A propos du Motion Carriere et de l’orthodontie en Espagne

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  • Publié le . Paru dans L'Orthodontiste n°1 - 15 février 2016
Information dentaire
Afin de mieux connaître la pratique de l’Orthodontie en Europe tant sur le plan des conditions de formation et d’exercice que des techniques employées nous avons décidé d’interviewer des conférenciers européens de renom.
Nous commençons cette série aujourd’hui avec le Dr Luis Carriere, orthodontiste à Barcelone qui a développé le “Motion Carriere” et le système autoligaturant passif SLXCarriere.

Luis CARRIERE

1. Pouvez-vous nous décrire les principes fondamentaux de votre technique avec en particulier l’utilisation du Motion et de vos brackets autoligaturants passifs

Luis Carriere Notre concept repose sur la recherche simultanée d’un équilibre facial et d’une belle occlusion. Nous avons aujourd’hui les « armes » adéquates et la technologie pour obtenir cet équilibre. L’association du système « Motion », qui, en modifiant la partie postérieure du plan d’occlusion dans les classes II et les classes III, produit des transformations faciales incroyables, et des nouveaux brackets autoligaturants passifs Carriere SLX extrêmement précis utilisés avec une séquence d’arcs progressive pour des forces minimales et un respect maximal du parodonte, offre aux orthodontistes une approche thérapeutique efficiente répondant aux besoins occlusaux et faciaux.
Nous considérons la spécialité d’orthodontie comme une thérapeutique faciale et pas uniquement dentaire. Mon souhait est que les personnes nécessitant une amélioration esthétique sachent qu’il est préférable pour elles de consulter un orthodontiste plutôt qu’un chirurgien esthétique. En tant qu’orthodontiste nous sommes capables d’équilibrer les tissus mous en repositionnant les tissus durs tout en conservant le naturel et la beauté du visage et, dans un même temps, d’équilibrer l’occlusion, d’aligner les dents, de créer un beau sourire et de préserver la santé buccale.
Le système de brackets autoligaturants Carriere SLX, récemment conçu, établit un nouveau standard d’excellence et de performance parmi les brackets autoligaturants passifs. De nombreuses innovations récentes ont été initiées et guidées par des praticiens pour apporter efficacité et efficience cliniques. L’objectif de notre équipe a été de travailler jusqu’à pouvoir créer un système de traitement assurant des finitions de qualité pour le meilleur résultat orthodontique.
C’est une orthodontie minimalement invasive pour le plus grand respect du patient avec le plus haut niveau d’efficience mécanique.

Vous parlez de recul dento alvéolaire associé à de la croissance mandibulaire et d’une composante d’ingression molaire
a. Quelle est la proportion de recul molaire et de croissance mandibulaire dans la majorité des corrections de classe II par rétrognathie mandibulaire ?
b. Pouvez-vous décrire de manière détaillée la composante d’ingression molaire ? N’est-ce pas plutôt une distoversion coronaire issue de la distalation et qui sur des superpositions fait apparaître la molaire plus haute ?
c. Vous parlez d’une correction de la classe II en 3 mois : la croissance mandibulaire a-t-elle le temps de s’exprimer ?

Luis Carriere La clé du succès est d’obtenir à un stade très précoce du traitement une occlusion de classe I sur les secteurs latéraux, de molaire à canine, en les distalant en masse et de modifier simultanément la partie postérieure du plan d’occlusion pour repositionner la mandibule dans une position anatomique et fonctionnelle correcte par rapport au maxillaire, tout en harmonisant la face et le profil du patient et en augmentant la perméabilité des voies aériennes. À ce stade, à partir de cette classe I, le traitement peut être poursuivi en technique fixe avec des brackets autoligaturants passifs délivrant des forces faibles.
L’appareil « Class II Motion » de Carrière permet une correction par distalation des secteurs latéraux en masse tout en dérotant la première molaire maxillaire autour de sa racine palatine et en la redressant dans une position verticale correcte. Les points de blocage liés au design de l’appareil empêchent d’avoir une rotation ou une version distale excessives.
L’objectif est de proposer une méthode orthodontique prédictible et simple.

Vous avez une approche de la gestion du sens transversal différente de nos habitudes, pourriez-vous la décrire et la justifier ?

Luis Carriere Dans le système Carriere, nous nous intéressons au sens transversal dans une deuxième étape du traitement orthodontique fixe. Nous travaillons d’abord dans le sens sagittal puis dans le sens transversal.
La raison principale est que nous avons intérêt à ce que la phase « Motion » soit accomplie en premier dans ces cas. Nous avons besoin d’une réponse sagittale nette. La correction transversale sera alors facile à obtenir avec le Carriere SLX et les séquences d’arcs. Ceci étant dit, dans notre cabinet, nous effectuons habituellement une action orthopédique transversale précoce. Les problèmes transversaux pendant la période multibague ne sont donc pas très fréquents et concernent seulement les cas qui n’ont pas eu d’orthopédie antérieurement.

Dans votre présentation au cours de précongres des JO 2015 vous avez montré de très beaux cas de classe III où vous avez réalisé des compensations dento-alvéolaires avec succès. Quelles sont, d’après vous, les limites de cette approche ? Pouvez-vous nous éclairer sur votre gestion des dysfonctions ?

Luis Carriere Les malocclusions de classe III avec dysharmonie squelettique nécessitent normalement de la chirurgie orthognathique complétée par un traitement orthodontique. La complexité pour traiter ces cas avec un bon résultat augmente lorsque le patient refuse la chirurgie. La raison peut être la peur de la chirurgie, des raisons économiques ou le refus d’une modification radicale de son image.
En classe III, nous trouvons normalement deux types de patients : les patients en classe III dentaire et les patients en classe III squelettique.
Le « Motion de classe III » est une option thérapeutique pour les deux. La dysharmonie squelettique est traitée normalement par une association de chirurgie et d’orthodontie. Mais de nombreux patients rejettent l’option d’une chirurgie maxillo-faciale pour de nombreuses raisons. Ils refusent le traitement et restent comme ils sont.
Aujourd’hui, avec cette nouvelle approche, nous pouvons proposer de changer cette situation avec un autre traitement mini invasif. C’est une modalité de traitement qui peut apporter au patient une grande modification faciale tout en conservant ses caractéristiques familiales.
Nous ne changerons pas complètement le visage du patient et ne le transformerons pas en un nouveau patient mais nous l’équilibrerons dans une position plus esthétique. Nous établirons une harmonie de manière à donner au patient suffisamment de confiance en lui dans sa vie relationnelle, une occlusion compensée, une amélioration faciale et un équilibre psychique.
Les modifications que nous pouvons avoir dans des cas d’adultes sont surprenantes. Nous traitons des patients de tout âge avec ce système, des adolescents, des trentenaires, quadragénaires, quinquagénaires et même des patients de plus de 60 ans avec une amélioration du positionnement facial et dentaire. Un repositionnement squelettique ne signifie pas des modifications squelettiques, cela signifie un repositionnement squelettique de la mandibule par rapport au maxillaire car la mandibule, et tout particulièrement l’ATM, est une structure anatomique dynamique. C’est très important que nous puissions l’équilibrer et la placer dans une meilleure position.
C’est surprenant les modifications que nous pouvons avoir dans des cas d’adultes. C’est une bonne option alternative à la chirurgie dans ces cas qui est réellement en train d’établir une nouvelle approche des patients de classe III.

En denture mixte, nous pouvons complètement transformer l’approche thérapeutique en contrôlant la partie postérieure du plan d’occlusion et en modifiant les relations entre le maxillaire et la mandibule.
Il y a certaines choses que nous ne pouvons pas changer aujourd’hui chez nos patients : nous ne pouvons pas modifier leur capacité à grandir génétiquement programmée, nous ne pouvons pas influencer la génétique. Mais nous pouvons modifier la direction de croissance, modifier la position des structures et les amener dans une autre position pour essayer d’influencer l’évolution des choses et changer complètement leur déroulement de la manière que nous voulons réellement.

Nous aimerions maintenant parler de la pratique orthodontique en Espagne. Permettez-nous de vous demander votre type de pratique et votre organisation personnelle (nombre de praticiens dans votre clinique, sont-ils tous des spécialistes, les assistantes dentaires ont-elles le droit de faire des soins dans la cavité buccale…) ?

Luis Carriere La dentisterie est en Espagne est une profession très attractive, nous avons de nombreuses universités en Espagne aujourd’hui.
L’Orthodontie est une des premières spécialités bien qu’aujourd’hui l’Espagne soit dans le processus de reconnaissance des spécialités en chirurgie dentaire. Pour devenir orthodontiste aujourd’hui il faut suivre un programme de Master de trois années temps plein. La formation de Master en Espagne est reconnue conforme aux standards ERASMUS.
Dans notre cabinet nous avons une collaboration entre spécialistes de différentes spécialités exclusivement pour nos patients. Nous voulons contrôler la qualité de finition de nos cas et nous préférons donc avoir l’aide de ces spécialistes sur place pour accélérer le processus et avoir une approche multidisciplinaire avec une communication fluide.
Dans notre cabinet nous employons des Hygiénistes diplômées comme assistantes qui peuvent donc bien nous aider à traiter les patients.

Quels sont les différents modes d’exercice professionnel en Espagne ?

Luis Carriere En Espagne nous avons différentes formations de Master pour les spécialités comme l’Orthodontie, la Parodontologie, la Chirurgie orale et l’Odontologie pédiatrique. C’est une source de spécialistes hautement qualifiés dans notre profession. Tous les dentistes généralistes sont qualifiés en Espagne pour travailler dans toutes les spécialités même sans le diplôme de spécialiste.

Comment s’effectue la formation des orthodontistes en Espagne ? Comment pensez-vous qu’elle va évoluer ?
Luis Carriere L’orthodontie en Espagne a un bon niveau. Plusieurs universités publiques et privées ont un programme de spécialité conforme aux standards ERASMUS et qualifient des orthodontistes bien formés chaque année. Je peux dire que l’Espagne a un bon niveau de qualité des soins orthodontiques.

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