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À bas les normes ?
Voilà, vous êtes aux normes. » Ce matin, fin de la visite de la personne compétente en radioprotection (PCR) et de la société vérifiant les extincteurs du cabinet. J’avoue que tous ces contrôles sont parfois pesants. Je me rappelle encore de cette après-midi où une « experte » venue contrôler la conformité de l’accès aux personnes handicapées dans notre cabinet m’avait demandé de mettre des bandes « sonores » au sol dans le parking pour les personnes mal voyantes. Ma réponse, certes non réfléchie, avait jailli de ma bouche : « Si ces personnes sont arrivées jusqu’à notre parking, soit elles ne sont pas non voyantes, soit elles sont venues accompagnées, donc je ne vois pas l’utilité de ces bandes sonores. » Sa réponse a fusé : « J’établirai donc le rapport pour expliquer que vous refusez de vous soumettre aux normes. »
Oui, les normes me donnent vraiment parfois la sensation d’une soumission par obligation, une sorte de double peine. Pourtant, quand je monte dans un avion, sur un bateau, je suis rassuré de savoir que tout est bien aux normes. Que les contrôles ont été effectués dans les règles pour assurer le maximum de sécurité aux usagers. Il est vrai que l’application des normes et son contrôle ont souvent des conséquences financières. Le mécontentement des agriculteurs montre bien que des disparités entre les pays dans l’application des normes sanitaires entraînent des différences de coût, de rentabilité. Mais réduire les normes, c’est parfois aussi réduire la sécurité. Vaste débat et terrible dilemme !
Comme souvent dans ces débats, notre avis est dicté par notre positionnement par rapport au sujet. Si je suis la personne soumise aux contrôles, aux normes, je les trouverai souvent trop strictes, insensées. Mais si je suis le consommateur, le client, le patient, j’approuve ces normes car j’attends une sécurité dans ma consommation, pour mes soins. Si les normes, les règles, les recommandations doivent permettre d’évoluer vers des pratiques plus protectrices, même dans un marché concurrentiel, elles doivent être les mêmes partout et s’appliquer à tous. Rêve pieux ! Ainsi, j’ai imaginé que le confinement vécu lors de la crise du Covid-19 permettrait une évolution, une révolution des mentalités. Si la production française de masques a été stimulée durant une période par notre désir d’autonomie de fabrication, qu’en est-il aujourd’hui ? Le coût l’a-t-il emporté sur la sécurité ? Gardons en mémoire que si les normes peuvent être abusives, elles sont souvent protectrices. Même les bandes sonores dans les parkings !
Michel Bartala, Rédacteur en chef