Il aura fallu plus de deux ans pour que le groupe de travail, dans lequel sont réunis notamment les assistants dentaires via leurs syndicats, les syndicats de chirurgiens-dentistes, l’Ordre, l’Académie nationale de chirurgie dentaire, le ministère de la Santé et les centres de santé, finisse par s’accorder. La publication de la loi de Santé, le 26 janvier 2016, avait fait entrer les assistants dentaires au Code de la santé publique. Puis, un premier décret d’application de cette loi, publié le 3 décembre 2016, avait fixé les bases essentielles du métier (accueil des patients, gestion du risque infectieux, gestion et suivi du dossier patient, information et éducation des patients à la santé bucco-dentaire, etc. Lire PAD de janvier/février 2017).
Ce nouveau décret amène une pierre de plus à l’édifice du métier d’assistant dentaire, devenu profession de santé. Désormais, en libéral comme dans le secteur public, aucun assistant ne peut travailler sans être diplômé. Le titre d’assistant dentaire est obtenu par la formation en contrat de professionnalisation, l’apprentissage, par la formation professionnelle continue, la validation des acquis de l’expérience professionnelle (VAE) ou par la formation initiale. « J’invite les assistants qui n’ont pas le titre à le passer au plus vite par la VAE, indique Françoise Lepouchard, secrétaire générale de la Fédération nationale indépendante des syndicats des prothésistes et assistants dentaires (FNISPAD), premier syndicat de salariés dans les cabinets dentaires (42 % des suffrages aux dernières élections de janvier 2017).
Car avec le décret déjà paru et le référentiel publié aujourd’hui, le métier est clarifié, codifié. Les employeurs ne peuvent plus faire passer une secrétaire pour une assistante. Des contrôles auront lieu. Le contenu des activités réalisables par les assistant(e)s dans le cabinet, « sous la responsabilité et le contrôle effectif du chirurgien-dentiste », et les compétences à acquérir pour y parvenir sont largement détaillées dans le décret, à savoir : les gestes avant, pendant et après les soins ; l’accueil des patients et la communication à leur attention ; l’information et l’éducation des patients à la santé bucco-dentaire ; l’entretien de l’environnement de soins, des matériels liés aux activités et la gestion du risque infectieux ; la gestion et le suivi du dossier du patient ; le recueil, la transmission des informations, la mise en œuvre de la traçabilité ; l’accueil, l’accompagnement des assistant(e)s dentaires en formation et l’amélioration des pratiques professionnelles.
La formation reste aux mains des organismes de formation agréés par la Commission paritaire nationale de l’emploi et de la formation professionnelle. « Sur le contenu des formations et des compétences, il n’y a rien de fondamentalement nouveau, estime Françoise Lepouchard. Mais tout est précisé, hiérarchisé, il n’y a plus de surprise sur le contenu ou les principes pédagogiques utilisés. » La durée de la formation est de 1 878 heures réparties en 343 heures de théorie et 1 535 heures de formation pratique, sur dix-huit mois, en alternance.
Si ce nouveau décret est baptisé « Assistante 1 » par les négociateurs, c’est parce qu’un nouveau décret « Assistante 2 » est en cours de discussion. Ce dernier ouvrirait la voie à un nouveau diplôme accessible à partir du niveau bac, puis seulement validé après trois ans d’expérience en cabinet. Le contenu de ce « niveau 2 » pourrait faire sensation, avec l’introduction d’un modèle proche de l’hygiéniste dentaire, en tout cas avec des délégations de tâches.
En attendant ce nouveau décret, plusieurs autres pourraient être publiés avant la fin de l’année, permettant de proposer aux assistants des formations complémentaires (une centaine d’heures) en paro-implanto-chirurgie, orthodontie, et gestion administrative.
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