Expérience à l’hôpital Bretonneau
La glossodynie, du grec ancien « glôssa », la langue, et « odúnê » la douleur, peut revêtir deux sens :
– l’un, très général, où elle désigne l’ensemble des douleurs de la langue, quelle qu’en soit l’origine. Elle devient alors synonyme de glossalgies. Celles-ci s’expliquent par une cause loco-régionale ou générale (glossodynie secondaire) ;
– mais elle peut aussi désigner le Burning Mouth Syndrome (BMS) (ou syndrome de la langue brûlante ou paresthésie buccale psychogène) corrélable au terme de stomatodynie. Cette glossodynie est dite essentielle, c’est-à-dire sans cause décelable (organique locale ou systémique) ; l’ensemble des muqueuses est sain (Merskey and Bugduk, 1994). On lui associe une origine multifactorielle et le plus souvent idiopathique. Pour beaucoup, un caractère psychogène serait à l’origine de la chronicité de l’algie engendrée.
Populations cibles
Les glossodynies primaires touchent majoritairement les femmes avec un sexe ratio de 7 /1 [2, 14, 4].
L’âge moyen de survenue est compris entre 40 et 60 ans, très souvent associé à la ménopause (période de modifications hormonales), ou encore à des troubles psychologiques [5].
La prévalence variable (0,7 à 4,6 %) s’élèverait jusqu’à 10 à 40 % chez les femmes consultant pour les troubles de la ménopause [2].
Physiopathologie
La particularité de cette pathologie repose sur une étiologie plutôt controversée à ce jour, en corrélation directe avec la multitude de noms la décrivant.
Une origine neuropathique aurait été avancée en relation avec une altération de fibres nerveuses sensorielles périphériques et/ou centrales. Une étude scientifique réalisée par l’équipe du Dr Lauria [18] compare l’état des fibres nerveuses de l’épithélium lingual chez des sujets atteints de stomatodynie et chez des volontaires sains. En effet, des altérations marquées des fibres fines ont été observées après biopsie et marquage…