Les nuages s’amoncellent sur les centres dentaires low-cost. Depuis plusieurs années maintenant, la profession, syndicats et Ordre en tête, dénoncent sans relâche les pratiques de ces centres : sur-traitements, absence de soins conservateurs, publicité, absence de prise en charge des enfants… Avec peu de résultats visibles. Mais, depuis le début du mois de février, le sujet semble “infuser” dans les médias. Enfin, pourrait-on dire. Les témoignages de patients floués, de praticiens salariés mécontents de leurs conditions de travail, ou dénonçant les pratiques commerciales de leurs employeurs, fleurissent. Il faut dire que l’une de ces enseignes, Dentexia, n’est pas au mieux. En redressement judiciaire depuis la fin 2014, plusieurs centres en Ile-de-France et à Lyon viennent de fermer. Celui de Lyon, objet d’une visite de l’ARS Rhône-Alpes, a été fermé pour raisons sanitaires (lire ici >>>).
Des patients en cours de traitement, qui le plus souvent ont déjà payé la totalité de leurs implants ou prothèses, trouvent donc portes closes et crient au scandale. Les plaintes se multiplient. Un « collectif contre Dentexia » (www.collectif-contre-dentexia.com) a vu le jour en janvier dernier. Il regrouperait 677 victimes. Objectifs : trouver et partager les informations sur la situation du réseau, témoigner, porter plainte et tenter se faire indemniser. « Nous attendons au moins un millier de plaintes de patients dans l’année, estime Gilbert Bouteille, président de l’Ordre national des chirurgiens-dentistes, dans l’édition du Parisien du 11 février. Ces cabinets low-cost ont une stratégie de publicité et de marketing redoutable, mais à court terme. Certains cachent en fait un business, une nébuleuse d’organismes de formation et d’établissements de prêts. Vous arrivez. La secrétaire vous reçoit, vous fait une radio panoramique et un devis. Si vous trouvez ça trop cher, elle vous met en lien avec un organisme de crédit. Le truc, c’est que pour avoir les fonds, vous signez que les soins ont déjà été faits. » Selon le collectif, « trois repreneurs, dont deux sérieux, auraient présenté leur projet de reprise [de Dentexia], incluant la reprise de la patientèle et donc l’assurance de la continuité des soins ». La décision définitive du tribunal et l’identité du repreneur pourraient être connues fin février.
Dans un entretien accordé au quotidien 20 minutes le 10 février, Pascal Steichen, président de Dentexia, s’estime victime de « la pression » que l’Ordre des chirurgiens-dentistes ferait peser sur les praticiens salariés qui travaillent dans les centres Dentexia ou qui voudraient y travailler. Il dénonce également le « boycott » dont il fait l’objet de la part des industriels. « Nos dentistes sont harcelés, dit-il. Ils reçoivent des SMS la nuit où on leur dit : « Si tu continues à bosser pour Dentexia, tu creuses ta tombe. Tu as fait 6 ans d’étude pour rien, tu travailles pour un arnaqueur. » Ils sont convoqués pour rien à l’Ordre. Donc, je n’ai pas les dentistes, je n’ai pas les produits et j’essaie de me battre. »
Selon des chiffres avancés par la CNSD, depuis 2010, un peu plus de 100 centres dentaires low-cost ont ouvert en France et 65 de ces centres sont en activité déclarée en février.
Avis de tempête sur les centres dentaires low-cost
- Publié le . Paru dans L'Information Dentaire
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