Éditorial
Un souffle, une bise Lire ci-dessous
Michel Bartala
Revue de presse – Risque d’endocardite infectieuse : anaphylaxie contre antibioprophylaxie – Lire >>
Actualité hebdo – Nicolas Fontenelle
Formation
Implantologie – Bioconscience. Bridge « direct-implant » et étanchéité de la connectique – Lire >>
Miguel Asin
Urgence – Un patient perd connaissance au fauteuil… – Lire >>
Aymeric Lapp
Hygiène et asepsie – La pré-désinfection : devrions-nous lui accorder plus d’importance ?
Aurélie Wurtz – Lire >>
Une vie, une carrière
À la découverte du parcours de vie de Jean-Paul Louis – Lire >>
Pratiquer
Obligations sociales et fiscales de juin – Lire >>
Bernard Fabrega
ÉDITO
Un souffle, une bise
La salle d’attente de cet ophtalmologiste est bondée. Il a une heure de retard. Certaines personnes s’impatientent et laissent s’échapper de leur bouche cet immense soupir caractéristique de l’humain qui sature, qui ne supporte plus. Je le reconnais d’autant plus facilement que j’en suis parfois la cause. Ces longs souffles sur le fauteuil d’un dentiste rythment, pour certains patients, la séance. Ils transfèrent à un temps de soin censé être un moment de sérénité pour le patient et le praticien, une notion de culpabilité. Comme si ce long souffle portait des paroles nous disant « dépêchez-vous ». Selon nos capacités du moment, nous, praticiens réagissons ou pas à ce signal, cette interpellation.
Quelle que soit notre réaction, active ou passive, cette manifestation de nos patients nous touche car, même injustifiée, elle met en exergue notre « efficacité » perçue par le patient. La réaction la plus adaptée du praticien est, je pense, d’expliquer, de rassurer, de comprendre, bref d’encaisser. Mais qui n’a pas rêvé, parfois, de pouvoir dire sincèrement le fond de sa pensée ? De pouvoir lâcher toute la pression générée par cette incompréhension de notre acte de soin. Comme le petit bouchon noir de la cocotte-minute que l’on soulève et qui laisse, lui aussi, s’échapper un souffle chaud de pression. Les années nous apprennent que ce souffle de pression doit être transformé en souffle de relaxation.
En effet, ne pas donner de l’importance aux générateurs de stress. Prendre de la distance avec ce moment et, dans ces situations, quand on a la chance d’être dans un acte ayant nécessité la mise en place de la digue, on s’aperçoit que sa capacité d’isolation dépasse largement le périmètre du champ buccal, un bonheur. Si ce vent de pression est heureusement peu fréquent, il est d’autres moments que l’on aime vivre et qui font la richesse humaine de notre métier. Comme cette petite dame âgée tellement heureuse que vous l’ayez accueillie en urgence pour sa prothèse qui la blessait, et qui, en sortant, veut vous « faire la bise » pour vous remercier. Ce mot qui peut désigner aussi un petit vent frais prend un coup de sirocco, le souffle de pression est balayé par ces moments privilégiés.
Le vent, comme le temps, éloigne les intempéries pour laisser place aux éclaircies.
Michel Bartala, Rédacteur en chef