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Information dentaire

L'Information Dentaire n°3 - 22 janvier 2020

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Éditorial
To speak or not to speak ? – Lire ci-dessous
Michel Bartala
Tribune
Vers la retraite de la carie de la petite enfance ? – Lire ci-dessous
Michèle Muller-Bolla

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Société Française de Chirurgie Orale, Philippe Léonard

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Syndrome d’apnées obstructives du sommeil et chirurgie I Lire >>
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Dentisterie adhésive : utilisation des matériaux composites en chirurgie dentaire, de la reconstruction au collage
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Éthique

Peut-on demander à son patient de se déshabiller ?
Philippe Pirnay

Arts

Hartung, Soulages : 100 ans d’art abstrait
Thierry Leroux


ÉDITORIAL

To speak or not to speak ?

Nos merveilleux cousins Québécois sont connus pour leur hospitalité, leur si bel accent et leur détermination à défendre la langue française. Un ami dentiste venu de cette belle région canadienne pour assister au congrès de l’ADF en novembre me fit part, un peu perturbé, de sa surprise d’entendre dans nos conversations, de lire dans des articles et de voir sur des publicités autant de termes anglo-saxons. Je lui dis que sa réaction me semblait un peu exagérée et que son impression avait dû se construire sur des fake news. Je lui proposai de rencontrer différentes personnes de ma team, lors d’un meeting ou d’une conf call, pour mieux se rendre compte de l’importance que nous portions à préserver la langue de Molière. Il insista, me trouvant quelque peu de mauvaise foi. Je lui proposai alors que nous en reparlions ASAP, car je devais partir retrouver mon épouse qui avait un job dating. Après un échange de mails, nous nous sommes donc retrouvés un peu plus tard pour assister à une conférence. L’intervenant, Français de France, nous expliqua, en s’appuyant sur un live de façon vraiment très claire, l’intérêt des wax ups dans le smile design. Cette étape étant toujours suivie par la mise en situation du projet prothétique par l’utilisation d’un mock up. Il nous rassura en précisant que quelques slides plus tard, le procédé d’immediat dentin sealing serait détaillé.

Je fis remarquer à mon ami québécois que ce conférencier avait l’art de stimuler notre attention en faisant le pitch. Sa conférence se terminait sur une belle présentation du digital workflow. Mon compère, impressionné par le niveau de cette intervention, souligna, avec son esprit taquin, que le conférencier l’avait certainement présentée à l’international, car il avait aussi manié l’anglais avec brio pour le texte de ses diapositives. était-ce une joke, car je n’avais rien remarqué.

Après cette journée ensemble, il dut repartir dans sa région francophone et nous nous séparâmes sur un big hug. Vraiment, ce moment avait été top, et m’avait permis de souffler dans un emploi du temps toujours overbooké. Je réfléchis à sa réflexion sur notre langue. Peut-être avait-il raison, mais le business nous oblige à nous booster pour rester up to date. Afin d’éviter un burn out, je regardai mon listing d’activités de la journée. Je décidai pour rester cool d’aller faire une petite sieste avant la soirée d’un sponsor qui avait imposé un dress code amusant : tenue régionale. Je trouvai cette idée vraiment borderline.

La langue de Shakespeare semble vraiment nous envahir. Est-ce une évolution normale, souhaitable, facilitant l’apprentissage et les échanges entre les peuples ? Peut-être peut-on trouver un juste milieu et découvrir l’english language sans en perdre son latin… pardon, son français.

Bon week-end !

Michel Bartala
Rédacteur en chef


TRIBUNE

Vers la retraite de la carie de la petite enfance ?

Introduit par la réforme de 1994, l’internat en odontologie offrait à ses débuts une formation hospitalo-universitaire non qualifiante unique de 3 ans. En 2012, l’internat devient qualifiant avec la mise en place de trois spécialités, le diplôme d’études spécialisées (DES) d’orthopédie dento-faciale, le DES de chirurgie orale (commun avec la médecine) et le DES de médecine bucco-dentaire (MBD). Ce dernier a pour objectif premier la prise en charge des patients à besoins spécifiques, mais, en pratique, les compétences acquises pendant le DES n’étant pas clairement définies, les internes s’orientent souvent vers un apprentissage ciblé, correspondant à des spécialités reconnues dans d’autres pays européens – parodontologie, endodontie, odontologie pédiatrique –, ou vers la pratique de l’implantologie.

S’inscrivant dans le sillon de la réforme de l’internat en médecine (réforme du 3e cycle R3C) depuis longtemps entérinée et effective, une réflexion sur l’internat d’odontologie a été engagée en 2016, notamment pour une refonte du DES MBD.

Le collège des enseignants d’odontologie pédiatrique a porté un projet de spécialité en odontologie pédiatrique. Démontré par d’irréfutables études nationales et internationales, le besoin de prise en charge chez les enfants est criant. Les parents sont démunis devant les difficultés d’accès aux soins. Pour les situations complexes relevant d’une sédation consciente, voire sous anesthésie générale, les délais sont extrêmement longs… interrogeant sur la perte de chance de ces enfants.

L’odontologie pédiatrique concerne des millions de personnes, c’est une discipline odontologique qui ne se définit pas par un domaine de compétences techniques spécifiques mais par un type de patient (nouveau-né, enfant, adolescent). Elle a pour particularité d’appliquer toutes les compétences à un sujet en cours de croissance, nécessitant une approche cognitivo-comportementale adaptée. La création de la spécialité d’odontologie pédiatrique en complément de la formation initiale des futurs omnipraticiens dans ce domaine constitue un enjeu majeur de santé publique, reconnu par tous, pour améliorer le parcours de soins de ces jeunes patients et l’avenir bucco-dentaire de l’ensemble de la population française.

Tous les enfants l’avaient réclamée dans leur lettre au père Noël, souhaitons qu’il nous offre une spécialité d’odontologie pédiatrique pour 2020.

Michèle Muller Bolla
Professeur des Universités
Présidente du Collège des enseignants en odontologie pédiatrique