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Information dentaire

L'Information Dentaire n°37 - 30 octobre 2024

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Edito

En retard Jeune praticien, je pense avoir eu des difficultés ou des lâchetés à gérer certaines situations. Manque d’expérience de toute évidence, et aussi une envie de garder des patients qui finalement ne méritaient pas autant d’attention. Un jour, un patient arrive, une fois encore, avec un quart d’heure de retard sur une séance prévue d’une heure. Comme à son habitude, il entre presque en courant, avec des...

En retard

Jeune praticien, je pense avoir eu des difficultés ou des lâchetés à gérer certaines situations. Manque d’expérience de toute évidence, et aussi une envie de garder des patients qui finalement ne méritaient pas autant d’attention. Un jour, un patient arrive, une fois encore, avec un quart d’heure de retard sur une séance prévue d’une heure. Comme à son habitude, il entre presque en courant, avec des gestes précipités, se jetant sur le fauteuil dès son entrée dans le cabinet pour montrer tous les efforts faits pour « rattraper le temps ». Ses mots sont en accord avec son attitude : « Je n’en peux plus de tous ces gens qui ne savent pas conduire et qui n’avancent pas, de ces réunions qui n’en finissent pas et finalement me mettent en retard, je fais pourtant le maximum vous savez, j’ai roulé aussi vite que possible, prenant même des risques ! » Dans ses phrases, on ne trouve que du déni de responsabilité, la faute des autres et les efforts qu’il a consentis pour rattraper son retard. Comme s’il fallait le féliciter.

Enfin arrive la phrase pathognomonique de ce type de comportement : « Et puis docteur, vous n’êtes pas toujours à l’heure vous non plus, hein ? » Après le rejet de la faute sur les autres, il termine par se justifier en engloutissant la personne victime de sa négligence. À l’époque, j’ai malheureusement pris sur moi et cherché quelques justifications à mes propres retards. Aujourd’hui, je pense qu’avec un peu d’humour et un grand sourire, je demanderais à cette personne : « Vous n’avez pas oublié les mots magiques ? », lui montrant le côté maladroit de son attitude. En effet, les premiers mots de ce patient auraient dû être : « Excusez-moi. » Le retard exceptionnel est compréhensible, le retard perpétuel est maladif. Il doit donc être traité. Car si le retard ne concerne que la personne elle-même, cela reste son problème : si courir sur un quai de gare, dans un hall d’aéroport ou arriver dix minutes après le début du film est un plaisir, que ce plaisir reste personnel. Quand le retard génère du stress pour les autres, comme pour l’équipe soignante dans un cabinet, les excuses sont le minimum, et la modification de ce comportement une nécessité.

Le retard peut être temporel, mais aussi cognitif. La mise à jour fréquente de nos connaissances par des sources appropriées est primordiale pour notre activité de soins et pour nos patients. Il semble obligatoire (article R. 4127-233 du Code de la santé publique) de donner aux patients des soins conformes aux données « acquises » de la science. Ce très beau numéro, coordonné par Pascal De March, vous permettra de revoir ou de découvrir les évolutions dans les utilisations appropriées de ces merveilleux matériaux que sont les céramiques dentaires.

Acquérir des connaissances pour ne pas être démuni dans des situations cliniques, comme un zythologue dégustant du vin. Bonne lecture !

Michel Bartala, Rédacteur en chef

PS : Je suis sûr que certains vont chercher ce néologisme : « zythologue » !

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Éditorial

En retard I Lire ci-dessus
Michel Bartala

Actualités

Mise en œuvre de la zircone et impression 3D
Pascal De March

Presse médicale spécialisée
Philippe Léonard

Actualité hebdo
Nicolas Fontenelle

Formation Spécial Céramiques

Coordination scientifique : Pascal De March

Structures et propriétés des céramiques
Pascal De March, Olivier Etienne
Préparations contemporaines pour restaurations partielles en céramique antérieures
Principes, exigences et séquences cliniques
Gil Tirlet, Jean-Pierre Attal
Les céramiques en CFAO directe : possibilités, exigences et contraintes
Marie Jannot, Thibaud Le Monnier, Christian Moussally
Collages des céramiques : quels procédés pour quels résultats ?
Philippe François, Elisa Caussin, Jean-Pierre Attal
Les céramiques du futur : quelles perspectives ?
Philippe Boitelle, François Descamp
Nomenclature des restaurations céramiques
Anne-Sophie Vaillant, Claire Juras, Pascale Corne

Évasion

Art

Tarsila Do Amaral, Passeuse du modernisme brésilien
Thierry Leroux


Avant-propos

Spécial céramiques

J’ai eu la chance d’avoir pour maîtres deux passionnés de céramiques qui ont énormément compté pour moi. Luc Babel fut mon enseignant à la faculté, puis j’ai été son collaborateur pendant trois années, durant lesquelles il a prolongé ma formation dans un véritable esprit de compagnonnage, partageant sans limites une partie de ses compétences acquises au détour de ses échanges d’amitié sincère avec deux des céramistes parmi les plus talentueux de l’histoire : Klaus Müterthies et Michel Magne. Jeune enseignant à la faculté de Nancy, j’ai été en 2006 l’assistant de Claude Launois, qui me partageait généreusement ses expériences cliniques avec les restaurations en vitrocéramiques renforcées ou avec la zircone émergente, mais aussi ses échanges avec les meilleurs ouvriers de France, dont il était membre du jury et avait même fait de moi son suppléant. Ils avaient en commun la maîtrise des traitements prothétiques en céramique en pratique clinique, mais aussi au laboratoire. Ils en avaient éprouvé toutes les évolutions depuis les années 1980 jusqu’à la fin des années 2000. Ils avaient aussi la générosité du partage et une passion contagieuse.

L’utilisation des céramiques n’est pas si récente, puisque c’est en 1774 qu’Alexis Duchâteaux demande au céramiste Nicolas Dubois de Chémant de remplacer sa prothèse en ivoire par une prothèse en porcelaine. En 1895, Land introduit la première couronne « Jacket », tout en porcelaine. En 1958, Weinstein propose les premières restaurations céramo-métalliques, et Mc Lean la première couronne entièrement en céramique alumineuse en 1965. Jusqu’en 2001, ce praticien-chercheur de référence mondiale publiait régulièrement son point de vue sur l’évolution des céramiques dentaires. Pour ce numéro de l’Information Dentaire, j’ai eu le privilège de coordonner un dossier spécial sur ce vaste sujet. Depuis la science des matériaux jusqu’à l’application de la nomenclature, tous les auteurs sollicités ont écrit sur l’un de leur sujet de prédilection sur lequel ils sont incontestables, pour vous livrer un dossier centré sur les besoins du clinicien en la matière. Mais c’est aussi toute une équipe éditoriale réunie sous la baguette de Nathalie Devaux qui s’est pleinement mobilisée pour vous proposer un dossier graphique et agréable à lire. J’aimerais qu’il puisse vous apporter des connaissances utiles et une motivation à approfondir ce sujet, comme celles que j’ai reçues de mes maîtres à qui j’ai beaucoup pensé en coordonnant ce dossier spécial céramiques, témoignage de ma fidèle reconnaissance pour Luc Babel et Claude Launois.

Pascal De March
Coordinateur scientifique du numéro