L'Information Dentaire n°13 - 3 avril 2024

Source d’information

Ah, Docteur, le saviez-vous ? » Régulièrement, cette sympathique patiente me donne l’impression de participer à Questions pour un champion, à moins que j’apparaisse dans son esprit avec la tête d’Encyclopædia Universalis. Nous ne pouvons pas reprocher à nos patient(e)s de s’intéresser à leurs traitements bucco-dentaires et de se livrer à des recherches sur internet. Malheureusement, nous savons tous que l’analyse des informations nécessite certaines connaissances.

Ainsi, je me suis amusé récemment à jouer au « patient-chercheur » d’informations sur la toile. Pour débuter, j’ai choisi un thème pouvant sembler anodin, car purement esthétique, l’éclaircissement. Tout d’abord, en fonction des termes employés (« blanchir ses dents », « éclaircissement ou blanchiment des dents »), les résultats sont différents. Si la recherche fait apparaître certains cabinets dentaires et des informations sérieuses, les résultats fournissent aussi malheureusement un lot considérable de bêtises, par exemple des solutions « de blanchiment » mélangeant jus de citron, charbon, carotte. Le citron est d’ailleurs souvent proposé comme « jus miracle » pour rendre les dents plus blanches. Une catastrophe plutôt lorsqu’il est utilisé comme dentifrice, j’en suis convaincu. Si l’on ne peut que regretter que des sites non spécialisés énoncent des principes farfelus, mon inquiétude grandit lorsque, naviguant sur différents sites professionnels, je constate qu’ils exposent des photos largement truquées pour vanter la qualité de leurs produits d’éclaircissement. L’envie me prend alors d’adresser à leurs responsables un exemplaire de l’excellent article de JP Attal et K Gnanguenon* qui décrit parfaitement la démarche diagnostique et pronostique de ces traitements. Ces photos truquées, si elles sont parfois présentes dans notre milieu professionnel, alimentent les fausses informations des réseaux sociaux. On a récemment parlé d’un « badge » permettant d’authentifier les clichés pour éviter, par exemple, que les images d’une catastrophe survenue en Amérique du Sud ne soient attribuées un peu plus tard à un désastre en Indonésie. On ne peut qu’espérer que ce projet verra le jour, pour sécuriser un peu les informations.

Aussi, face à nos patients motivés, désireux de comprendre leur traitement, soyons leur référence, leur source d’information fiable. Et comme il est difficile d’être au courant de tout, dans toutes les disciplines, sachons parfois dire « je ne sais pas, je vais me renseigner ». Car avouer son ignorance (temporaire) est préférable à une affirmation erronée !

Michel Bartala, Rédacteur en chef