Stratégie Prothétique n°1 - 15 février 2025

La communication, un pilier essentiel de nos thérapeutiques

Je reçois au cabinet une nouvelle patiente qui me consulte pour renouveler ses prothèses amovibles. Elle n’en est pas satisfaite malgré les efforts de notre confrère et de son laboratoire. La rétention lui paraît insuffisante et elle a des difficultés à mastiquer. Son praticien, après un rebasage et plusieurs séances pour tenter de répondre à ses doléances, désemparé, me l’a adressée par une lettre dont elle a également connaissance, mais sans que cette patiente n’ait eu plus d’explications ni de justification de ce nouveau rendez-vous.

Je l’écoute et l’interroge pour comprendre son historique de soins, ses mécontentements et ses attentes. J’examine ses prothèses et réalise un examen clinique comme nous le faisons tous. Les prothèses – les premières PAC dont elle bénéficie – sont globalement bien réalisées et je comprends rapidement que le problème se situe davantage au niveau de sa préparation et des explications sur la réalité de ce qu’est une prothèse complète, que sur des détails d’ordre technique. Cela devient une évidence lorsqu’elle me dit : « J’espère que vous êtes magicien. » Au risque de la décevoir, cela n’est pas le cas.

La communication est au cœur de toute relation thérapeutique, et celle entre chirurgiens-dentistes et patients ne fait pas exception. Bien au-delà des gestes techniques, la capacité d’un praticien à établir un dialogue clair, empathique et informatif est un facteur déterminant pour la réussite des soins et le bien-être du patient. Pourtant, cette dimension humaine est parfois sous-estimée dans nos pratiques quotidiennes. L’anxiété face aux soins est un phénomène courant, souvent alimentée par des peurs irrationnelles, des expériences négatives passées ou une incompréhension des actes pratiqués. Dans ce contexte, une communication ouverte et rassurante devient essentielle. Le praticien doit non seulement expliquer les procédures et les enjeux de santé bucco-dentaire, mais aussi adapter son discours au niveau de compréhension du patient. Un langage technique non vulgarisé peut renforcer le sentiment de distance ou d’inconfort. À l’inverse, une explication simple et pédagogique peut transformer une expérience redoutée en une démarche constructive et participative.

L’écoute active joue également un rôle crucial. Il ne s’agit pas seulement d’entendre les préoccupations du patient, mais de les comprendre pleinement. Cette écoute favorise une prise en charge personnalisée et contribue à instaurer une relation de confiance. Un patient qui se sent entendu est plus enclin à suivre les recommandations et à adopter les bonnes pratiques. Dans un monde où la santé connectée et la transparence gagnent du terrain, les soignants doivent également s’adapter aux nouveaux outils numériques. Les photos, les vidéos explicatives ou encore les consultations virtuelles peuvent enrichir la relation et informer le patient avant et après les rendez-vous. Mais rien ne remplace le contact humain : un sourire sincère ou une parole bienveillante en cabinet reste irremplaçable.

En somme, la communication entre chirurgiens-dentistes et patients est bien plus qu’un simple échange d’informations. C’est un levier fondamental pour des soins de qualité et une expérience positive.

Je vais refaire à cette dame de nouvelles prothèses amovibles en améliorant légèrement le joint périphérique, les quelques défauts dans l’agencement du plan occlusal et la dimension verticale, un peu sous-évaluée, mais avant tout, nous allons dialoguer pour lui expliquer les possibilités offertes par ce type de traitement et les nombreuses limites fonctionnelles par rapport à une denture naturelle. Le cas échéant, il ne sert à rien de refaire de nouvelles prothèses !