L’utilisation d’une aspiration haut débit au fauteuil est ressentie par les chirurgiens-dentistes et les assistant(e)s dentaires comme une protection plutôt bénéfique face au risque d’exposition aux bioaérosols. La fiabilité mais aussi le confort visuel au cours des soins sont également appréciés.
Les avis sont en revanche plus mitigés, voire critiques, concernant le confort postural et auditif, notamment par les assistantes.
Telles sont les conclusions d’une étude de l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) publiée le 27 mars (à télécharger ci-dessous). Ce travail, principalement mené par la Faculté d’odontologie de Lorraine, s’appuie sur les réponses de 260 chirurgiens-dentistes et 134 assistant(e)s dentaires à un questionnaire en ligne.
Parmi les chirurgiens-dentistes répondants, 85,3 % ont déclaré utiliser un système d’aspiration haut débit : 64 % le manipule ponctuellement au cours des soins en complément de leur assistant(e), 27,5 % sont les seuls utilisateurs (praticien non assisté) et 8,5 % ne le manipule pas du tout. Les 14,7 % de praticiens n’utilisant pas ce système ne sont pas équipés et/ou considèrent la pompe à salive suffisante.
A la question, « vous sentez-vous protégé vis-à-vis du risque aérosol ? », un tiers (33 %) des chirurgiens-dentistes répondent « beaucoup » et « tout à fait », la moitié « moyennement » (55,2 %), 11,8 % « peu » mais aucun « pas du tout ».
Coté assistant(e)s dentaires, 37,6 % se sentent protégés « beaucoup » et « tout à fait », 42,9 % « moyennement » et 14,3 % « pas du tout ».
Plus de 8 chirurgiens-dentistes sur 10, (85,3 %) déclarent que la réduction de la concentration en bioaérosols est bien le motif de leurs recours à l’aspiration haut débit mais au même titre que « garder le site au sec » et « assurer la visibilité ».
Courbatures, douleurs et gênes au dos
En revanche, le confort postural et le confort auditif sont sévèrement jugés.
Le confort auditif est évalué comme « mauvais » par 38,9 % des praticiens et même « très mauvais » par 28,1 % d’entre eux. Idem pour les assistant(e)s : ils « très mauvais » (34,6 %) et « mauvais » (30,1 %).
Le confort postural est aussi significativement moindre chez les assistant(e)s. Il n’est estimé « bon » ou « très bon » par seulement 28,7 % des premières (versus 49,5 % pour les praticiens), « moyen » pour 39,5 % (versus 36,1 %) et « mauvais » à « très mauvais » pour 31,8 % (versus 14,4 %).
Les assistant(e)s déclarent en effet un nombre important de courbatures, douleurs et gênes, au dos pour 91,1 % d’entre elle, au cou (83,3 %), aux épaules (82,8 %), aux poignets ou doigts (65 %) ainsi qu’aux coudes (26,4 %).
Face à ces désagréments les praticiens réduisent son utilisation, parfois plusieurs fois par jour, y compris à « un moment où elle aurait pourtant été nécessaire ».
« Des efforts de conception des systèmes, par exemple de la canule pour éviter une flexion du poignet ou du tuyau pour en faciliter la manipulation, pourraient s’avérer pertinentes pour en faciliter l’utilisation », concluent les auteurs. Objectif : « éviter une réduction de l’utilisation de l’aspiration alors qu’elle aurait été nécessaire et ne pas participer à l’exposition à d’autres risques ».
Télécharger l’étude : Utilisation de l’aspiration haut débit en dentisterie : bénéfices et contraintes perçus chez les chirurgiens-dentistes et les assistants dentaires
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