Feuilleter un extrait
Information dentaire

L'Information Dentaire n°36 - 23 octobre 2024

Je m'abonne >
Acheter ce numéro >

Edito

Éloge de la lenteur Je suis terriblement en retard ce matin et, pour gagner du temps, j’attrape les clés du cabinet tout en tapant le digicode de la porte d’entrée de l’immeuble. Évidemment, dans la précipitation, je manque un chiffre. Énervé, je pianote à nouveau et me trompe de code. Pour ne rien arranger, mes clés m’échappent et tombent par terre, histoire de me ralentir un peu plus....

Éloge de la lenteur

Je suis terriblement en retard ce matin et, pour gagner du temps, j’attrape les clés du cabinet tout en tapant le digicode de la porte d’entrée de l’immeuble. Évidemment, dans la précipitation, je manque un chiffre. Énervé, je pianote à nouveau et me trompe de code. Pour ne rien arranger, mes clés m’échappent et tombent par terre, histoire de me ralentir un peu plus. Cette situation, je pense que nous l’avons toutes et tous vécue. Pressé(e)s par le temps, nous accélérons nos actions pour finalement aller moins vite. Je ne sais pas si c’est un proverbe ou une phrase que j’ai entendue, mais l’âge aidant (oui, avancer en âge a quelques avantages), j’ai compris que plus je suis pressé, plus je dois aller doucement dans mes actions. Paradoxal en apparence, mais efficace en situation. La lenteur comme une philosophie d’efficacité. Mais attention, ne pas confondre lenteur avec paresse ou procrastination. La lenteur permet de prendre le temps nécessaire à la bonne réflexion et à la bonne réalisation de nos actions afin d’être efficace, le plus souvent dès la première fois. La multiplicité des sources qui nous permettent d’entrer en contact les uns avec les autres nous conduit parfois à demander ou à être sollicité pour donner des réponses « urgentes ». Or l’urgence (notion toute relative) d’une réponse ne facilite que rarement une réflexion pondérée face à la question posée. Il en est de même dans nos professions médicales où certains patients veulent des réponses rapides à des problématiques cliniques qui demandent de s’arrêter, d’analyser, de réfléchir. Un psychiatre me disait récemment que ses patients aussi étaient de plus en plus demandeurs de thérapies courtes, rapides. Et pourtant, il faut savoir donner du temps pour prendre soin de soi.

La lenteur a aussi des effets bénéfiques dans les actes que nous pratiquons : un(e) patient(e) opéré(e) vit mieux une chirurgie ou une intervention réalisée par un(e) praticien(ne) apaisé(e), calme, plutôt que tiraillé(e) par des gestes brusques, rapides, qui ne sont pas signes de plus d’efficacité. D’ailleurs, on constate souvent que les suites opératoires sont bien moindres avec des praticien(ne)s lent(e)s qu’avec des furies du bistouri.

La « philosophie de la lenteur » n’est malheureusement pas en adéquation avec le monde digital qui nous entoure, qui nous sollicite, nous presse pour que notre cerveau tente de fonctionner comme un ordinateur toujours plus performant. L’avancée de l’intelligence artificielle, si elle a des aspects très positifs, va encore augmenter ce désir d’aller plus vite.

Faisons donc l’éloge de la lenteur, résistons au tourbillon des sollicitations pour plus d’efficacité dans la sérénité.

Je vous laisse donc prendre le temps de lire votre journal…

Michel Bartala, Rédacteur en chef

Voir plus

Éditorial

Éloge de la lenteur I Lire ci-dessus
Michel Bartala

Actualités

Amitriptyline topique dans la stomatodynie/glossodynie
Société Française de Chirurgie Orale

Presse médicale spécialisée
Philippe Léonard

Actualité hebdo
Nicolas Fontenelle

Formation

Fissures labiales : il n’y a pas que des perlèches
Jean-Christophe Fricain, Jacky Samson

Exercice professionnel

État des lieux des connaissances et pratiques des chirurgiens-dentistes en France
Valérie Szönyi, Mailys Campus, Julia Mwenge Wambel, Alice Baras, Benoît Perrier, Laurent Laforest, Brigitte Grosgogeat