Profession Assistant(e) Dentaire n°2 - 15 mars 2024

Sine qua non

L’implantologie, qu’elle soit chirurgicale ou prothétique, est vraiment une discipline à part.

Il y a les dentistes qui pratiquent toute sorte de chirurgies, ceux qui se limitent à la pose d’implants hors greffe osseuse, ceux qui ne font que la prothèse, et ceux qui préfèrent déléguer la chirurgie et la prothèse. Et il faut avouer que nos patients se sentent souvent un peu perdus, et les praticiens à court d’arguments, pour expliquer les raisons exactes de ce constat.

Lors d’une discussion avec un confrère sur son choix d’adresser ses patients, je lui demandais pourquoi il ne franchirait pas le pas de poser lui-même ses implants : il a d’abord invoqué la peur de l’échec et de l’investissement, suivie du manque de temps pour se former ou du manque de place dans un agenda surchargé. Mais, au bout de quelques minutes, le verdict est enfin tombé :

« Et puis, de toute façon, je n’ai pas d’assistante... »

Ah, nous y voilà ! S’il y a une discipline en dentisterie où le travail à quatre mains est impératif, c’est bien l’implantologie. Au premier abord, on pense à l’acte en lui-même : impossible d’écarter la joue et la langue, de tenir un lambeau, d’aspirer l’irrigation et de visser un implant avec seulement deux mains. Mais si on pousse la réflexion un peu plus loin, comment installer seul l’intégralité du plateau chirurgical de façon stérile ? Comment enfiler une surblouse sans faute d’asepsie ? Comment rassurer notre patient alors qu’on est soi‑même concentré (voire stressé) par un acte délicat ? Et comment intégrer cette pratique dans une activité d’omnipratique quand on sait tout le temps nécessaire à la constitution du dossier implantaire, à la stérilisation ou aux conseils pré ou postopératoires ?

La présence d’un(e) assistant(e) dentaire est donc une condition sine qua non pour tout praticien qui souhaite se mettre à l’implantologie. Dans un article complet sur le rôle de l’assistant(e) dentaire en implantologie, Jennifer Galoup, elle-même assistante dentaire qualifiée, nous démontrera qu’elle est bien plus qu’une simple aide, et qu’il est nécessaire de se former pour être performant(e) et efficace. Derrière chaque chirurgien(ne) se cache un(e) assistant(e) dentaire, pour reformuler le proverbe.

Ce numéro de votre Profession Assistant(e) Dentaire, résolument plus chirurgical qu’à l’accoutumée, aborde également le thème de l’anesthésie dentaire, afin de vous permettre, je l’espère, de concevoir un peu mieux ce geste quotidien, qui nous donne souvent beaucoup de satisfaction mais nous interroge aussi en cas d’échec ou de complications. Comprendre l’anatomie, la physiologie ou la pharmacologie vous aidera à relativiser, et à rassurer (encore et toujours) vos patients, et parfois... votre praticien(ne). Une autre condition sine qua non.

Très bonne lecture !

Julien Brousseaud