Édito
En images… I Lire ci-dessus
Michel Bartala
Tribune
La formation du chirurgien-dentiste à un tournant I Lire ci-dessous
Jean Schittly
Actualités
Protections intra-buccales et sports de contact
Pascal De March
Presse médicale spécialisée
Philippe Léonard
Actualité hebdo
Nicolas Fontenelle
Formation
Le bridge collé cantilever postérieur en céramique – Partie 5 – Focus sur la connexion et communication avec le prothésiste
Jean-Pierre Attal, Samuel Morice, Philippe François, Elisa Caussin, Elisabeth Dursun, Aurélie Benoit, Gil Tirlet
En images – Le challenge de l’incisive centrale – NOUVELLE RUBRIQUE –
Marie Clément, Lionel Marslen
IdPlus I Patient en situation de handicap
Prise en charge d’un enfant porteur de troubles du spectre autistique au cabinet dentaire
Audrey Aussel, Ana Ribeiro, Laetitia Lobry, Julia Estivals
Quatre questions pour améliorer la prise en charge des patients en situation de handicap au cabinet dentaire
Julia Estivals, Candice Bitz, Jade Trochut, Audrey Aussel
Évasion
Art
Très intimes convictions
Thierry Leroux
La formation du chirurgien-dentiste à un tournant
Depuis quelques années, une majorité d’enseignants en odontologie s’interrogent sur les raisons qui conduisent les étudiants à déserter leurs cours magistraux au profit du recours individuel au numérique.
Il ne faut pas s’en étonner car ce constat est conforme à l’évolution de notre société qui tend, quel que soit le domaine, vers la notion de facilité et du moindre effort, dans un cadre de non-respect et de refus de toute autorité. La formation en odontologie, qui s’apparente au « compagnonnage », est à l’opposé de ce comportement.
Mon expérience d’enseignant et de praticien libéral acquise durant plus de quatre décennies (j’ai dû voir sortir environ 2 000 diplômés) me conduit à livrer quelques observations : quelles que soient les conditions et les qualités des enseignements, les constats sont toujours les mêmes : 10 % des étudiants, après quelques années de pratique sont d’excellents praticiens, 40 % exercent correctement, avec du potentiel de progression et dans les 50 % restants, beaucoup auraient dû choisir une autre voie…
Ces constatations issues du vécu sur le terrain sont majorées actuellement par une prise en charge des patients qui se détériore avec une tendance pour les nouvelles générations de diplômés à adresser les situations cliniques jugées difficiles à des praticiens « expérimentés »…
Pour pallier cet état de fait, quelles solutions sont envisageables ?
Quel que soit le domaine professionnel, classiquement, l’apprentissage comprend quatre phases : l’incompétence inconsciente, l’incompétence consciente, la compétence consciente et enfin la compétence inconsciente.
Notre objectif de formateurs doit tenter, dans un premier temps, de faire sortir les étudiants du premier stade : celui de l’incompétence inconsciente qui conduit à faire perdurer la médiocrité. Le second stade d’incompétence consciente correspond à l’apparition d’un besoin de progression et donc d’assiduité aux formations pour aboutir à la compétence consciente qui permet d’évaluer ses progrès et de définir les compléments qui se révèlent nécessaires pour aboutir à la compétence inconsciente pour une pratique aboutie débouchant sur la formation continue…
Concrètement, c’est le passage de la première phase à la deuxième qui présente le plus de difficultés car il faut déployer de nombreux moyens pour identifier et faire accepter à l’élève ses erreurs ou insuffisances face aux modèles fournis, pour qu’il comprenne que c’est par l’identification et la gestion de ces erreurs qu’il est possible de progresser.
De nombreuses conditions doivent être réunies pour atteindre ces objectifs :
- restaurer s’il en est besoin ou renforcer l’autorité pour instituer ou faire perdurer une relation maître-élève harmonieuse, fondement de toute transmission des connaissances et du savoir-faire ;
- tenir compte des comportements humains face aux évolutions de la société, en particulier dans un univers numérique car devant son écran, chaque individu réagit différemment, en fonction du mode de fonctionnement de son cerveau ;
- maîtriser et mettre en œuvre les nouveaux moyens pédagogiques mis à disposition des formateurs ;
- exploiter les avantages présentés par les réseaux sociaux, mais surtout se préserver de leurs effets pervers ;
- se donner les moyens de contrôler l’utilité, la qualité et la véracité des informations disponibles sur Internet ;
- se donner la possibilité d’évaluer le niveau des connaissances acquises et leur intégration aux objectifs définis.
Cette énumération, non exhaustive, montre à quel point la tâche est rude pour un enseignant-formateur et met en évidence la nécessité d’organiser au sein des Facultés, des formations aux nouvelles techniques de transmission des messages pédagogiques et à la prise en compte du comportement des étudiants dans l’environnement numérique dans lequel ils baignent désormais.
De plus, le développement à grande vitesse de l’intelligence artificielle représente un nouveau défi qu’il va falloir relever en apprenant à bénéficier de ses bienfaits mais surtout à se prémunir de ses effets nocifs sur les processus de prises de décision et de développement des facultés de réflexion.
Ainsi, ma condition de « retraité » m’a permis de vous livrer ces réflexions issues de mon expérience d’enseignant et de l’observation des évolutions de la société tout en regrettant, parfois, de ne plus participer à cette recherche passionnante d’une évolution de la formation de l’étudiant en odontologie pour lui favoriser l’accès à l’exercice d’une profession gratifiante et appréciable par sa diversité.
Jean Schittly, Ancien professeur à la faculté dentaire de Reims