La ville devant l’hôpital
En 2018, la consommation de soins et de biens médicaux (CSBM), qui rassemble toutes les dépenses de soins (hôpital, ville, médicaments, honoraires, optique prescrite, transport sanitaire…) s’élève à 3 037 € par habitant, soit au total 203,5 milliards, correspondant à 8,6 % du PIB. La CSBM continue d’augmenter (+ 1,5 %) mais moins qu’en 2017 (+ 1,7 %) et qu’en 2016 (+ 2,1 %), notamment en raison du ralentissement de la consommation des soins hospitaliers. Celle-ci, qui représente 46 % des dépenses de santé, décélère nettement en 2018 (+ 0,8 %, après + 1,6 % en 2017), tandis que la consommation de soins de ville reste très dynamique (+ 2,9 %, après + 2,6 % en 2017). Elle est responsable de la moitié de la croissance totale des dépenses, alors qu’elle n’en représente qu’un quart. Dans cet agrégat, la consommation de soins de médecins et de sages-femmes est le premier facteur de croissance, + 4 %, « du fait d’une hausse des volumes des actes réalisés par les médecins spécialistes, du dynamisme des rémunérations forfaitaires et des dernières hausses de tarifs intervenues en 2018 », indique la Drees. Viennent ensuite les dépenses d’auxiliaires médicaux (+ 3,7 %) et les soins de chirurgiens-dentistes (+ 1,4 %, après + 1,8 % en 2017) (lire encadré ci-dessous). La consommation de médicaments délivrés en ville (16 % de la CSBM) est quasiment stable (- 0,2 %), tandis que celle des autres postes de dépenses (transports sanitaires, optique, etc.) augmente de 3,9 %.
Nouvelle diminution du reste à charge
En 2018, le reste à charge des ménages baisse encore. Il s’établit à 7 % de la CSBM, après 7,5 % en 2017 et 7,7 % en 2016. Logique, puisque la part des dépenses prises en charge par l’Assurance maladie a progressé, tout comme celle des organismes complémentaires. C’est + 0,2 point à 78,1 % pour l’assurance maladie du fait, selon la Drees, de « la forte progression du nombre de patients pris en charge à 100 % au titre des affections de longues durées (ALD) » (vieillissement de la population) et 0,3 point pour les complémentaires santé en raison d’une « meilleure prise en charge de l’optique et des soins dentaires à la suite de la généralisation de la complémentaire d’entreprise initiée en 2016 ». La participation directe des ménages aux dépenses de santé s’élève à 14,3 milliards d’euros en 2018, soit, en moyenne, 214 € par habitant et par an, montant qui varie selon les profils : âge, état de santé, etc. C’est le reste à charge le plus faible des pays de l’OCDE.
Coût de gestion : les complémentaires devant l’assurance maladie
Les coûts de gestion des organismes complémentaires (traitement des demandes de remboursement, frais de réseau, de publicité, d’ouverture et de mise à jour des dossiers, etc.) s’élèvent à 7,5 milliards d’euros en 2018 : 3,7 milliards pour les mutuelles, 2,7 milliards pour les sociétés d’assurances et 1 milliard pour les institutions de prévoyance. « Entre 2009 et 2018, ils ont augmenté de 4,3 % par an en moyenne et pour la première fois en 2018, ils sont supérieurs à ceux des régimes de Sécurité sociale », souligne la Drees.
La consommation de soins dentaires ralentit encore
En 2018, la consommation de soins dentaires (consultations, soins prothétiques, prothèses, détartrage, etc.) s’élève à 11,4 milliards d’euros, soit +1,4 % sur un an contre + 1,8 % en 2017 et + 3,0 % en 2016, en raison principalement d’un ralentissement des volumes de soins (+ 0,7 % contre + 1,3 % en 2017). « Néanmoins, la dynamique réelle de la consommation de soins dentaires est difficile à appréhender, du fait de la difficulté de mesurer finement les soins non remboursables », note la Drees. Les soins dentaires représentent 5,6 % de la CSBM et contribuent à hauteur de 0,1 point seulement de sa croissance. Parmi les soins remboursables, les soins conservateurs représentent 51 % du nombre total d’actes. Viennent ensuite les radiographies (19 %), les consultations (11 %), les prothèses (10 %), les actes de chirurgie (5 %) et enfin l’orthodontie (4 %). La Drees ne donne pas la composition en termes de soins facturés. La prothèse y tiendrait le premier rôle.
Toujours plus de salariés
Côté démographie professionnelle, la Drees dénombre 42 525 chirurgiens-dentistes inscrits dans le répertoire partagé des professionnels de santé (RPPS) en 2018. Les effectifs augmentent en moyenne de 0,7 % par an depuis 2011 en raison de l’élargissement progressif du numerus clausus depuis les années 2000. Cette augmentation des effectifs se retrouve parmi les praticiens salariés. Leur nombre est en forte progression depuis 2011 (+ 5,0 % par an en moyenne) et 5,9 % en 2018. Le nombre de libéraux ne progresse que de 0,1 % par an. Mais ils restent largement majoritaires (87,4 %). Enfin, le taux de féminisation progresse : il est passé de 36,6 % en 2007 à 45,6 % en 2018. Et 58,6 % des chirurgiens-dentistes de moins de 30 ans sont des femmes en 2018.
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