Éditorial
Péri-implantite : l’ennemi sournois I Lire ci-dessus
Philippe Khayat
Avant-Propos
Péri-implantite, qui es-tu ?
Michèle Reners
Actualités
Reconstruction osseuse et péri-implantite
Pascal De March
Presse médicale spécialisée
Philippe Léonard
Actualité hebdo
Nicolas Fontenelle
Formation ADF 3 – Péri-implantite
Coordonné Par Philippe khayat
Le traitement des péri-implantites ou comment s’orienter dans le grand labyrinthe
Matthieu Dalibard
Traitement d’une péri-implantite par chirurgie de régénération osseuse guidée
Philippe Doucet
Une stratégie « zéro péri-implantite » est-elle possible ?
David Nisand, Laurent Detzen, Camille Decroos
Surfaces implantaires et péri-implantite : point et contre-point
Philippe Khayat, Kevimy Agossa
Traitement de la péri-implantite par décontamination électrolytique et régénération osseuse guidée
Bruno De Carvalho
Le point sur l’implantoplastie
Philippe Khayat, David Aidan
Tissue Level contre Bone Level
Philippe Bidault
Traitement d’une péri-implantite : le choix du « tout laser »
Amandine Para
Couple d’insertion élevé et péri-implantite
Jules Reignier
Traitement d’une péri-implantite et son suivi : est-ce réellement aussi simple ?
Brenda Mertens
La réostéointégration de l’implant est-elle possible ?
Arnaud Darré
Os reconstruit et implant : une liaison dangereuse ?
Olivier Samtmann
Évasion
Art
Avancées abstraites et audaces figuratives : la modernité en accéléré
Thierry Leroux
Péri-implantite, qui es-tu ?
Tu es née à la fin du siècle dernier, on a retrouvé des traces de tes premiers pas en 1965. Timide au départ, tu t’es fait connaître et reconnaître, et tu es très vite devenue l’invitée de tous les congrès mondiaux d’implantologie dentaire : une vraie star ! Des centaines de chercheurs, scientifiques et cliniciens te guettent, te traquent, t’analysent et tentent d’élucider ton mécanisme. Certes, tous ne sont pas d’accord sur ta prévalence, tu sèmes le doute et il reste encore beaucoup de travaux de recherche avant qu’on ne te maîtrise.
Alors, que cherches-tu à prouver : nous mettre face à nos échecs, nous provoquer ?
On pourrait te prendre pour la cousine de la parodontite, mais, bien qu’il y ait un air de famille, tu es encore plus sournoise. Comme elle, tu te développes sur des sujets affaiblis par divers facteurs de risque évidents, tels le diabète ou le tabac, qui te facilitent la tâche et t’aident à t’installer et à te répandre. Mais il persiste des situations cliniques où nous pensions tout contrôler qui nous laissent pourtant sans explication claire. Tout nous paraissait parfait et, subitement, tu es là ! Tu enflammes un peu, beaucoup, à la folie ou pas du tout, mais tu détruis toujours. Tes armes sont silencieuses, on ne te voit pas arriver, tu évolues à bas bruit. Tes alliées sont les bactéries, mais aussi les plus petites failles du système immunitaire ou des reconstructions prothétiques.
Tu vas jusqu’au bout, te répandant sur les surfaces rugueuses, tu te régales.
Il y a une part de mystère en toi, péri-implantite. On te décrit comme une plaie chronique non cicatrisante ! On voudrait te classifier, mais tes facteurs de risque sont multiples et se cachent partout : dans les cellules de nos patients, dans leur style de vie, dans les pièces prothétiques, dans le ciment, mais aussi dans tous les autres facteurs iatrogènes. En effet, tu aimes semer la zizanie entre les différents intervenants, chirurgiens, praticiens-prothésistes et techniciens.
Quand te comprendrons-nous complètement ? Peut-être, comme le dit Étienne Klein : « On ne saura jamais tout, mais on apprendra toujours. » Certains se targuent de ne jamais t’avoir rencontrée, mais ne savent-ils pas te reconnaître ou bien se voilent-ils la face ?
Nos actions préventives sont : analyser la situation anatomique, évaluer le profil de risque des patients et planifier la prothèse la plus adaptée. Si malgré tout, tu sévis, notre armée se déploiera alors à coups de bistouri, d’attaques d’antibiotiques ou de technologie avancée.
Comment, à l’avenir, le praticien arrivera-t-il à te vaincre ? Aura-t-il besoin des prouesses de l’IA pour fournir tous les facteurs de risque qui, à l’heure actuelle, ne sont même pas encore connus et ne nous semblent pas majeurs ?
Est-ce que des tests biochimiques, biologiques ou autres seront suffisamment puissants pour nous informer de tes possibilités de développement et alors nous guider vers d’autres solutions prothétiques avant de s’engager dans un traitement implantaire ? Ou bien ceux-ci pourront-ils dépister au plus tôt la plus petite expression de ta présence, de manière à être sur la défensive ?
Qui que tu sois et quoi que tu planifies, nos bataillons de chercheurs arriveront bien un jour à te juguler. En attendant, chaque praticien envisagera l’extraction d’une dent comme la toute dernière option. En effet, les limites de conservation des dents sont repoussées toujours plus loin grâce à des technologies de pointe tant en parodontologie, en endodontie qu’en dentisterie restauratrice et prothétique non mutilante.
En résumé, nous ne te laisserons pas gagner du terrain et nous limiterons le recours aux implants en sauvant les dents !
Michèle Reners
Rédactrice en chef