tendus. Par ailleurs, le seuil de rentabilité constitue un élément incontournable du business plan à soumettre, notamment au banquier. Passé cet impondérable, il est bon de surveiller en permanence le seuil de rentabilité et donc de le calculer régulièrement. « La vie d’un cabinet dentaire n’étant pas un long fleuve tranquille, l’actualisation du calcul du seuil de rentabilité doit être réalisée de façon régulière. Ainsi, le praticien dentaire pourra tenir compte des investissements à opérer au cabinet et de leurs modalités de financement, de l’embauche de personnel qualifié, de l’évolution de la rémunération du praticien et des charges sociales afférentes. Il faut également être attentif au régime fiscal du praticien et son mode d’exercice en solo ou en cabinet de groupe car, en fonction de ce régime fiscal, la détermination du seuil de rentabilité peut être plus ou moins complexe », prévient l’expert-comptable. En effet, en optant pour le régime de l’impôt sur les sociétés, l’impôt est acquitté par la structure, de fait c’est une charge qu’il faut également couvrir et donc intégrer au calcul du seuil de rentabilité.

En calculant le seuil de rentabilité du cabinet trois à quatre fois par an en moyenne, le praticien dispose donc d’une base solide pour déterminer ses tarifs et suivre la rentabilité de son activité, en fonction de la réalité économique du cabinet. Ce faisant, il peut arbitrer en pleine conscience entre différents projets et donc, au final, il garantit la pérennité de son cabinet.
 

Cas pratique

Le cabinet du Docteur X présente un total de frais fixes
de 400 000 euros, rémunération et charges sociales du praticien inclus.
Si son taux de marge sur coûts variables
est de 78 % (sur 100 euros de recettes dégagées,
22 euros correspondent aux consommables et prothèses),
alors le seuil de rentabilité est de 513 000 euros.
En effet : 400 000/0,78 = 512 820

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