La Haute autorité de santé (HAS) annonce le 25 juin qu’elle va mettre à jour au cours de l’année à venir ses recommandations de bonnes pratiques en matière de prescription des antibiotiques en pratique bucco-dentaire.
L’autorité a été saisie par le Conseil national professionnel (CNP) des chirurgiens-dentistes arguant de la nécessité d’une actualisation des recommandations de l’AFSSAPS (ancienne HAS) qui, il est vrai, datent de… 2011.
« Ces recommandations ne correspondent plus aux données acquises de la science et la France reste au 4ème rang des plus gros consommateurs d’antibiotiques en Europe », souligne la HAS dans sa « note de cadrage ».
D’après les données de Santé publique France (novembre 2023), la consommation globale d’antibiotiques en secteur de ville au cours de l’année 2022, a augmenté de 16,6 % par rapport à 2021, année déjà marquée par une progression de 14 %. Elle retrouve un niveau légèrement inférieur à celui observé en 2019, avant la pandémie.
Si les médecins, généralistes et spécialistes, sont les plus gros prescripteurs (87,5 % du total des prescriptions), les chirurgiens-dentistes sont à l’origine de 12,3 % d’entre elles. « Leurs prescriptions ont progressé depuis 2012 (+ 0,6 % par an en moyenne) et, malgré la baisse observée en 2020, elles étaient en 2022 à un niveau légèrement supérieur à celui atteint en 2019 », souligne SPF. Les prescriptions repartent donc à la hausse.
Selon un bilan de l’assurance maladie publié en juillet 2022, « 66 % des prescriptions en odontologie ne sont pas indiquées car elles ne répondent pas à une infection avérée ou à une situation nécessitant une antibioprophylaxie et 19 % des prescriptions sont des molécules peu recommandées en odontologie et génératrices d’antibiorésistance (pristinamycine, doxycycline, spiramycine-métronidazole) ».
Si le premier antibiotique prescrit par les chirurgiens-dentistes est l’amoxicilline (56 % des consommants), on trouve en deuxième et troisième positions les associations spiramycine-métronidazole et amoxicilline-acide clavulanique, alors qu’elles ne sont recommandées qu’en seconde intention.
« Une analyse des prescriptions montre que les durées de traitement varient beaucoup selon les prescripteurs, alors que les recommandations préconisent 7 jours (sauf pour l’azithromycine) », soulignait également la CNAM dans ce document.
La HAS va donc mettre sur pied plusieurs groupes de travail avec pour objectifs de publier des recommandations de bonnes, d’harmoniser les pratiques professionnelles et de réaliser des fiches pratiques à destination des praticiens et des patients. Le tout, en principe, pour le mois de juin 2025.
« En raison de l’augmentation de l’antibiorésistance et du manque de nouveaux antibiotiques disponibles, l’utilisation rationnelle des antibiotiques est indispensable », rappelle la HAS. En France, 5 500 décès sont liés à une infection résistante aux antibiotiques.
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