L'Information Dentaire n°11 - 20 mars 2024

Comparer sans opposer

Moment d’émotion lorsque l’impétrant, Sophian, lève sa main droite et commence la lecture du serment d’Hippocrate. Je me sens alors projeté quelques années en arrière, à l’instant particulier où j’embrassais la profession de chirurgien-dentiste. Cet engagement, chacun le vit de façon particulière, personnelle. Depuis ceux qui exercent cette profession de santé comme une passion, quels que soient la voie qu’ils ont choisie, les motifs qui les animent, l’envie qui les pousse, jusqu’à ceux qui l’abandonnent pour un autre métier, une autre direction.

Chacun(e) d’entre nous est un praticien(ne) singulier(e). Cependant, comme nous le rappelle l’article R4127-233 du Code de déontologie, quelle que soit notre pratique, nous devons exercer selon les techniques acquises de la science. Et justement, le sujet abordé lors de cette soutenance avait pour thématique les bridges collés cantilevers mono ailette versus le traitement implantaire. Débat passionnant qui donne parfois lieu à des positions très tranchées et des joutes orales que nous qualifierons de « toniques ». Or, lors de cette soutenance, Yves Lauverjat, membre du jury, a initié les échanges par cette phrase : « On peut comparer sans opposer ! »

Cette réflexion me semble tellement juste rapportée à différentes thérapeutiques qui peuvent être comparées sans créer un champ de bataille argumentaire érigeant une technique en diktat. Très souvent, les « valeureux chevaliers » qui défendent âprement une thérapeutique le font principalement car c’est la seule qu’ils maîtrisent, sans souhaiter à tout prix évoluer, changer. Il est vrai qu’apprendre pour se renouveler signifie souvent, pendant un temps, régresser. Mais cette « régression » technique permet souvent d’acquérir une nouvelle approche thérapeutique, ouvrant un plus large champ d’action face aux situations cliniques. Connaître plusieurs possibilités de traitement permet alors de mieux préciser les indications de chacune, de comparer sans opposer, voire de s’apercevoir que certaines techniques sont complémentaires et non adversaires. Car l’objectif final reste de prodiguer à chaque patient les soins les plus appropriés avec, il me semble, les risques les plus faibles possibles.

Michel Bartala, Rédacteur en chef