L'Orthodontiste n°1 - 15 février 2024

Kinésithérapie : une alliée indispensable

Tout visage a une histoire et les spécificités propres à chaque personne sont assurément dues à des facteurs innés et acquis.

En ce qui concerne les dysmorphoses et les malocclusions qui en résultent, l’influence des facteurs environnementaux est difficile à déterminer d’un individu à un autre. Une dysfonction linguale peut être un facteur de risque pour certains mais ne pas l’être pour d’autres. Le rôle de la génétique et de l’environnement dans le développement d’une dysmorphose peut être compris comme un continuum avec, à une extrémité, des individus présentant une malformation héréditaire identifiée, comme un syndrome de Down ou une fente labiopalatine, et à l’autre extrémité, des individus ayant une malformation acquise due à un lymphangiome de la langue, ou plus simplement à la succion d’un pouce.

Savoir lire un visage permet d’établir des liens entre la croissance, la typologie, la genèse des malformations crânio-faciales, l’effet modelant des fonctions comme la ventilation sur le développement maxillaire et la posture céphalique ou encore l’influence de la posture linguale sur le développement mandibulaire.

Le rétablissement précoce et équilibré de praxies oro-faciales est un atout pour notre spécialité et fait de la kinésithérapie un allié pour la pérennisation de nos traitements. Après une chirurgie orthognathique et réparatrice, une thérapeutique myofonctionnelle aidera le patient dans l’apprentissage et l’adaptation à son nouvel état anatomique et physiologique. Autant la forme peut être influencée par les fonctions, a contrario, rétablir un environnement favorable aux fonctions n’induit pas toujours un retour à un exercice normal de ces mêmes fonctions. Ainsi, développer les voies aériennes supérieures n’implique pas une ventilation nasale stricte.

Une rééducation de ce mode de ventilation est recommandée et efficace dans le traitement multidisciplinaire des apnées obstructives du sommeil.<

Le rôle des kinésithérapeutes est de faciliter et de renforcer l’engrammation de ces nouvelles praxies au niveau du système nerveux central. À l’inverse, se passer de leur compétence peut retarder les bénéfices attendus de nos traitements ou, pire, les annihiler en constatant une récidive. Plusieurs articles de ce numéro illustrent parfaitement différentes facettes de cette collaboration. Nous vous souhaitons une bonne lecture.