Taxer plus le vin, interdire la publicité de l’alcool sur internet, mieux limiter l’accès aux mineurs, renforcer les avertissements sanitaires,… une « expertise collective » de l’Inserm dévoile le 4 juin ses recommandations pour réduire les dommages liés à l’alcool.
« L’alcool est une drogue, une molécule cancérigène et toxique pour de nombreux organes, souligne l’Inserm. En France, des niveaux élevés de consommation touchent à la fois les jeunes et les séniors ». Expérimentée pour la première fois à l’adolescence, la consommation d’alcool devient régulière (10 fois ou plus/mois) pour 8 % des jeunes de 17 ans, tandis que 40 à 50 % d’entre eux déclarent avoir au moins une alcoolisation ponctuelle importante (5 verres ou plus en une seule occasion) mensuelle. Chez les adultes, la consommation moyenne par jour est de 27 g d’alcool pur par personne (soit près de 3 verres).
La mortalité attribuable à l’alcool, plus élevée en France qu’ailleurs en Europe, est de 11 % des décès pour les hommes et 4 % pour les femmes chez les 15 ans et plus, soit 41 000 décès (30 000 chez les hommes et 11 000 chez les femmes – chiffres de 2015). Le coût social de l’alcool (maladies, accidents, etc.) est estimé à 118 milliards d’euros par an. « La consommation d’alcool même à de faibles niveaux représente un fardeau pour la société française », estime l’expertise.
Selon elle, son prix sa disponibilité ou encore les normes relatives à sa consommation, sont associés à des perceptions positives et donc incitent à boire. « Au-delà de facteurs individuels, le marketing de l’alcool (produit, prix, publicité, accès au produit) influence les niveaux et modes de consommation et joue un rôle primordial dans les comportements d’alcoolisation des jeunes », déplore-t-elle encore.
D’où ses recommandations très strictes comme renforcer la loi Évin pour interdire la publicité sur internet et dans l’espace public, augmenter le prix (taxation par gramme d’alcool comme pour la taxe soda, ou prix minimum), réduire sa disponibilité (plage horaire de vente et nombre de commerces) ou multiplier les avertissements sanitaires et les campagnes d’arrêt de la consommation comme le Dry January (mois sobre).
L’Inserm insiste également sur le dépistage systématique d’une consommation d’alcool à risque « afin de permettre si nécessaire, une prise en charge adaptée ». L’expertise propose que soit mis en place une meilleure formation des professionnels de santé notamment aux « interventions brèves ». Cette procédure de prévention permet de faire le point sur la consommation d’un patient puis, au besoin, de le motiver au changement. Ce que les chirurgiens-dentistes, peuvent parfaitement réaliser. La mesure des consommations se fait à l’aide de questionnaires rapides à réaliser (entre 5 et 10 question). Ils mesurent la consommation sur un an, l’alcoolisation à risque et la dépendance (à télécharger Alcool info service).
Les résultats sont l’occasion d’ouvrir la discussion et de réaliser un petit entretien motivationnel. Le tout évidemment, dans la bienveillance, en respectant les choix du patient.
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