« Assistant(e)s dentaires qualifié(e)s de niveau 2, où en sommes-nous ? », se demandait une table-ronde organisée lors de la Journée nationale des assistantes dentaires (JNAD) le 7 avril à Paris. « La profession est prête, il ne manque plus qu’une volonté politique pour faire avancer ce dossier », répond Marie Tourterel, chirurgien-dentiste (Les CDF) membre de la Commission paritaire pour l’emploi et la formation professionnelle (CPNE-FP) instance composée de représentants des syndicats patronaux et salariés chargée de travailler sur le sujet.
Sur le fond, les délégations de tâches attribuées aux futur(e)s Assistant(e)s en Médecine Bucco-Dentaire (AMBD) révélées lors du congrès de l’ADF fin novembre, qui font consensus, n’ont pas évolué (lire ci-dessous). Reste la forme. Le dossier, désormais porté par l’Ordre des chirurgiens-dentistes, a été déposé par celui-ci au ministère de la Santé et à la Direction générale de la santé (DGS). Les possibles relais politiques, députés et sénateurs, ont été alertés, mais il faut désormais laisser passer les élections présidentielles et législatives pour espérer voir la tutelle bouger.
« Même si le dossier avançait juste après les élections, il faudrait à peu près deux ans pour voter une loi autorisant les AMBD à faire des radios et négocier avec le ministère le contenu des référentiels métier, estime Marie Biserte chirurgien-dentiste (FSDL) également membre de la CPNE-FP. Avec les deux années de cursus prévues nous ne verrons les premièr(e)s AMBD que dans 4 ans au mieux ».
Les intervenants ont par ailleurs rappelé, à toutes fins utiles, que tel qu’il est actuellement conçu, l’AMBD était un nouveau métier à part entière et n’ont pas une évolution du métier actuel d’assistante(e) dentaire. Pour accéder à la formation, outre l’expérience minimum de deux ans requise au sein d’un cabinet dentaire, il y aura une sélection sur test et entretien. « La formation durera deux années et demandera un niveau bac minimum, souligne Marie Tourterel. Nous ne voulons envoyer personne au casse-pipe. Toutes les assistantes ne deviendront pas AMBD ».
AMBD : les délégations de tâches prévues
Un(e) AMBD, toujours « sous la responsabilité et le contrôle effectif » du chirurgien-dentiste, sur sa prescription et uniquement sur des dents saines (non pathologiques), pourra :
- pré-consultation :réaliser l’anamnèse médicale et renseigner le dossier médical, remplir le schéma dentaire après examen buccal, s’assurer du consentement éclairé du patient, enseigner la nécessité d’une hygiène bucco-dentaire rigoureuse et prescrire du matériel permettant le contrôle de plaque, effectuer les tests salivaires PST (facteurs de risques parodontaux) ;
- actes prophylactiques :appliquer gels et vernis fluorés sur tissus sains, sceller des sillons, réaliser un aéropolissage, faire un détartrage supra-gingival et un polissage ;
- actes prothétiques :nettoyer des prothèses (extra-oral), remplacer un pansement provisoire, préparer des modèles d’études en plâtre (coulée, taille) et réaliser des gouttières, donner des explications au patient sur la mise en place et l’entretien des prothèses amovibles ;
- actes ODF :essayer des gouttières de transfert (collage indirect) et, après leur mise en place par le praticien, polymériser, faire l’essayage de gouttières passives, contrôler l’intégralité des attelles et les recoller, poser des séparateurs, déposer arcs et ligatures, poser une protection sur un bracket en cas de blessure, montrer au patient l’activation d’un vérin disjoncteur ;
- actes radiographiques :réaliser des radiographies intrabuccales de diagnostic, extra-buccales (panoramique, téléradiographie) (doses inférieures à 30 mSVt), faire des photographies intra et extra-orales ;
- actes de chirurgie :préparer et accompagner le patient avant et après l’acte opératoire, gérer l’asepsie intra et extra-orale, assurer une surveillance post-chirurgicale, contrôler l’hémostase post-chirurgicale, retirer des fils ;
- parcours du patient :donner des conseils, pré, per et post-opératoires, présenter aux patients des plans de traitement et des devis, éduquer à la santé bucco-dentaire individuelle et collective (EHPAD), former des aidants, éduquer à la santé après formation (addictions, obésité, etc.), contrôler et évaluer des séances d’hygiène et de contrôle de plaque.
On notera l’absence des prises d’empreintes manuelles ou optiques qui sont pourtant monnaie courante, notamment en ODF.
Les formations
Les assistant(e)s avec au moins deux années d’expérience, et après entretien et test de niveau, pourront suivre des formations de 600 à 800 heures en alternance pendant 24 mois, dont « 2 mois intensifs » (hors cabinet). En plus d’un tronc commun, trois spécialités seront proposées (médecine bucco-dentaire, prophylaxie, imagerie) ainsi que des unités d’enseignement complémentaires en chirurgie, ODF, endo-paro et prévention.
Seront également éligibles à ces formations les titulaires d’une licence option santé, les diplômés d’État (infirmier, etc.) après 6 mois de stage en cabinet comme AD1 et une évaluation. Les hygiénistes de l’Union européenne obtiendront directement ce titre d’AMBD après contrôle (notamment de niveau de langage) d’une « Commission assistant dentaire » spécifique.
Plusieurs questions restent à trancher : le nombre d’AMBD à former chaque année pour couvrir les besoins, le financement de la formation, le nombre d’AMBD par praticien (en principe pas plus d’un) et les salaires. Ces derniers pourraient rejoindre les niveaux de ceux des hygiénistes en Allemagne, autour de 2 200 € nets à temps complet (35 heures).
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