L'Information Dentaire n°28 - 12 juillet 2023

Recyclage : poussons les limites !

C’est tendance de vouloir donner une nouvelle vie à des objets dont on ne se sert plus. Le recyclage s’est imposé dans notre quotidien, qu’il s’agisse de plastique ou de résidus organiques. Mais il ne se limite pas à cela et se trouve parfois là où on ne l’attend pas.

Comme dans cette industrie qui a pris conscience des possibilités de transformation de ses chutes de production en produits artistiques : le résultat est impressionnant. Vous découvrirez cette métamorphose étonnante dans l’article « Découverte » de Sophie Saunier, qui vous emmène visiter une fabrique portugaise spécialisée dans le domaine métallo-mécanique, produisant moules et matrices pour la fabrication de machines électromécaniques. Jusqu’au jour où les propriétaires ont réalisé la richesse que constituaient les déchets produits et, grâce à l’aide d’architectes et d’artistes, ont créé des objets et du mobilier qui peut être intégré tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Un recyclage inspirant !

Et pourquoi pas en dentisterie ? Bien sûr, nos déchets sont traités du mieux possible, bien que des efforts soient encore nécessaires pour réduire l’utilisation de produits à usage unique et diminuer nos déchets en général. En revanche, lorsque l’on pense à toutes les dents que nous extrayons et qui constituent une vraie mine d’or regorgeant d’hydroxyapatite, de phosphate tricalcique mais aussi d’ostéopontine ou encore d’ostéocalcine, sans doute pourrait-on mieux faire. Je parle de toutes celles qui sont extraites pour raison orthodontique, parodontale ou encore des dents incluses. Ces dents intactes, une fois traitées et broyées, peuvent servir de comblement en induisant des néoformations osseuses et constituer un biomatériau des plus écologique. Cette technique, développée en Corée, où il existe même une banque de ce substitut réalisé à partir de dents extraites, est connue et décrite dans de nombreuses publications depuis quelques années [1, 2], mais n’est pas très répandue : il s’agit de la greffe de dentine autogène. Alors que l’industrie est à la recherche du matériau de régénération osseuse idéal, une dent, constituée à 85 % de dentine, présente de nombreuses similitudes dans sa composition avec l’os alvéolaire.

De plus, n’oublions pas que la pulpe contient des cellules souches et ce domaine, en pleine expansion, n’a pas fini de nous surprendre.

Encourageons les praticiens de l’art dentaire à exploiter cette technique de la greffe de dentine autogène puisqu’elle a fait ses preuves. Et réjouissons-nous de voir nos chercheurs pousser les limites du recyclage dans le domaine de la dentisterie encore plus loin pour qu’il fasse partie de notre quotidien.

Michèle Reners, Rédactrice en chef