L'Information Dentaire n°33 - 2 octobre 2024

Pourquoi ? Comment ?

Quel est le nom de ce produit, s’il vous plaît ? » Souvent posée lors des conférences, cette question est légitime de la part de personnes en quête d’utiliser ce produit qui donne des résultats splendides sur la photo de l’intervenant. Mais elle me semble largement incomplète. En effet, cette interrogation devrait se doubler d’un autre questionnement : « Pourquoi l’utilisez-vous ? Quelles sont ses indications cliniques ? » En effet, les produits, les outils, les techniques qui nous permettent de soigner les patients ont des indications et des limites d’utilisation. La validité et la fiabilité d’une technique reposent en partie sur la détermination de sa juste indication.

Nos échecs proviennent parfois du fait que nous avons outrepassé, plus ou moins volontairement, les possibilités mécaniques, biologiques d’une technique, ou de notre ignorance de ses caractéristiques. Ainsi, il n’existe pas une zircone, mais des zircones, chacune avec des propriétés mécaniques qui induisent ses indications. Les biomatériaux – et la connaissance que nous en avons – font partie des éléments qui assurent le socle d’un raisonnement thérapeutique. Une matière parfois négligée et heureusement remise en lumière par différents intervenants comme Jean-Pierre Attal, à l’origine de la revue BMC, riche d’informations précieuses.

Mais force est de constater que nos cerveaux aiment parfois la facilité d’une lecture simplifiée où les photos stimulent nos nerfs optiques sans toujours parfaitement analyser le déroulement de cette bande dessinée clinique. L’analyse n’interviendra qu’en situation d’échec ou lors d’une mise en condition « dangereuse », quand notre réflexion devra aller plus loin, soudain confrontée à l’importance de savoir « pourquoi ». Ainsi, dans le numéro sur les bridges collés postérieurs*, nous avons tous apprécié l’article clinique sur l’intérêt de cette technique, mais il me semble que l’article essentiel est celui qui explique le concept biomécanique posant les bases de l’indication de cette technique collée. De la même façon, dans les pages qui suivent, Marwan Daas et ses coauteurs nous offrent un article très dense en informations sur le PEEK, qui permet de mieux en comprendre son utilisation clinique et ses limites actuelles.

Dans un même raisonnement, Guillaume Heller analyse une situation d’échec et la transforme en succès clinique, pas seulement grâce à tel ou tel matériau hautement biocompatible, même si cela fait partie des éléments décisionnels, mais aussi et surtout par la mise en œuvre de connaissances et de compétences acquises par une lecture plus attentive, notamment, de concepts prothétiques. Dans L’Information Dentaire, nous vous proposerons toujours une alternance d’articles de type « photos » pour stimuler par la suite l’envie d’articles pensés sur des thèmes cliniques. Afin que le « pourquoi » devienne le moteur du « comment ».

Bonne lecture !

* L'Information Dentaire n° 34, 5 octobre 2022.

Michel Bartala, Rédacteur en chef