Responsable scientifique : Daniel Anastasio (Thionville)
Plutôt qu’une séance, il s’agit d’un atelier de sensibilisation au handicap. Il convient d’abord de définir les termes de déficience, incapacité et handicap.
La déficience correspond à l’altération d’une structure ou d’une fonction. Elle entraîne une incapacité à réaliser certaines tâches, ce qui crée dans la société un handicap.
La loi du 11 février 2005 définit la notion de handicap : « Constitue un handicap toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant. »
Nous retrouvons dans cette définition trois grandes catégories de handicap :
- le handicap moteur à étiologies multiples ;
- le handicap sensoriel (visuel, auditif…) ;
- le handicap comportemental incluant les troubles de la communication, les handicaps invisibles, les troubles psychiques et la déficience intellectuelle.
Alors pourquoi avoir choisi ce thème ?
À moins d’être directement concernés, nous ne savons pas ce que cela représente vraiment au quotidien. Particulièrement, le cadre du cabinet dentaire peut être une source de contraintes, de difficultés et de perturbations pour des personnes en situation de handicap.
Pour certaines ce sera l’accessibilité, pour d’autres la difficulté de comprendre ou de se faire comprendre, et cela va engendrer, chez ces patients, des comportements parfois atypiques et pas toujours bien compris par nous, soignants.
Nous avons pensé qu’il serait intéressant de mettre en place, au sein de ce congrès de l’ADF, un nouveau dispositif de formation dont l’objectif est de permettre aux soignants d’expérimenter les trois catégories de handicap dans le cadre d’un atelier où le soignant devient soigné, mais dans les conditions particulières engendrées par les déficiences.
La finalité de cet atelier est de permettre aux soignants que nous sommes de modifier nos comportements et notre compréhension face au handicap et cela de façon durable si possible.
Notre objectif prioritaire est de sensibiliser par la simulation. Nous voulons faire intégrer aux personnes qui participeront à cet atelier les notions de « fragilité » et de « dépendance » afin d’acquérir une vision nouvelle du handicap et de sa prise en charge en cabinet dentaire.
Cet objectif peut paraître ambitieux ou utopique, mais la motivation, la compréhension et la prise en charge de ces patients passe, à notre sens, par un outil de simulation comme celui que nous utiliserons dans cet atelier.
En quoi consiste cet atelier ?
Sans divulguer les détails de ce « parcours handicap », les congressistes seront avec le même accompagnant tout au long de ce parcours d’une durée d’environ 10 minutes.
Six accompagnants spécialement formés les guideront avec patience, gentillesse et compréhension du début jusqu’à la fin de ce parcours. Il s’agit de futurs confrères en toute fin de cursus qui sont sensibilisés à la problématique du handicap et qui feront découvrir l’autre versant, celui du patient « fragile » qui doit faire « confiance » à l’autre dans une situation de « dépendance » simulée.
Les grandes situations de handicap simulé seront abordées tout au long de ce parcours dans le cadre d’un cabinet dentaire.
Tout d’abord le handicap moteur, peut-être le plus compréhensible…
Ensuite les difficultés de communication.
Puis le handicap sensoriel, plus difficile à vivre, car il fait découvrir la notion de dépendance face à l’autre.
Enfin, l’apprentissage de l’examen intra-buccal en simulation de distorsion sensorielle…
Tout un programme très dense, passionnant et, bien sûr, très respectueux des personnes qui y participeront.
Alors venez nombreux découvrir cette expérience unique dans notre cadre de travail qui nous paraît si simple et si banal ; mais est-ce vraiment le cas ?
Pour finir, voici trois phrases issues d’une audition publique de la HAS en octobre 2008 sur l’accès aux soins courants pour les personnes en situation de handicap :
- « L’accès aux soins courants reste encore difficile en milieu médical » ;
- « La peur du handicap dresse encore des murs invisibles autour de la personne handicapée » ;
- « Il est indispensable que les soignants ne préjugent plus de la capacité des patients à comprendre l’information ».
Il est facile de comprendre, au travers de ces trois phrases, les enjeux de ce type d’atelier :
- – sensibiliser les praticiens et soignants que nous sommes à la prise en charge de ces populations ;
- – permettre de comprendre l’autre comme une personne fragile ayant des besoins spécifiques ;
- – développer, encore et toujours, nos qualités humaines indispensables à l’exercice de notre métier médical.
Cet atelier a le mérite de son originalité. Il a la prétention d’être formateur en matière de santé publique et d’étendre les qualités humaines des personnes qui y participeront.
Un vaste programme peut-être un brin ambitieux me direz-vous ? Eh bien oui ! Nous verrons bien les avis des participants…
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