Après avoir passé au crible le métier d’assistante dentaire à travers l’Europe, notamment en Belgique, au Royaume-Uni, au Danemark, en Allemagne, en l’Italie et en Roumanie, l’Observatoire des métiers des professions libérales (OMPL) dans une étude publiée le 21 janvier, suggère, pour la France, l’introduction de la délégation d’actes (comme la radiographie ou la création du métier d’hygiéniste dentaire) et la structuration des parcours professionnels (avec notamment des formations continues certifiantes) pour améliorer l’attractivité du métier.
Ce travail, réalisé à la demande de Commission paritaire nationale de l’emploi et de la formation professionnelle (CPNEF-FP) doit permettre à cette dernière, composée de représentants des syndicats de salariés et de patrons des cabinets dentaires, de proposer aux pouvoirs publics des pistes d’évolution du métier face aux enjeux actuels : concurrence des centres dentaires, regroupements des cabinets, mobilité des salariés à travers l’Europe, rentabilité, demande de soins préventifs ou spécialisés, etc.
La CPNEF-FP a déjà bien avancé sur le sujet et dessiné à l’ADF les contours de ce que pourrait être le métier de « l’assistant(e) dentaire de niveau 2 » (lire ici).
L’étude décrit quatre organisations types de cabinets dentaires. L’Allemagne et le Royaume-Uni avec des équipes élargies (10 à 15 professionnels), diversifiées, aux assistantes dentaires spécialisées en deux filières « soins » et « administration », ayant recours à la délégation d’actes via des formations certifiantes.
Le Danemark, « une exception » avec des équipes plutôt élargies (8 à 10 professionnels), diversifiées, aux assistantes dentaires polyvalentes pouvant réaliser des actes délégués dès l’issue de la formation initiale, et incluant une part de substitution via les hygiénistes.
La Belgique et l’Italie : avec à l’instar de la France, des équipes de plus petite taille (4 à 6 professionnels) et polyvalentes, au management centré autour du chirurgien-dentiste où délégation et substitution d’actes sont peu à peu intégrées via la création récente de la profession d’hygiéniste dentaire.
Enfin, la Roumanie avec des équipes de taille modérée (6 à 8 professionnels) et polyvalentes n’intégrant pour l’instant aucune délégation ni substitution. Le métier d’assistante dentaire y est en structuration.
La délégation d’actes existe dans cinq des six pays étudiés, la substitution dans quatre. « La délégation et la substitution ont prouvé leur efficacité : à la fois levier économique pour les cabinets, levier de santé dentaire pour les patients et les systèmes de santé, et levier d’évolution pour les personnels », souligne l’étude.
Quant au métier lui-même, il est finalement assez homogène sur le continent. « L’organisation de base des cabinets européens s’articule autour de chirurgiens-dentistes généralistes, d’assistantes dentaires et de fonctions support (secrétariat, accueil), constate l’étude. Le binôme chirurgien-dentiste/assistante dentaire occupe toujours une position centrale, réaffirmant ainsi le caractère structurant du travail à quatre mains ». Avec en plus, comme en France, l’assistance à la périphérie des soins (stérilisation,…) et des tâches administratives relatives aux dossiers patients.
Mais contrairement à la France, « le métier d’hygiéniste dentaire se diffuse progressivement : émergent en Belgique et en Italie, il est plus solidement installé au Royaume-Uni, au Danemark et en Allemagne » souligne les auteurs. L’hygiéniste réalise des missions « socle » d’examen et de diagnostic, et des soins prophylactiques, voire des soins conservateurs sans anesthésie. Ces missions sont effectuées avec un degré d’autonomie variable : actes uniquement délégués en Allemagne, substitution limitée en Italie et en Belgique, et très étendue au Royaume-Uni et au Danemark, où l’exercice indépendant est même possible.
Sans aller forcément jusque-là, l’OMPL estime que les cabinets dentaires doivent faire leur « mue, vers une organisation plus rationalisée, élargie et spécialisée ».
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