Agnès Buzyn, un signe d’ouverture…

  • Publié le . Paru dans L'Information Dentaire
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Wait and see… C’est la tonalité générale des réactions, dans le monde bucco-dentaire et médical, après la nomination d’Agnès Buzyn au ministère de la Santé. Ce choix est une surprise tant les noms d’Arnaud Robinet, secrétaire national à la Santé des « Républicains », et du socialiste Olivier Verran, « Monsieur Santé » du candidat Macron, avaient circulé pour ce poste depuis les résultats de l’élection présidentielle. Si la désignation d’Agnès Buzyn est donc une surprise, cette professeure de médecine, hématologue, n’est pas, loin s’en faut, une inconnue.

À 54 ans, fille de chirurgien orthopédiste, Agnès Buzyn a été, pour résumer, responsable de l’unité de soins intensifs d’hématologie et de greffe de moelle à l’hôpital Necker de 1992 à 2011, puis directrice de l’Institut National du Cancer (INCA) et, jusqu’à sa nomination, directrice de la Haute Autorité de Santé (HAS).
 
Une expérience et un parcours prestigieux, à la mesure du ministère de la Santé. Mais avant même sa « technicité » sur les dossiers, les professionnels de santé l’attendent d’abord sur son attitude : après cinq années de relations extrêmement tendues et tumultueuses avec Marisol Touraine, les libéraux, et particulièrement les chirurgiens-dentistes, souhaitent renouer avec la confiance et surtout le dialogue.
L’ancienne ministre n’a jamais rencontré les représentants de la profession au cours de ces cinq dernières années, alors même que les chirurgiens-dentistes ont vécu, comme les médecins et d’autres professions de santé, de véritables assauts contre leur pratique quotidienne : loi sur les réseaux de soins, loi de Santé qui avait conduit plusieurs fois des milliers de professionnels de santé dans la rue et, pour finir, le règlement arbitral imposé aux chirurgiens-dentistes.
 

Règlement arbitral, ONDAM…

« C’est une nouvelle page dans les relations entre les chirurgiens-dentistes et les pouvoirs publics qu’il va falloir écrire, remarque Catherine Mojaïsky, présidente de la CNSD. Les chirurgiens-dentistes sont prêts à construire avec vous la médecine bucco-dentaire de demain (…), mais ne commettez pas l’erreur de la faire sans eux ! » Toute la profession attend, si ce n’est la suppression, au moins la renégociation du règlement arbitral, possibilité que la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM) a semble-t-il laissé entrevoir aux syndicats dentaires. « Nous espérons que la nouvelle ministre sera à l’écoute de nos doléances et nous permettra très rapidement d’ouvrir de nouvelles négociations. Nous attendons de connaître sa feuille de route et la direction qu’elle veut donner à la médecine libérale et particulièrement la médecine bucco-dentaire », a réagi l’Union Dentaire. D’autres dossiers seront suivis à la loupe, notamment la loi de financement de la Sécurité sociale et son Objectif National de Dépenses d’Assurance Maladie (ONDAM) qui se prépare dès maintenant pour un vote en fin d’année.
 
Le candidat Macron a promis de réaliser rien moins que 15 milliards d’euros d’économie sur l’assurance maladie en cinq ans, sans dérembourser de traitements utiles, sans toucher aux soignants à l’hôpital, tout en confortant les libéraux… Comment construire un ONDAM très restrictif (+ 2 % probablement) sans céder aux revendications catégorielles ?
 
Autre chantier, souhaité par le candidat Macron : parvenir d’ici à cinq ans à une prise en charge à 100 % des soins d’optiques, de prothèses dentaires et d’audioprothèse. Le reste à charge sur le seul secteur dentaire est de 2,4 milliards par an… Qui paiera ?
 

 
Premier couac : un mutualiste comme directeur de cabinet
 
Le directeur de cabinet de la nouvelle ministre Agnès Buzyn sera… Gilles de Margerie, directeur général adjoint du groupe de protection sociale Humanis, l’un des plus importants pourvoyeurs de réseaux de santé. Cet ancien inspecteur des finances de 61 ans a le profil pour mettre sur pied le reste à charge zéro pour l’optique, les prothèses dentaires et auditives d’ici à 2 022.
 
« Le loup est dans la bergerie, considère Patrick Solera, président de la FSDL. C’est un signe fort que la ministre veut renforcer les réseaux mutualistes. C’est très grave et sans précédent. Elle-même méconnaît le monde libéral de la santé. Nous jugerons sur pièce, mais c’est inquiétant. »
 

 
À LIRE
Alors qu’elle était présidente de l’Institut national du cancer, Agnès Buzyn a rédigé un éditorial pour notre groupe de presse dans La lettre du cancérologue, découvrez-le en cliquant sur le pdf ci-dessous.

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