Éditorial
Des mots pour apaiser I Lire ci-dessous >
Michel Bartala
Tribune
L’Académie, entre la tradition et le progrès I Lire ci-dessous >
Anne Claisse-Crinquette
Actualités
Revue de presse
Santé gingivale, prévention et femmes enceintes
Pascal De March
Presse médicale spécialisée
Philippe Léonard
Actualité hebdo
Nicolas Fontenelle
Formation
Désinfection à l’acide hypochloreux. Le nouveau gold standard ?
Joël Itic, Jacques Bessade
Maladie de Parkinson et prise en charge bucco-dentaire
Justine Delourmel, Manon Auffret, Emile Boyer, Vincent Meuric, Martine Bonnaure-Mallet, Marc Vérin
Prise en charge des patients sous biothérapie au cabinet dentaire
Vanessa Baaroun
Nouvelle classification et parodontite stade 1 grade C
Camille Sadowski, Romain Ohanessian, Elsa Eskenazi-Solal, Virginie Monnet-Corti
Exercice pro
Écoresponsabilité
Les perturbateurs endocriniens au cabinet dentaire
Alice Baras
Éthique
La prothèse de mon prothésiste ne me convient toujours pas
Philippe Pirnay
Juridique
Communication professionnelle : premiers regards sur la réforme du Code de déontologie
Jean-Paul Vassal
Fiscalité
Obligations sociales et fiscales de mai
Bernard Fabrega
Découverte
Art
Respirer à l’art libre
Thierry Leroux
ÉDITORIAL
Des mots pour apaiser
Les mots les plus colorés et imagés sortent de la bouche de cet automobiliste, tirant plus vers la grossièreté que vers la finesse. Le pare-chocs avant de sa voiture a frôlé un pauvre cycliste qui a eu l’outrecuidance de lever les bras de mécontentement et, surtout, de peur. Le conducteur éructant a semble-t-il oublié la signification du mot – et du panneau – « stop ». Face à cet assaut verbal peu courtois, la personne à vélo, quoiqu’un peu décontenancée, assène une analyse limpide : « Vous criez, car il vous est difficile de reconnaître que vous êtes en faute. »
Cette vérité est malheureusement à l’origine de bien des conflits. Il serait tellement plus simple, quand on s’est trompé, que notre esprit s’est momentanément égaré, de savoir prononcer ces simples mots apaisants : « Excusez-moi ». Ils ne sont pas un aveu de faiblesse comme pourraient le penser certains, mais une preuve d’intelligence, d’une capacité à s’auto-évaluer de façon honnête. Ils permettent une compréhension, une réparation, une amélioration.
Les chirurgiens-dentistes travaillent en étroite collaboration avec deux professions : les assistant(e)s et les prothésistes dentaires. Leurs compétences sont une plus-value réelle dans notre activité et une source de qualité et de sérénité. Cette notion d’équipe est primordiale. Chacun, par son activité, permet au groupe d’avancer dans un même objectif : une thérapeutique de qualité adaptée au patient. Quand tout fonctionne, il est aisé de garder une relation agréable. Mais la réelle qualité de cette coopération s’évalue justement quand les soucis apparaissent, que les responsabilités sont « recherchées ». Dans ces moments de doute, d’échec, il est important de trouver l’origine du blocage pour modifier une procédure, une technique, un mode de communication, et éviter de reproduire un incident. Si chacun est alors en mesure de s’auto-évaluer, de dialoguer, le blocage est levé et la solution vite trouvée ensemble. Dans le cas contraire, le conflit s’installe et aucune résolution n’apparaît. La colère ne gomme pas les problèmes, elle les accentue.
Ne pensez pas que cela soit une utopie, c’est « juste » une volonté d’accepter ses propres égarements et paradoxes pour mieux comprendre ceux des autres. Alors pour cette empreinte imprécise, pour ce moment de stress durant la chirurgie où l’assistant(e) se voit rabroué(e), pour cet implant à l’angulation douteuse qui nécessite une solution prothétique, et pour tout le reste, sachons dire : « Excusez-moi » !
Michel Bartala, Rédacteur en chef
TRIBUNE
L’Académie, entre la tradition et le progrès
La morosité, le mal-être, la lassitude se sont installés. Notre monde est devenu étrange, incompréhensible, le SARS-CoV2 a tracé son chemin, il nous contraint à changer, à nous remettre en cause, à nous accommoder, à nous réinventer. Rien ni personne n’y échappe.
À l’instar de tous, l’Académie nationale de chirurgie dentaire ne peut se soustraire à ce courant. Plus que jamais, nos habitudes sont mises à mal, le doute s’installe, les interrogations affluent. Dans ce contexte, certains peuvent s’interroger sur notre institution quand elle ne fait probablement pas partie de leur priorité.
Qu’est-ce donc que l’Académie ? À quoi sert-elle ?
Mais n’est-ce pas justement dans ces périodes troublées si particulières qu’il faut se recentrer sur nos valeurs, tirer les leçons des difficultés rencontrées, se réinventer et innover ?
L’Académie nationale de chirurgie dentaire est née en 1956, c’est une institution encore très jeune. Au fil du temps, elle s’est développée, s’est imposée et a vécu sur sa belle lancée. Cependant, notre Académie reste trop discrète, pas encore assez connue, ne reflète pas vraiment la modernité et manque de reconnaissance. Comme l’a dit Jean Meyer (Id n° 6/7 du 11/2/2015), elle semble le vestige d’une époque révolue alors qu’elle est destinée à maintenir et poursuivre une tradition dans un devoir de mémoire. Elle a un « savoir-faire » certain mais il lui manque de « faire savoir ».
Nous sommes actuellement à un tournant. Dans cette époque perturbée et en pleine mutation, la compétitivité et la modernisation sont indispensables. La situation sanitaire actuelle ainsi que la mondialisation ébranlent le socle de nos certitudes et nos habitudes. Le domaine de la santé n’y échappe pas. Nous assistons à des avancées biologiques spectaculaires et à des bouleversements technologiques qui modifient déjà et transformeront demain, encore davantage, la prise en charge des patients et les approches thérapeutiques.
Bien évidemment, il ne s’agit pas de tout révolutionner. Il faut seulement nous adapter en fonction de l’époque et des contingences actuelles. Nous devons travailler, de quelque manière qui soit, sur des sujets spécifiques et d’actualité, émettre et publier régulièrement des avis sur tous les supports possibles mais aussi informer dans ces domaines, les organes de l’état, les offices en charge de la santé ainsi que nos confrères et l’opinion publique.
Notre institution doit cautionner ou pas les avancées scientifiques actuelles mais aussi se positionner sur les orientations thérapeutiques et cliniques futures. À l’ère de la communication, du numérique et des réseaux sociaux et face à cette pandémie, il est indispensable que l’Académie nationale de chirurgie dentaire se rendre attractive, s’exprime, s’affirme. Il lui faut non seulement défendre l’éthique, mais encore être la vitrine intellectuelle et la référence scientifique majeure de notre profession.
Nous devons étoffer nos rangs et nous entourer de nouveaux talents. Qu’ils soient cliniciens, chercheurs, universitaires ou hospitaliers, par leurs connaissances actuelles, leur dynamisme, leur aisance avec les nouvelles technologies et les moyens de communication diversifiés, ils nous permettront de mieux atteindre encore les buts que nous nous sommes fixés, de nous ouvrir davantage sur le monde extérieur, d’être plus efficace, réactif et participatif afin de faire rayonner notre Académie.
Dans cette période où trop souvent les sentiments de révolte et de frustration se partagent avec la résignation, nous devons être fiers de notre Institution et lui donner le sens et le renom qu’elle mérite.
Anne Claisse-Crinquette, Présidente de l’Académie Nationale de Chirurgie Dentaire