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Information dentaire

L'Information Dentaire n°10 - 13 mars 2024

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Edito

Expositions médiatiques En rentrant déjeuner, j’allume la radio. Parmi le flux d’informations, une annonce retient plus particulièrement mon attention : « Des patients ont été obligés de s’arracher des dents eux-mêmes ! » [1]. Une nouvelle également relayée par les médias télévisuels [2]. L’un et l’autre média « creusent » le sujet en proposant les témoignages de patients et de chirurgiens-dentistes soulignant la problématique, malheureusement connue, du manque de praticiens dans des régions de...

Expositions médiatiques

En rentrant déjeuner, j’allume la radio. Parmi le flux d’informations, une annonce retient plus particulièrement mon attention : « Des patients ont été obligés de s’arracher des dents eux-mêmes ! » [1]. Une nouvelle également relayée par les médias télévisuels [2]. L’un et l’autre média « creusent » le sujet en proposant les témoignages de patients et de chirurgiens-dentistes soulignant la problématique, malheureusement connue, du manque de praticiens dans des régions de plus en plus nombreuses. Les fameuses zones sous-dotées !

Notre profession de santé fait partie de l’ensemble d’une pénurie de soignants de façon générale. Si des mesures ont été prises, leur effet ne se fera pas ressentir avant quelques années. Face à la détresse des patients en manque de soins, notamment lors des crises douloureuses, les préoccupations « techniques » comme la couleur de la céramique d’une facette, la qualité du collage, voire le choix de la greffe osseuse autour d’un implant sont bien loin. Il faut soulager, au moins. Souvent en effet, dans les zones où seul(e) un(e) praticien(ne) exerce, la réalisation du plan de traitement se limite à l’essentiel par manque de temps. Alors en attendant que les décisions prises en haut lieu fassent effet sur le terrain, l’une des rares solutions reste la seule bonne volonté des professionnels de santé à travailler plus. En faisant très attention à ce que ce « travailler plus » ne devienne pas « travailler trop ».

En effet, il ne faut pas négliger que derrière le terme « soignants », se trouvent des êtres humains avec leurs limites et leur santé dont l’équilibre, physique comme moral, peut être mis en danger par une surcharge de travail. Le compromis entre rendre service et ne pas se perdre est – parfois pour certains, souvent pour d’autres – difficile à trouver. Certaines personnes ne manquent pas de partager systématiquement leurs conseils pour « se préserver », prêtes à lancer la fameuse phrase : « Je ne suis pas là pour assumer les erreurs de gestion des différents gouvernements qui ont conduit au manque actuel de soignants ». Si je comprends leur position et la mise en place de « boucliers » de protection, ils sont parfois difficiles à conserver face à la douleur ou à la détresse des patients. Nous faisons tous au mieux, j’en suis convaincu, pour assumer notre rôle dans notre société de gestion des urgences.

Face à la pénurie de soignants, je découvre dans la lettre de l’Ordre de ce mois de mars [3] que la profession de « denturiste » souhaiterait faire son apparition dans notre pays (avec d’ailleurs un site internet dédié [4]). L’Ordre national surveille la situation pour ne pas laisser le monde politique saisir l’occasion d’une crise qu’il a lui-même créée, pour proposer une fausse solution, totalement illégale. Une autre actualité tragique, particulièrement relayée dans la presse locale de ma région, a pointé du doigt notre profession, évoquant la possible responsabilité de praticiens [5] dans le décès d’une patiente (l’enquête est en cours et rien n’est aujourd’hui établi).

Dans un éditorial récent [6] et dans une publication du Conseil national de l’Ordre des chirurgiens-dentistes, le terme « médecine bucco-dentaire » est mis en avant et souhaité pour qualifier notre profession. À la lecture de l’article de presse relatant les faits, on comprend que cette approche « médicale » (déjà présente lorsque notre activité se nomme chirurgie dentaire) est mise en exergue dans les situations graves susceptibles d’engager la responsabilité d’un(e) praticien(ne). Malheureusement, cet article poursuit en se focalisant sur un sujet régulièrement lié à notre profession, à savoir le montant des honoraires…

Ces différentes expositions médiatiques, avec leur composante tragique, rappellent que si nous devons prendre en charge la douleur des patients, cette obligation peut parfois être difficile à assurer du fait de la situation actuelle. De plus, la prise en charge de patients doit notamment répondre aux obligations d’informations sur les différents traitements possibles, leurs risques et leurs conséquences. Notre devoir de formation et l’application de compétences mises à jour sont donc inévitablement requis dans la gestion de nos thérapeutiques. Il ne semble pas possible de soigner des patients avec des connaissances du passé. La réflexion thérapeutique pour le bien des patient(e)s doit rester une priorité. De plus, à deux jours (ce texte est écrit le 6 mars) de la journée internationale des droits des femmes qui, je l’espère, donnera lieu à une large exposition médiatique, il est important de participer à la formation (obligatoire) sur les violences faites aux femmes. Car notre profession s’engage pour aider ces femmes, et nous avons un rôle à jouer pour que diminuent fortement (j’aurai aimé pouvoir écrire « disparaissent ») ces actes intolérables. Le dépistage, l’accompagnement, le soutien sont aussi des valeurs de la médecine bucco-dentaire. À travers nos différentes publications et formations, nous continuerons à vous apporter toutes les informations permettant un exercice où la qualité côtoie la sérénité.

Michel Bartala, Rédacteur en chef

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